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L’avenir des Wallabies

Publié le 28 août 2009 par Sudrugby

Au premier coup d’œil, on se dit que l’avenir rugbystique de l’Australie est plutôt grisâtre. Les résultats ne viennent pas, les cadres vieillissant font des heures sup et ne sont toujours pas remplacés efficacement. Ce constat est un désaveu pour la politique engagée par John O’Neill au début de la décennie consistant à acheter à prix d’or des « stars » treizistes débauchées en National Rugby League. Alors que l’expérience Jason Robinson a été un succès en Angleterre, les recrutements successifs de Andrew Walker, Matt Rogers, Lote Tuqiri, Wendell Sailor, et plus récemment de Ryan Cross et Timana Tahu, se sont transformés en désillusions. Joueurs très puissants physiquement, ils se sont surtout fait remarquer pour leurs problèmes extra-sportifs dus en particulier à l’alcool, la prise de drogues ou le dopage. Le cas Lote Tuqiri est d’autant plus symbolique du malaise, le joueur ayant été fortement augmenté en 2007 pour rester en rugby à XV (environ AU$ 1.2 millions) pour être finalement licencié sans ménagement en cet été 2009. Trop peu d’intérêt à été porté aux jeunes espoirs issu du New South Wales et du Queensland, pourtant viviers historiques des Wallabies, la fédération étant plus préoccupée par son développement à l’Ouest avec la nouvelle franchise de Perth ainsi que par les résultats de l’équipe nationale en Coupe du Monde. De nombreux joueurs prometteurs comme Peter Hewat, Lloyd Johansson, Mark Gerrard, ou d’autres se sont ainsi vus barrer la route par des joueurs recrutés à prix d’or mais à l’apport limité. O’Neill de retour au chevet de l’ARU en 2007 après un intermède dans le soccer a rectifié la donne pour valoriser plus la formation et ainsi le futur des Wallabies, dont le rang dans l’hémisphère sud est menacé par l’Argentine. Robbie Deans, secoué ces derniers temps à cause de son manque de résultats, est donc chargé de développer une génération comme l’était son habitude au sein des Crusaders. Voici une présentation des joueurs chargés de faire oublier le retraite des anciennes gloires.

Talonneurs: Tatafu Polota-Nau, le nouveau Jeremy Paul

Tatafu Polota Nau

Tatafu Polota Nau

Etonnement mis à l’écart du squad Australien pour la Coupe du Monde 2007 par John Connolly, Jeremy Paul n’a depuis pas été remplacé à son poste dans le cœur des supporters comme dans les performances. L’ancien talonneur des Brumbies aujourd’hui licencié à Gloucester en Angleterre manque au sein d’une sélection nationale où successivement Adam Freier, Tai McIsaac ou Stephen Moore ne font pas l’unanimité. Au poste où Paul avait fait oublier Phil Kearns, son glorieux ainé titulaire du talonnage, émerge un jeune joueur d’origine Tongienne, Tatafu Polota-Nau, déjà détenteur de plus d’une dizaine de sélection. A un poste où la jeunesse n’est pas un atout, il a déjà relégué Freier sur le banc des Waratahs et met une grosse pression sur Stephen Moore afin d’être le premier choix pour le maillot floqué du numéro 2. Impressionnant par sa présence, sa puissance et la qualité de ses lancés, ceci combiné à son jeune âge (24 ans), il a toutes les clés en mains pour être le premier choix de Deans en 2011. Une grosse performance lors du prochain Super 14 devrait lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Deuxièmes Lignes: James Horwill, la relève de John Eales

James Horwill

James Horwill

Même si je ne suis absolument pas convaincu qu’Horwill atteindra un jour l’aura et le niveau d’excellence d’un John Eales, il est à ce jour, le seul espoir national en 2e ligne. Egalement âgé de 24 ans et déjà capitaine des Queensland Reds, il a préféré rester au sein de la franchise de Brisbane plutôt que de partir progresser au sein d’une équipe plus compétitive. Son destin s’oriente plus à être le successeur de Nathan Sharpe ou Daniel Vickerman ou David Giffin. Il a d’ores et déjà conquis la seconde place de deuxième ligne au sein des Wallabies aux côtés de Sharpe, indétrônable. Ses tempéraments de leader et guerrier (mis en avant par son altercation violente avec Imanol Harinordoquy en 2008) en font un atout de poids pour Robbie Deans. Il doit cependant encore progresser en touche, phase de jeu où les Wallabies sont orphelins de grands talents aujourd’hui.

