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La critique critique la critique

Publié le 02 décembre 2008 par Maglesauvage

En complément de l'article " La critique d'art a mauvaise presse " publié il y a quelques semaines, voici quelques pistes de réflexion lancées lors d'un débat sur le thème, assez vague, de " La critique d'art en Europe ", qui s'est tenu le 20 novembre dernier à l'Inha, dans le cadre du " Forum européen de l'essai sur l'art ". Y étaient présents Paul Ardenne, Vivian Rehberg, Vincent Pécoil, Stephen Wright et Valérie Da Costa, tous critiques d'art plutôt " installés ", et publiant dans des revues spécialisées ( Artpress, Mouvement, Frieze Magazine, Flash Art ...). Ce compte-rendu est bien entendu parcellaire et subjectif.

Paul Ardenne : " Autrefois les créateurs se reposaient sur les critiques, qui participaient ainsi à la création. C'était le temps de la critique triomphante, légitime. Avec le post-modernisme advient la relativité des opinions, d'où une crise, de par la multiplicité des supports et des points de vue. La critique manque de crédibilité car elle n'est pas médiatisée, elle devient un bruit de fond en regard de la focalisation sur des événements spectaculaires ".

Vincent Pécoil : " L'idée de crise n'est pas inquiétante, car elle fonde la critique. La critique n'est pas un jugement - terme qui relève du judiciaire - plutôt une jurisprudence. Elle n'est pas le journalisme, qui donne au lecteur ce qu'il attend de l'art ".

Vivian Rehberg
: " Aux Etats-Unis, la critique est liée à l'histoire de l'art : c'est le développement d'un langage ".

Stephen Wright : " La critique est-elle une discipline ? Ce serait plutôt une sous-discipline de l'histoire de l'art et de la philosophie de l'art. Il y a une crise de la critique car son vocabulaire est inadapté aux formes irruptives de l'art d'aujourd'hui. Des conventions se perpétuent telles que les notions d'œuvre, d'auteur ou de spectateur. Il y a une spectacularisation, telle que décrite par Marie-José Mondzain ou Jacques Rancière [voir, de ce dernier, Le Spectateur émancipé, qui vient de paraître aux éditions La Fabrique] : le positionnement du spectateur émancipé aveugle le critique.
[...] Les expositions aujourd'hui sont des documents, des produits dérivés, sont considérées comme des œuvres ".

Paul Ardenne
: " Il y a une réduction, une haine du texte au profit de l'image dans les revues papier, contrairement aux blogs, ce qui constitue un paradoxe.
[...] On observe un glissement du critique vers le curateur : la production de sens est plus impactante, mais on tourne ainsi le dos au texte, au profit de la spectacularisation du propos. Ça rejoint la misère matérielle du travailleur intellectuel aujourd'hui ".

Stephen Wright : " Je m'oppose à la professionnalisation de la critique, car c'est contradictoire par rapport à sa normalisation.
[...] Faire de la critique nécessite une empathie : l'œuvre est activée par la parole. La critique bête et méchante consiste à déclarer : "Ce n'est pas de l'art" ".

Intervention dans le public
: " La critique n'est pas décrire ou juger, mais exprimer les conséquences d'une œuvre, notamment comme vision du monde ".

Le débat reste ouvert...


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