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Discours de La Rochelle

Publié le 31 août 2009 par Jfa

Le point fort de l’Université d’été du PS a été, sans nul doute, le discours-programme de Martine Aubry en ouverture. Rappelons-en les principaux points: 1) l’appel aux militants pour trancher dans l’affaire du cumul des mandats; 2) des primaires ouvertes, mais pour désigner le candidat socialiste; 3) aller plus loin dans la parité et la diversité; 4) créer une “Charte éthique” pour cadrer les comportements des trublions; 5) faciliter les adhésions et rendre le PS, à tous les niveaux, plus représentatif de la population; 6) refonder le socle idéologique et le “projet”, en réaffirmant ses valeurs, ce qu’elle a esquissé dans son discours de clôture.

L’ensemble correspond, à mon avis, à une bonne analyse de l’état de ce parti,  des causes de ses dérives, du non-renouvèlement de ses têtes, de l’insuffisante représentation des couches populaires, du poids excessifs des élus (avec, dans un certain nombre de fédérations, des comportements dignes de parrains d’outre-Alpes), de son assèchement intellectuel, ….

C’est aussi, et nous sommes quelques-uns à le comprendre ainsi, une déclaration de guerre contre un certain nombre de féodalités et d’apparachiks ayant peu à peu transformé ce parti en champ-clos et, comme on l’a vu au Congrès de Reims, prodigues en tricheries en tous genres, et continuant jusqu’à la veille de La Rochelle. Comme le dit Le Monde : “Martine Aubry vient d’annoncer, à La Rochelle, la fin du cumul des mandats. Face à elle, on voit distinctement les élus du Parti socialiste crisper les mâchoires. Il y a là Laurent Fabius, député de la Seine-Maritime, adjoint au maire du Grand-Quevilly et président de l’agglomération rouennaise ; Jean-Louis Bianco, député et président du conseil général des Alpes-de-Haute-Provence ; François Rebsamen, sénateur, maire de Dijon et président de l’agglomération dijonnaise ; Arnaud Montebourg, député et président du conseil général de Saône-et-Loire”; alors que “Dans le fond de la salle, des militants socialistes devinent la scène, rigolards : “Il est temps qu’ils laissent un peu de place aux jeunes, aux femmes, aux enfants de l’immigration.”"… Vu l’accueil plutôt frais de l’appareil et de ses élus, elle a d’ailleurs rectifié le tir en clôture, les caressant longuement dans le sens du poil.

L’accueil fait par la salle à son évocation du cumul des mandats montre que les militants, les vrais (pas les “cartes” ou les “obligés”, absents du parti hors investitures et votes de congrès), y sont très favorables, comprenant qu’il y a là une des racines de la dégénérescence actuelle. Reste que, lors des débats des sections,  ces derniers seront là, et aux ordres des élus les moins recommandables, farouchement opposés à une remise en cause qui les mènerait à un train de vie un peu moins confortable, et surtout diminuerait leur volant de “cartes” et autres “obligés” nécessaires pour “tenir” leurs fédérations. Comme par hasard, ce qui ne gâte rien, la majorité de ces fédérations là avaient très massivement voté pour S. Royal au Congrès de Reims avant de s’en écarter depuis. Dans l’immédiat, MM Valls et Peillon, poussés par MM Collomb et Guérini semblent les grands perdants. Y-en-aura-t-il d’autres ?

Martine Aubry a compris que la gouvernance actuelle du PS, basée depuis F. Hollande, sur des compromis avec les exigences des apparachiks et autres féodaux a atteint ses limites et risquait, effectivement, de tuer le PS. A-t-elle compris que le PS n’était plus qu’une machine électorale au mains des élus arc-boutés sur leurs sièges et aspirants-élus qui ont largement perdu de vue le sens des valeurs socialistes ? La réaction plus que mitigée des élus et des cadres de l’appareil à son appel aux militants révèle qu’ils craignent qu’une page ne se tourne, que du renouvellement s’opère et cela les inquiète. Celle de S. Le Foll, prototype de l’homme d’appareil, ex-bras droit de F. Hollande est caractéristique (Médiapart ): “Je n’ai rien compris, car rien n’est clair. On ne sait pas sur quoi vont voter les militants. Si on leur demande de trancher, ce qui est une bonne idée, pourquoi organiser une convention derrière? On n’a pas de réponse claire sur les primaires. Quant au cumul des mandats, il ne faut pas oublier que la seule contrainte qui s’applique aux élus est celle de la loi. On peut faire des grands discours, mais dans la réalité, on prend le risque de nombreuses dissidences. Et le mandat unique des parlementaires, si c’est pour créer une caste de législateurs désabusés face au peu de pouvoir parlementaire qu’ils auront…” 

Est-ce une vraie bataille contre la main-mise des élus et de leurs logiques, contre celle des militants, qui est engagée ? Ou simplement une stratégie de la 1ère Secrétaire pour mettre les élus trop critiques au pas et renouveler à la marge ? La bataille contre les moisissures de l’appareil et la main-mise  de style maffieux de certains barons et baronnets va-t-elle être gagnée ? Pour autant, ce parti va-t-il redevenir un parti des militants ? Va-t-il réussir à retrouver les suffrages des couches populaires ? Va-t-il réellement s’affirmer comme une force anti-libérale (au sens économique du terme) ? Le PS acceptera-t-il de bon gré de perdre son hégémonie et son arrogance, a contrario, localement, de ce qu’a montré le 6ème canton de Nice ?

Certains peuvent y croire. D’autres, comme moi, en douter. Le cas emblématique de la tête de liste aux Régionales en Languedoc-Roussilon et les compositions des listes aux Régionales (largement renouvelées ou non) permettront, très rapidement, de voir les limites de l’exercice.

- Futur G20: “… non seulement les leviers de commande ont été abandonnés aux marchés, aux méga-banques sauvées des eaux, mais (qu’)il a été décidé de ne pas en reprendre les rênes et de demander non sans candeur aux mêmes de guérir les maux dont ils sont la cause”. Blog de P. Jorion.

- “Ce n’est pas consommer mieux qui pollue moins, c’est consommer moins qui pollue peu”. Seb Musset.

- Social-démocraties… En Allemagne, Die Linke et Oskar Lafontaine: “En Thuringe et en Saxe, deux Länder de l’ex-RDA, son parti s’est imposé comme deuxième force politique. Derrière la CDU d’Angela Merkel et loin, très loin, devant le SPD”. Le Monde.

- Délinquance, l’échec de la loi de mars 2007. Le Monde. Lire aussi: On ne sait plus faire de la police générale, celle qui assure le lien social”. Le Monde. “D’abord, généralisation à toutes les échelles des politiques de maintien de l’ordre, qui sont en réalité des stratégies de contention : faire en sorte que les violences urbaines restent confinées dans les cités. Ensuite, segmentation des forces de police et foisonnement des brigades hyperspécialisées, destinées à répondre à la conjoncture. Un jour, ce sont les bandes, un autre les vols aux portières, puis les chiens dangereux, les cambriolages, etc. Au final, on ne sait plus faire de la police générale, la police-secours, celle qui assure le lien social autant qu’elle lutte contre la délinquance”.

- Selon les statistiques publiées par Le Monde.fr, Nice est en tête, devant Marseille, des villes de plus de 250 000 h., avec un taux d’insécurité pour 1 000 habitants de 114,32. Beau résultat pour notre Maire, nouveau pape de la sécurité en France…

- “L’inflation, prix à payer pour éponger les excès des pays les plus riches”. Le Monde.


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