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Enquête sur la démocratie

Par Christophefaurie

Un livre de Pierre Manent, chez Gallimard (2007). Je comptais y trouver une réflexion sur les penseurs des origines de la démocratie, j’ai eu un assemblage d’articles sans grand projet d’ensemble.

Peut-être n’ai-je pas suffisamment approfondi ? En tout cas, je n’ai pas été passionné. De temps à autres, j’aperçois une idée inattendue, puis rien. Ce que je croyais une montagne devient une souris, et même pas.

Le philosophe français ?

Il y a quelque chose d’étrange chez Pierre Manent, qui se trouve aussi chez Raymond Aron : il étudie des auteurs, en se limitant à leur œuvre, sans chercher à la replacer dans son contexte, et en faisant de cette œuvre, une sorte d’effort désespéré et vain. Ce qui me frappe est le contraste entre la vigueur du style, du combat, des livres dont il est question et la fausse gentillesse molle de celui de Manent / Aron, qui semble signifier que tout effort est illusion.

Avec de tels raisonnements, Alexandre serait resté dans ses pantoufles. Comme eux, d’ailleurs.

Dois-je voir dans cette pensée la caractéristique du philosophe français, qui refuse la démarche scientifique internationale, et qui croit que son travail est de construire dans sa chambre des raisonnements par un processus d’enchaînement d’une logique qu’il est le seul à comprendre ?

Quelques remarques, pour (ma) mémoire

  • Éternelle question de Manent : l’Europe et la disparition de la nation, qui semblait pourtant le cadre nécessaire à la démocratie. Et enfin une idée utile : c’est par son absence que l’Europe pourrait arriver à se construire. C’est parce que l’on va découvrir que le monde n’est pas au point, qu’il lui manque quelque chose de vital, qui appartenait à la culture Européenne, que l’Europe va avoir envie de se porter au secours de la planète, et ainsi fondera son projet politique.

Mais, surtout, l’intérêt de Pierre Manent est de donner envie de lire les livres dont il parle.

  • Aristote / Hobes. Aristote semble avoir construit un modèle de société qui sous-entend l’inégalité : les riches et les pauvres, par exemple, méritent d’être riches et pauvres, mais avec des limites. Le mécanisme politique a pour but, à partir de la confrontation des opinions, de maintenir les revendications dans le domaine du raisonnable (et du juste). Mais l’Église catholique disqualifie ce mécanisme : elle prétend au pouvoir absolu. Hobes décide donc de construire la société en partant d’une vérité indubitable : le « droit naturel » de l’homme.
  • Très intéressante biographie de Raymond Aron. Il nie qu’il y ait une « histoire », que l’homme aille dans une direction donnée, ou qu’il puisse choisir une direction (positivisme). La vie de l’homme, c’est la résolution de problèmes locaux, et limités. C’est pour cela que R.Aron a consacré une étude à Clausewitz : la stratégie est l’exercice ultime de la raison.
  • Céline. Une vision désespérée de la société. La seule honnêteté serait d’aller au fond de sa propre abjection, « au bout de la nuit » ? Un nouvel écho aux idées de Rousseau ?
  • Péguy : quel style, quel panache ! Voilà quelqu’un qui écrit comme il vit, et comme il pense ! Tant de liberté paraît effrayer Pierre Manent, qui semble dire qu’il y a tout de même dans ces écrits beaucoup de choses qu’il n’est pas bien de penser.

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