Demi de Mêlée: Will Genia, la difficile tâche de succéder à George Gregan et Nick Farr Jones

Will Genia

Will Genia

Alors que toute l’Australie du rugby à XV s’extasie sur Luke Burgess, successeur désigné de Gregan au poste de demi de mêlée, je préfère parier sur Will Genia, l’actuel numéro 9 des Queensland Reds. Le jeune joueur né en Papouasie Nouvelle-Guinée n’a que 21 ans mais à déjà trois participations au Super 14 à son actif. Après avoir été barré par Sam Cordingley et challengé par Ben Lucas, il est désormais le premier choix pour des Reds en reconquête après quatre campagnes successives catastrophiques. Pourquoi Genia alors ? Préférant les demi de mêlées à l’ancienne, vif, nerveux et intelligents, Genia s’inscrit plus dans cette logique par rapport à un Burgess préférant souvent défier l’adversaire grâce à son impact physique, un peu comme le Gallois Mike Phillips. Sans considérer la couleur de sa peau, Will Genia ressemble dans le jeu à un George Gregan au temps de ses premières sélections avec les Wallabies lors de la Coupe du Monde 1995. Il doit cependant acquérir une plus grande expérience en compétition internationale pour s’installer aux commandes derrière la mêlée et développer des qualités de leaders pour pouvoir prétendre égaler le niveau de ses glorieux prédécesseurs.

Demis d’Ouverture: Un duel entre Quade Cooper et Kurtley Beale pour succéder à Stephen Larkham, Michael Lynagh et Mark Ella

Quade Cooper

Quade Cooper

Les Australiens n’ont jamais eu de problèmes à ce poste, un joueur exceptionnel succédant toujours à un autre. Quand Mark Ella a décidé de prendre très jeune sa retraite, Michael Lynagh est s’est de suite imposé pour former une charnière complémentaire avec Nick Farr-Jones. Puis est apparu le freluquet Stephen Larkham avec le succès que l’on sait aux côtés de George Gregan. Depuis Matt Giteau s’est fort logiquement imposé en équipe nationale comme le premier choix en tant que numéro 10 mais des critiques se font petit à petit sentir. Giteau n’a jamais évolué avec un numéro neuf de grand talent, évoluant en 12 à ses débuts avec les Brumbies puis en à l’ouverture aux côtés de l’indiscipliné Matt Hendjak ou de l’inconstant Josh Valentine. Il retrouvera l’an prochain Valentine pour son retour chez les Brumbies. Ses décisions offensives étant de plus en plus contestée, il semble que son positionnement en 10 soit discuté, et qu’il pourrait à l’avenir remplacer le vieillissant Stirling Mortlock au poste de premier centre. Deux jeunes joueurs sont en première ligne pour évoluer à l’ouverture, Quade Cooper des Queensland Reds et Kurtley Beale des NSW Waratahs. Cooper a pour l’instant un longueur d’avance sur son adversaire de Sydney ayant déjà évoluer dans les rangs des Wallabies. Kurtley Beale à un désavantage majeur, il est aborigène. Ce fait n’impact bien sur pas ses performances mais sa réputation en prend un coup à la moindre incartade.

Kurtley Beale

Kurtley Beale

Lorsque Quade Cooper se fait interpeler en état d’ébriété, agresse des clients d’une discothèque ou importune des jeunes filles, l’accent est mis sur les difficultés d’un jeune homme à assumer son statut de star naissante. Lorsque Kurtley Beale conduit un véhicule sans permis, on critique la mauvaise adaptation d’un aborigène dans la société australienne moderne. Pour Quade Cooper n’a jamais réussi à s’imposer face à Berrick Barnes au sein du squad des Reds et il devrait enfin être l’ouvreur titulaire dès le prochain Super 14. Beale de son côté est le buteur officiel des Waratahs depuis 2007, il a été élu meilleur jour de l’unique édition du championnat australien des clubs (ARC) et porte le maillot 10 de Sydney depuis l’édition 2008. Ses non-sélections successives sont scandaleuses alors que dans le même temps, de nombreux jeunes joueurs moins talentueux ont représenté leur pays. Le risque pour l’Australie de perdre un de leurs plus grands espoirs est grand alors qu’il a le talent pour réussir et que le symbole serait parfait pour la réconciliation engagée par Kevin Rudd le Premier ministre.

