Magazine Asie

Anecdotes coquines

Par Wilverge

Anecdotes coquines.
Pwin U Lwin et Mandalay, Myanmar (Birmanie)
Sur l'étroite route qui nous sépare de la chute - l'objectif de la journée - la circulation est relativement dense. Outre les diligences, les vélos surchargés, les bus cinglés et les camions complètement décrisses, il y a nous, les trois touristes à deux roues.
Les Birmans ont la mauvaise birmanie d'utiliser le criard sans modération. Il y a le klaxon « d'avertissement », le klaxon de « je suis là derrière », celui de « je suis rendu en avant », le « j'avais envie de faire du bruit », le « salut mon homme! », le « je n'ai plus de frein, mon poulet est tombé, la strap a lâché, tasse-toi sinon je ne montrai pas la côte » et surtout, le populaire « tout est normal, alors je klaxonne ». Lui, c'est le pire.
Parlez-en à Mélodie, qui dans un moment de stress en descente a entendu un « klaxon tout est cool » et qui a paniqué, voulant m'éviter d'une part et ne pas se faire percuter de l'autre. Elle a fait un vol plané et s'est éclatée la tronche sur le bitume birman.
Le frein avant n'est jamais le bon choix à haute vitesse. Sauf qu'ici, ils sont inversés, donc à droite, histoire d'enlever toute efficacité aux réflexes de jeunesse. Le vélo, ça ne se perd pas? Si, au Myanmar, là où on conduit à droite le volant à droite, ça se perd.
À l'aéroport de Yangon, Mélodie avait repéré notre air sympathique (!) et s'est tout de suite jointe à nous. Depuis, nous voyageons à trois.
Notre amie parisienne est du genre divertissant. Quand elle ne se blesse pas dans un trek, n'échappe pas par mégarde son guide de voyage dans l'océan, ne se fait pas voler sa carte de crédit en Thaïlande, ne mord pas dans la poche d'acide d'un fruit Brésilien ou ne se pète pas la gueule à vélo, Mélodie la gaffe, est une fille assez normale.
Bref, après la chute, la chute d'eau n'était plus dans le programme pour elle. Ébranlée, blessée au coude et à l'épaule, elle retourne en ville en autostop, sans difficulté. Le véhicule la dépose gentiment en face de la boutique de vélo. La scintillante bicyclette de ce matin avait pris de l'âge, dont de nouvelles égratignures et une roue un peu moins déformée que le panier qui ne peut maintenant contenir qu'une banane.
Anecdotes coquines.
À ce moment, être à sa place, j'aurais été stressé. Dans bien des pays, le locateur sauterait sur l'occasion pour soutirer une bonne somme à notre amie. Mais, ici, au Myanmar, les gens ont insisté pour que Mélodie parte se reposer avant de revenir plus tard payer les réparations.
Le mélodrame termine bien, sans gravité et seulement 3 dollars en moins.
***
Pour moins de 3 dollars, on a tout un festin. À Mandalay, le soir, c'est au « chapatis corner » que ça se passe. Le curry de mouton est savoureux, le pain indien fluffy à souhait, et soleil couché, la chaleur est nettement plus tolérable. Assis littéralement dans la rue, on déguste avec les doigts se rappelant la journée d'aujourd'hui, qui est déjà gravée dans la section crif de bons souvenirs de nos cerveaux.
Rewind
Ce matin, ayant déjà visité la plupart des pagodes avec notre guide à l'odeur de « swing » maintenant surnommé « crapet », nous décidons qu'aujourd'hui nous découvrirons la ville seuls, à pied, en se dirigeant vers le marché de jade (je voyage avec deux filles, n'est-ce pas).
Nad est trop contemplative pour s'orienter (ça c'est bien dit mon Will). Mélodie s'est déjà perdue en allant aux toilettes à l'école et n'a jamais retrouvé sa salle de classe. Alors, moi, troisième membre sous la pression, dois trouver le marché dans ces rues sans numéro.
Après avoir traversé un marché assez joli, vu quelques pagodes et plusieurs moines, on se retrouve dans un coin où les rues ne sont ni parallèles, ni perpendicales, comme dirait un certain québécois culturé. Nous sommes perdus, personne n'est parfait. On demande à une dame de nous aider, mais elle ne parle pas anglais, ni français. Elle nous fait cependant signe d'entrer chez elle, elle doit connaître quelqu'un qui peut nous aider.
Sûrement après avoir fait quelques signaux de fumée, tout le quartier se retrouve à la maison de notre nouvel hôte. Après nous avoir présenté grand-papa, 93 ans, couché sur un lit de bambou des plus ergonomiques, l'homme de la maison nous offre une grande tasse pleine d'eau, peut-être, peut-être pas en bouteille. Je me sacrifie pour la déglutir afin de sauver Nad d'une éventuelle flustration et ne pas les insulter.
Anecdotes coquines.
Ils insistent par leurs sourires pour qu'on prenne siège et nous ventilent avec des éventails faits en vieilles pancartes de shampoing. Une jeune fille arrive. C'est elle, l'élue, celle qui parle un brin anglais, mais, qui ne sait pas lire une carte.
On les remercie du mieux qu'on peut.
« Cè-zu-bé, cè-zu-temba-té! », ou quelque chose comme ça.
Deux heures plus tard, après qu'un étudiant en mathématique nous ait accompagnés sur quelques rues, on arrive au marché de Jade.
C'est fermé. Aujourd'hui, c'est férié!
Et ce fut une magnifique journée.
-Will


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