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Russie/France : Sarkozy "ne souhaite donner de leçons à personne", mais joue les profs de démocratie...

Publié le 10 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Nicolas Sarkozy à son arrivée à Moscou (AP)

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui effectue sa première visite officielle en Russie, a tenu, mercredi 10 octobre une conférence de presse commune avec son homologue Vladimir Poutine.
Le chef de l'Etat a, notamment, indiqué qu'il allait se rendre dans les locaux de l'organisation non-gouvernementale Memorial, qui a dénoncé les crimes de guerre en Tchétchénie.
La Tchétchénie et les droits de l'homme
Le président russe Vladimir Poutine "en a été informé", a précisé son homologue français, interrogé sur le sujet. Valdimir Poutine lui a répondu, selon lui, qu'il "n'avait pas l'habitude d'indiquer à son invité quels sont les rendez-vous qu'il pouvait avoir ou pas". Le président russe a confirmé qu'il ne voyait "rien de mal" dans cette rencontre.
Sur la question des droits de l'Homme, "la France ne souhaite donner de leçons à personne", a affirmé Nicolas Sarkozy. "Je reconnais et je comprends la spécificité russe" et "j'ai fait valoir sur un certain nombre de questions mes convictions avec franchise (...) M. Poutine m'a répondu avec franchise", a-t-il expliqué.
L'Iran: Divergences...
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré "ne pas avoir d'informations" montrant que l'Iran est sur le point de "produire des armes nucléaires" mais s'est dit prêt à "continuer à coopérer" avec la communauté internationale sur ce dossier.
"Nous n'avons pas d'informations selon lesquelles l'Iran aspire à produire des armes nucléaires. Nous n'avons pas de telles données objectives", a déclaré Vladimir Poutine.
"Mais nous partageons les préoccupations de nos partenaires" qui voudraient "que les plans de l'Iran soient plus transparents", a-t-il ajouté, assurant que "l'Iran fait des pas vers la communauté internationale".
De son côté, Nicolas Sarkozy a salué "la volonté de coopérer" de la Russie sur le dossier iranien. "A quelques jours de son déplacement à Téhéran, dire qu'il coopère, qu'il veut continuer à coopérer, c'est quelque chose d'important", a dit le chef de l'Etat français.
"Après, il peut y avoir une divergence d'analyse", selon Nicolas Sarkozy. "Ce qui est très important, c'est la volonté de coopérer". "C'est une affaire qui concerne la planète", a-t-il insisté.
Le Kosovo: Le véto russe
Sur la question du Kosovo, Nicolas Sarkozy a jugé "très important que l'Europe reste unie" sur le dossier du Kosovo, qui est "d'abord une affaire européenne", et a souhaité "une solution qui n'humilie personne".
"Sur le Kosovo, il est très important que l'Europe reste unie et que la discussion reste ouverte avec nos amis russes sur cette question, qui est d'abord une affaire européenne, sur laquelle nous cherchons absolument à trouver une solution qui n'humilie personne", a déclaré le président français.
Contrairement à la France, la Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, refuse d'entendre parler d'indépendance totale de la province et agite la menace d'un veto à l'ONU.
Les capitaux russes: Entrée libre
Nicolas Sarkozy a, également, déclaré qu'il n'y aurait "pas de protectionnisme du côté de la France" sur l'entrée de capitaux russes dans les entreprises françaises et exprimé la "disponibilité des investisseurs français pour entrer" dans le capital de Gazprom.
"Il n'y aura pas de protectionnisme du côté de la France. Nous souhaitons simplement la réciprocité", a-t-il dit.
"Nos amis russes sont au capital d'EADS. J'ai dit la disponibilité des investisseurs français, pour entrer au capital de grandes entreprises russes, Gazprom par exemple", le géant gazier, a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a plaidé pour la "transparence et la réciprocité". "Il est tout à fait normal que nos amis russes souhaitent entrer au capital d'un certain nombre d'entreprises françaises. La réciproque est vraie aussi", a-t-il dit.
Le chef de l'Etat français a indiqué que les conseillers "de haut niveau" des deux présidents allaient se rencontrer "pour poser franchement toutes les questions économiques qu'il y a entre nous".
Sarkozy devant des étudiants:"les mérites de la démocratie"
Plus tôt dans la journée, Nicolas Sarkozy avait défendu, devant des étudiants, "les mérites de la démocratie" et, évoquant l'indépendance de la justice, leur a souhaité de "connaître cela un jour".
"Dans mon pays, chaque pouvoir doit rendre des comptes, personne n'est au-dessus des lois. C'est tellement mieux de vivre dans une démocratie", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des étudiants de l'université technologique Bauman à Moscou.
"Grands vous l'êtes redevenus, soyez des facteurs de paix, soyez exemplaires (...) Construisez une société russe démocratique et le monde vous en sera reconnaissant", a-t-il précisé, faisant allusion à la puissance retrouvée de la Russie sur la scène internationale.
L'indépendance (proclamée) de la justice
Interrogé sur l'arrestation en janvier du milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov dans la station de sports d'hiver de Courchevel (France) pour une affaire de prostitution, le chef de l'Etat français a regretté la "médiatisation de l'affaire".
Mais "dans une démocratie, il vaut toujours mieux préférer les excès de la médiatisation à l'insuffisance de la liberté de la presse (…) Sur l'action des juges, je peux ne pas toujours être d'accord mais mon devoir c'est de l'accepter", a-t-il ajouté.
"Un pays où la justice n'est pas indépendante, ce n'est pas un pays libre", a expliqué le président français. "Je sais que cela peut surprendre, mais vous connaîtrez cela un jour, c'est ce que je vous souhaite", a-t-il poursuivi en évoquant l'indépendance de la justice.
Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois exposé sa vision de la Russie dans le monde, l'appelant à assumer ses responsabilités de grande puissance pour contribuer au règlement des grands dossiers internationaux.
"La Russie a raison, sa place est au côté des grands du monde (…) Vous en avez tous les droits, vous devez également en exercer tous les devoirs. Mettez votre force au service de la paix dans le monde, pas au service de la division", a-t-il conclu. (relation factuelle à partir de NouvelObs.com)

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