Ca y est ! ….tout le monde se lâche contre la taxe carbone !
Ségolène Royal qui a toujours eu un don pour comprendre, avant les autres
socialistes, dans quel sens tourne le vent de l’opinion, en a fait son
cheval de bataille (un cheval à une place) !
Paradoxalement, elle rejoint dans son « combat » les libéraux qui
ne veulent pas entendre parler d’une taxation supplémentaire et les
négationnistes de la thèse du réchauffement climatique pour cause d’activité
humaine !
Il faut avouer que cette taxe carbone est assez mal engagée.
Les allers et retours sur son montant, sur son périmètre (électricité ou
non), sur son affectation (dans les caisses de l’Etat, redistribuée
partiellement, totalement …), sur son calendrier, sans compter la période qui
ne se prête pas franchement à une taxation supplémentaire, même pour une bonne
cause, avec tous ces handicaps, on ne peut pas dire que la taxe carbone naisse
sous d’excellents hospices !
Si on ajoute à tout cela les pressions plus ou moins discrètes des
différents lobbies pour en arracher des exemptions et en faire une taxe à la
carte, et surtout, un défaut de pédagogie, habituel de la part de nos
gouvernants, mais particulièrement criant dans ce cas, tous les éléments sont
réunis pour que la taxe carbone fasse un bide retentissant !
Sur un sujet aussi mal engagé, la critique ou du moins le questionnement
n’apparaissent pas scandaleux et le Parti Socialiste serait dans son rôle s’il
posait les bonnes questions et si accessoirement il y apportait des
réponses.
Or le PS, fait sur le sujet de la Taxe carbone comme il a fait sur celui de
la TVA sociale en 2007, de la critique sans valeur
ajoutée.
(d'ailleurs à ce propos,
Lolik dans son excellent billet sur le sujet, regrette que l'on ai pas
plutôt choisi une solution de type TVA écologique qui permetterait à la fois de
taxer la pollution dans son ensemble et d'alléger le cout du
travail.)
Pour ma part, je suis de moins en moins convaincu que la taxe carbone telle
qu’elle est imaginée, soit la bonne solution. La lourdeur (et le cout) de la
mécanique, les doutes sur son
efficacité écologique, l’iniquité probable de la répartition de la charge,
la possible contradiction avec le système de quotas d’émission (voir ici) ou encore
les risques pour notre compétitivité, apparaissent trop importants pour qu’une
remise à plat ne soit pas nécessaire.
Je précise que je parle d’une remise à plat de la méthode et non pas de
l’objectif qui est de trouver un moyen de réduire le volume d’émission de CO2.
Certains, sous prétexte que le projet du gouvernement n’est pas satisfaisant,
aimeraient bien jeter le bébé avec l’eau du bain !....ce n’est pas mon
cas ! Je reste persuadé de l’urgence que nous avons à adapter nos
comportements énergivores tout en sachant pertinemment qu’il y a également
d’autres urgences écologiques qui nous attendent.
Tout remettre à plat suppose de se reposer les bonnes questions et d’y
répondre et non pas simplement, comme le fait le Parti Socialiste, d’en
critiquer les modalités sans les connaitre. Ce que Michel Rocard condamne dans
une très belle formule « On gueule avant de savoir comment le gouvernement
va présenter l'ours » !
D’autant plus que, fondamentalement, les Socialistes souhaitent également la
mise en place d’une « taxe carbone »:
« Nous prônons la création d'une contribution énergie-climat dont le
produit serait intégralement consacré à des compensations sociales liées à la
lutte contre le changement climatique »
Michel Sapin précise même : « la vraie difficulté n'est pas dans
le principe mais dans les modalités de la redistribution du produit de cette
contribution » !
En clair, ce que le PS remet en cause ce n’est pas le principe même d'une
taxe, mais uniquement les modalités de redistribution du fruit de cette
taxe….qui ne sont pourtant pas encore officiellement établies !
Au lieu de faire avancer le débat en suggérant une meilleure solution à une
problématique importante et complexe (même s’il faut remettre en cause la
solution « taxe » au grand dam de ses alliés écolos), le PS et
Ségolène Royal en tête, se contentent de caresser les p’tits gens dans le sens
du poil quitte à laisser croire que la lutte contre le réchauffement climatique
n’exigera aucun effort !
Devant ce comportement je me dis que le Parti Socialiste n’a toujours pas
l’étoffe d’un parti de gouvernement et que
Cohn-Bendit a raison de dire « 'y en marre de cette gauche française
dans l'opposition pavlovienne et qui n'a rien à proposer » !
Sur le sujet les billets foisonnent, en voici quelques uns que je vous
conseille :
Celui de
Lolik déjà linké dans le billet
Celui de Urs Luterbacher dans Telos
Celui du Faucon
Celui de Florian
Chiron