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921 Queen Mary Road - Robert W. Brisebois

Par Pierreh66

queen mary Un Montréal du début du siècle dernier en trame de fond nous est brillamment décrit dans cette fiction non moins orthodoxe de l’auteur Robert W. Brisebois. Un Montréal où l’on arpente ses sillons au son de sabots piétinant un sol poussiéreux et rocailleux, où les rues Décarie, Bleury et Mansfield pullulent de cavaliers chevauchant leur bête avec élégance et où les bogeys et calèches déambulent dans les artères de cette métropole en pleine effervescence où les commerces du Square Phillips prospèrent, les grands bals de l’Hôtel Windsor sont à la carte et les maisons de divertissements frivoles pigmentent les soirées tumultueuses de cette cité bien ancrée dans le joug du clergé de l’époque.

Tout commence lorsque l’entrepreneur Cyrille Provost et sa partenaire Berthe Saint-Amour tentent de mettre la main sur le terrain de la Petite Montagne sur Queen Mary Road pour y construire un grand Hôtel de divertissements. Lors de la transaction chez le notaire, les plans du duo se voient contrariés quand le lopin de terre s’est vu vendu à un mystérieux acheteur qui, à son tour, refile le terrain à la congrégation des Pères de Sainte-Croix. S’en suit, la disparition de Berthe, un complot pour éliminer Provost, le meurtre d’un chinois, d’un bedeau et d’un Pasteur qui seront tous retrouvés avec un hiéroglyphe tatoué sur le corps signé de l’ordre du Persanctus Pater Dei. Une enquête qui s’échelonnera sur plusieurs années pour le Sergent Campeau et ses deux acolytes, une enquête parsemé d’embûches , de mystères et de tractations qui mènera à une conclusion pour le moins surprenante où les indices convergent toutes vers ,nul autre , que Alfred Bessette, dit le Frère André, qui selon la rumeur, est investit d’un projet bien spécial pour la Petite Montagne tant convoitée qui deviendra plus tard le site de l’Oratoire Saint-Joseph.

Dans la lancée des romans bibliques et religieux commencé par le succès de Dan Brown, R.Brisebois tente de jouer dans la cour des grands avec une intrigue audacieuse, des personnages bien campés et un dénouement outrageusement époustouflant. Brisebois possède une plume très technique, dans les règles de l’art. Une très belle écriture professionnelle, peut-être pas assez colorée. Là où le bât blesse, c’est dans le scénario. Les intrigues sont incongrues, les réactions des personnages face à des situations surprenantes sont diminuées, des personnages sont entrés et ressortis, certains laisser pour compte même; une erreur de parcours pour l’auteur. Tant qu’au dénouement, il est quelque peu garroché, douteux et déroutant. Comme si l’auteur, connaissant la conclusion, ne savait comment s’y rendre sans tricher un peu. Involontairement, l’auteur joue avec la crédibilité du lecteur et tente de lui faire avaler une couleuvre de dix pieds de long avec des revirements soudains et des changements de cap majeur de ses protagonistes, ce qui nous laisse avec un sentiment de tromperie bénin. Pourtant l’auteur avait mis tant d’effort à nous livrer un récit cohérent.

Une conclusion expliquée en grande partie dans l’épilogue, une conclusion qui, si elle aurait été techniquement bien scénarisée, aurait pu avoir une onde de choc hors du commun, car l’idée elle même est magistrale, sans précédent et ingénieusement pensée. Dommage que le vice de scénario est porté ombre au récit, car l’auteur guidé par une plume cinq étoiles, a déballé un récit vif, géographiquement et historiquement bien détaillé en plus d’avoir un Frère André plausible dans une histoire de meurtres et de secte. Ne serait-ce que pour ces raisons, il serait agréable de lire ce roman, car l’idée en général du roman est tout simplement original et audacieuse, au bas mot.

921 Queen Mary Road , Robert W. Brisebois, Édition Hurtubise HMH 2008, Montréal, 355 pages


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