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Nadia, prostituée, transsexuelle, ma copine.

Publié le 30 août 2009 par Mry

Il y a quelques années lors d'une fête décadente et - terriblement bourgeoise finalement - où l'alcool et la coke se mélangeaient aux prostituées et aux mannequins, j'ai rencontré Nadia (photo). Une femme en accomplissement. Elle n'était pas encore elle. Un mixe, une vie intersexuelle. A mi-chemin entre un homme et une femme. Pour vivre, elle faisait ( et fait toujours) la pute, mais elle préfère escort. Pas au Bois de Boulogne, non. En appartement. Ses clients vont du cadre sup' au people. La liste est longue. Elle me raconte, elle détaille. Même parfois elle fait des petits films à l'insu de ses visiteurs qu'elle reçoit dans son appartement du Xème arrondissement de Paris. Elle me explique comment les hommes la considèrent, comme ils la baisent. C'est très instructif. Elle me dit que les hommes qu'elle baise sont souvent des hommes de pouvoirs, alors que ceux qu'elle chevauche sont des maris aigris qui compensent. Ceux qu'elles apprécient sont ceux qui sont capables de prendre et d'être pris.

Récemment, elle a donné d'elle même dans un reportage pour la télévision afin de raconter sa vie de "trans" comme on dit. Pas d'humain en quête de soi même. Non, non, de "trans". Mais elle a joué le jeu. Elle est diplômée en marketing de "sa vie d'avant", elle sait qu'il faut en passer par là pour faire toucher du doigt la réalité de sa vie au plus grand nombre. Et encore, elle considère qu'elle a de la chance. Elle est éduquée et les médecins qui se sont occupés d'elle ne l'ont pas enlaidie comme ceux des favelas brésiliennes ou des cliniques trop privées de la banlieue de Buenos Aires qui détruisent des êtres. Non, elle a eu les meilleurs, ceux qui passent à la télé et refont "toutes les stars du showbiz comme Arielle Dombasle", s'amuse-t-elle.

Elle est une transsexuelle qui fait le tapin pour vivre parce qu'elle n'est pas reconnue par la société pour mettre à profit tout ce qu'elle sait sur le marketing.

Je suis devenu son pote, son copain. Pas comme une femme avec des homosexuels, mais comme un homme avec une femme. J'essaye de la sortir dans la rue, dans des restaurants... parce qu'évidemment en dehors de la communauté dans laquelle elle doit se ranger, personne n'ose lui montrer autre chose. Elle rit sous cape quand un homme tente de la séduire quand elle se promène dans la rue. Elle est comme cela Nadia, elle joue des contradictions. Et puis parfois comme tout le monde elle plonge, est triste. Dépressive. Comme tout le monde. Ne vous méprenez pas. Elle est heureuse Nadia voire rayonnante.

Alors avant de poser un jugement sur la transsexualité, la transhumanité au fond, écoutez Calpernia Addams vous donnez la réplique :


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