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Les trois médecins ** à ***/Martin Winckler

Par Essel
Les trois médecins ** à ***/Martin Winckler "Je les regarde. Je me demande qui parmi eux aura un jour mon âge. Tous, j'espère. Tous ces jeunes gens, vivants et excités et tourmentés, ils ne pensent pas aux milliers de jeunes gens de leur âge qui sont passés là avant eux. Ils n'en ont pas conscience, mais ils les représentent et les contiennent tous, ils sont ceux qui viendront et ceux qui se sont assis là par le passé.
Je les vois assis, en groupes ou deux par deux... Est-ce que leur amitié, leur amour, durera aussi longtemps que ceux de Christophe, André, Basile et Bruno ? Leur amitié est toujours là, et c'est presque un miracle. Quand on devient amis, comme eux, à l'aube de l'âge adulte, on croit que c'est pour la vie, alors que rien n'est moins sûr : même lorsqu'on fait des études ensemble, tant de choses peuvent arriver, les événements nous séparent, nous entraînent sur des voies imprévues, ils nous font rencontrer de nouveaux amis, on fait des choix professionnels parce que l'occasion se présente, on a des accidents qui nous immobilisent, on se marie, on a des enfants, on est malade, on meurt. Tout ça sans l'avoir prévu..." p. 423


Monsieur Nestor, André, Christophe, Basile, tous sont là, dans l'amphithéâtre de la faculté de médecine de Tourmens, à attendre Bruno Sachs qui doit y donner une conférence, trente ans après  y avoir été lui-même étudiant, et avoir jeté avec ses trois amis un regard critique sur la pratique de la médecine, aussi bien dans ses rouages discriminants et ses  luttes de pouvoir que dans la relation profondément inhumaine qui peut s'instaurer entre le soignant et le patient qui ne décide de rien, même pas de sa vie, laissé dans l'ignorance.

Aux belles histoires d'amitiés fortes et d'amour passionnel, ce beau roman d'apprentissage mêle des histoires d'engagement moral et de rébellion face à un système médical gangréné par l'industrie pharmaceutique et par le mépris du patient. Pour ce faire se mêlent au fil du récit des anecdotes, des extraits de journal militant, des souvenirs et même une nouvelle érotique sur une visiteuse médicale (p. 396). Un roman riche en émotions qui se lit vraiment d'une traite.

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