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Zulu de Caryl Férey

Par Sylvie

ROMAN POLICIER
Zulu
Edition Gallimard "Série Noire", 2008
Caryl Ferey a raflé tous les prix avec ce roman : Grand Prix de Littérature policière, Prix du Roman noir français, Grand Prix des lectrices Elle...Après nous avoir fait découvrir le peuple maori de Nouvelle-Zélande  dans Utu , l'auteur nous mène en Afrique du Sud post-apartheid où les politiques, la nouvelle élite" (les nouveaux riches de la société du spectacle), l'armée, la société zoulou traditionnelle, les gamins orphelins de townships et les policiers s'affrontent dans le sang.
Une intrigue très complexe, menée tambours battants, qui nous apprend plein de choses sur les conflits blancs/noirs pendant l'apartheid mais aussi sur les rivalités au sein de la communauté noire, comme par exemple entre les militants clandestins de l'ANC de Nelson Mandela et ceux de l'Inkatha, parti conservateur à dominante zoulou, dont le chef a administré le territoire autonome du Kwazulu, réputé comme étant collaborateur du régime de l'apartheid, dont les milices mataient les révoltes dans les ghettos.
Des années plus tard, les membres de l'armée, de l'Inkhata se sont réfugiés dans d'autres activités...
Caryl Ferey nous plonge comme à son habitude dans une enquête sordide qui ne ménage pas l'hémoglobine ; la fille de l'ancien champion du monde des Springbok est retrouvée sauvagement assassinée. Dans son sang, on trouve des traces d'une drogue inconnue...
Tout semble accuser les bandes et les mafias des townships...jusqu'au jour où Ali, d'origine zoulou, chef de la police criminelle de Cap Town, et ses acolytes découvrent ce qui se cache derrière un banal trafic de drogue...
Férey nous promène dans la "faune" diversifiée de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui : préparant la Coupe du Monde de football 2010, les autorités cherchent à enrayer les multiples vagues de violence, la drogue et  le virus du sida. C'est sans compter la mafia locale et toute une bande de nouveaux riches, qui, sur la vague de la mondialisation, deviennent incontrôlables.
Résurgence des traditions zouloues, racisme des autorités, dépression et drogues chez les nouveaux riches...Férey n'épargne personne.
Comme dans Utu, Ali, l'enquêteur, et ses acolytes, sont plus des hors-la-loi que des policiers qui n'hésitent pas à régler leur compte eux-mêmes. Pour ces personnages brisés, qui luttent contre leurs démons intérieurs, la violence n'a pas de limites.
Il s'agit bien d'un roman très noir, où toute trace d'espoir a disparu. La scène finale est un morceau d'anthologie.
On est à mi-chemin entre les grandes enquêtes socio politiques de Didier Daeninckx (mais avec davantage de violence) et celles de John Le Carré qui examinent les rapports nord-sud comme dans La complainte du jardinier.
Du grand polar. Entre Caryl Ferey et DOA (Le serpent aux mille coupures), le renouveau du polar français est assuré...


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