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Primaires : «dangereux et inefficace»

Publié le 27 août 2009 par Marx

Ancien ministre de François Mitterrand, Paul Quilès est opposé à des primaires ouvertes et populaires pour la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle.

Pourquoi ne signez-vous pas la pétition de Terra Nova ?

Je viens de me connecter sur le site Primaire2012.fr de l’appel. On vous demande d’abord si vous êtes militant ou sympathisant et, ensuite, de quel parti. Et le premier de la liste proposée, c’est le Modem ! Dans la liste des premiers signataires, il y a plus qu’une ambiguïté puisque je note la présence de Jean Peyrelevade, le vice-président du Modem. A travers cette opération, il y a une volonté d’officialiser une alliance avec le Modem, pourtant refusée par les deux tiers des militants socialistes au congrès de Reims. Or, faire passer en douce cette alliance est, à mon avis, dangereux parce que cela limite les convergences à quelques «valeurs communes» non identifiées et dont on ne sait pas où elles ont été discutées. On est très loin de l’adhésion à un projet. De son côté, François Bayrou n’a évidemment pas la moindre l’intention de participer à ces primaires. Il attend juste que ce processus crée de la confusion et fasse éclater le PS. Bref, Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon se frottent déjà les mains.

Les primaires ne sont-elles pas un bon moyen de régler la question du leadership ?

Il y a une confusion totale sur ce qu’on propose de désigner : le candidat du PS, du centre gauche, ou de la gauche et des écologistes ? Seule cette dernière hypothèse permettrait de bâtir une majorité alternative susceptible de gagner en 2012. Ce qui est proposé avec cette mécanique des primaires, c’est un ralliement automatique à la position du PS et du Modem. C’est méprisant pour nos partenaires de gauche et inefficace car cela conduit à leur refus et donc à l’échec au second tour.

Ne défendez-vous pas une vision datée d’un parti réservé à ses militants ?

Dans cette mécanique, les partis politiques sont réduits à l’état de machines électorales au service d’un candidat défini par l’opinion publique. Il y a une volonté de faire disparaître le rôle d’organisations militantes, comme les partis, les associations ou les ONG. Avec ce système, il y aura des sondages, des débats télévisés et on vous dira :«C’est X ou Y qui est en tête.» Et pour qui croyez-vous que les électeurs à un euro voteront ? Avant, c’était le comité directeur du PS qui désignait le candidat. En 1995, ce furent les militants ; en 2006, les sympathisants à 20 euros ; en 2009, les sympathisants à un euro. Bientôt on va les payer ! La force de la gauche, c’est la fibre militante et le débat d’idées.

N’est-ce pas un outil de rénovation et de démocratisation du PS ?

Terra Nova propose une désignation participative du candidat mais pas l’élaboration participative du programme. C’est une acceptation de la logique présidentielle dévastatrice de la Ve République. Que Montebourg, longtemps promoteur d’une VIe République parlementaire, considère que la désignation du candidat est le cœur de la rénovation de la gauche, quel zigzag !

Pourtant, n’est-ce pas cette guéguerre de prétendants à la candidature qui stérilise le Parti socialiste ?

Je ne suis pas contre les primaires mais ce doit être un aboutissement. L’appel pour un Nouveau Front populaire, que j’ai initié avec Marie-Noëlle Lienemann, signé par 950 personnes, dont Jean-Pierre Chevènement, propose une démarche en trois phases. Un comité de rassemblement immédiat, des états généraux de la gauche, juste après les régionales, qui devront préparer une charte, base d’un accord pour les législatives et du programme du futur président et, enfin, des primaires début 2011, où les militants des organisations signataires de la charte désigneront


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