AIliers: Lachie Turner et Digby Ioane pour redynamiser les ailes comme David Campese

Lachlan Turner

Lachlan Turner

David Campese n’a jamais été remplacé et il est fort probable qu’il faille attendre longtemps avant de revoir un joueur de son niveau fouler les pelouses australiennes. Joe Roff, Ben Tune et Matt Burke n’ont jamais démérité et resteront dans les mémoires comme d’anciens grands ailiers Wallabies. Mais depuis leur départ, le niveau global des ¾ ailes australiens a fortement chuté. La faute au recrutement treiziste d’une part mais aussi à une tactique trop axée sur le défi physique plutôt que sur la feinte et les grandes chevauchées. Dans ce registre, deux jeunes joueurs de moins de 25 ans s’imposent petit à petit comme les futurs leaders des ailes chez les Aussies.

Digby Ioane

Digby Ioane

Lachlan Turner, licencié chez les NSW Waratahs et déjà titulaire en équipe nationale en est le meilleur exemple. Lancé en 2007 par Ewen McKenzie lors de la saison désastreuse des Tahs qui finirent 13e cette année là, il s’est imposé sans tarder et aurait mérité d’être présent dans le squad sélectionné pour la Coupe du Monde en France. Il n’entrait malheureusement pas dans les plans de jeu de John Connolly, qui s’est également passé cette année là de Digby Ioane, très performant avec la Western Force malgré une déprime liée à son éloignement. De retour aux Queensland Reds, le natif de Melbourne s’est imposé dans les lignes arrières du club de Brisbane au point d’être courtisé par d’ambitieux Waratahs. Malgré le lobbying intense de l’équipe de Sydney, Digby est resté fidèle au Queensland et devrait voir son statut évoluer pour devenir un réel leader de l’équipe. Sélectionné une seule fois chez les Wallabies, il avait alors crevé l’écran et mériterait se voir relancer… Pourquoi pas un triangle Ioane en 11, Turner en 14 avec Drew Mitchell en 15 ?

Centres: James O’Connor dans les pas de Tim Horan

James OConnor

James O'Connor

James O’Connor est certainement le plus connu des jeunes joueurs présentés dans cet article. Il est également le plus jeune car âgé d’uniquement 18 ans. L’année 2009 aura été exceptionnelle en tout point pour le natif de la Gold Coast, premier Super 14 avec la Western Force, premiers tournois avec l’équipe d’Australie à 7 mais surtout premières convocations au sein des Wallabies où il fit une entrée tonitruante. O’Connor est typiquement ce que l’on appelle un « utility back », il peut jouer partout derrière avec le même talent. Comparé à Matt Giteau pour son talent précoce, il s’oriente donc vers un futur en 10. C’est pourtant en tant que premier centre que les spécialistes le voient comme le successeur tant attendu du grand Tim Horan. Ce dernier a fait les beaux jours des Wallabies avec aléatoirement Jason Little et Daniel Herbert à ses côtés mais n’a pas été remplacé depuis sa retraite. Stirling Mortlock n’a jamais atteint son niveau, Matt Giteau aurait pu mais est pour l’instant préféré à l’ouverture. Comme Horan, O’Connor semble savoir tout faire et ses performances à seulement 18 ans nous laissent entrevoir un des futurs meilleurs joueurs du monde. Autour de trois essais lors de sa deuxième sélection, il a également eu de nombreuses phases de jeu intéressantes face aux Springboks et aux All Blacks alors que son équipe sombrait. Avec en point de mire la Coupe du Monde chez le voisin Kiwi de l’autre côté de la mer Tasman, James O’Connor doit absolument accumuler du temps de jeu afin d’aider les Wallabies a bien figurer dans la compétition. L’Australie ne peut pas se permettre de passer à côté d’un tel joyau.

Vous avez certainement noté l’absence de 3e lignes, piliers voire arrières dans cette présentation. Le constat est en effet inquiétant car aucun joueur ne semble sortir du lot à ces postes là. Si la possibilité de naturalisé des joueurs originaires des Iles du Pacifique est envisagée pour renforcer la première ligne, Owen Finegan et George Smith attendent toujours leurs successeurs.


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