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Du “socialisme primaire” aux “primaires socialistes”

Publié le 05 septembre 2009 par Soseki

Je me presse d’écrire cet article, avant l’allocution de F. Bayrou et « ses mains tendues » au PS…
On a l’impression que le PS est repris en main (il est beaucoup question de « mains » en ce moment, avant « d’en venir aux mains » au PS et au MoDem ?) par Martine Aubry : cumuls des mandats, primaires pour le PS, F. Bayrou qui doit se dire de gauche sinon restera « l’ennemi capitaliste » (ça, c’est ma traduction de la pensée, s’il y en a, du militant socialiste).
En effet, il y a « reprise en main » du PS : les quadras se taisent, les « éléphants » se « rangent », on a l’impression que ça bouge au PS…
Sauf que cette « reprise en main » se fait façon Mitterrand, par le militant du PS, par la gauche, donc. Car ce qui tue le PS, faisant passer le passage de ses leaders à un convoi funèraire (« la marche funèbre du PS », le nouvel air socialiste, clin d’oeil à B. Delanoë), c’est l’interaction d’intérêt entre le militant et certains leaders.
Je m’explique :

  • La très grande majeure partie des militants du PS sont des salariés du publique (agents d’Etat et de collectivité territoriale, société publiques) en général, et de l’Education nationale, en particulier. Je n’ai jamais rencontré de militant du PS qui serait salarié du privé, et encore moins cadre du privé ou profession libérale. Ah, si… je les ai vus arriver au MoDem…
  • Les leaders du PS qui les utilisent et servent leurs intérêts se déclarent toujours de la « gôche » du PS

Cette alliance entre ces deux parties est bien entendue. Elle révèle ses conséquences quand, passage funeste, le PS gagnait des élections nationales : nationalisations, augmentations permanentes du nombre de fonctionnaires et de leurs revenus, création puis explosion de la dette, 35h (amener le privé vers les fréquentes 33h du public. Pour ceux qui voudraient me taxer de « droitiste, » pire, de « libéral », j’ai travaillé dans des collectivités territoriales, avec des agents dans le groupe ou sous ma direction : 33h hebdo… le passage aux 35h a d’ailleurs été mal vécu…), CMU, augmentation perpétuelle des charges, déliquescence de l’Etat (ce qui, pour ma part, crée ou non une alternative).
Car il faut aussi le rappeler : l’Etat pour le PS, c’est une maman, d’ailleurs à présent une mamie, qui doit donner en permanence des confiseries. Tant pis pour les caries, et surtout pas d’autorité, de sanctions, de règles (petit lien avec les « néolibéraux »).… La protection de l’Etat socialiste est une protection mammaire : on aime l’Etat « mamelu » (quand N. Sarkozy avec ses « amis » crée l’Etat mamelouks).

Martine Aubry et les siens ont reconduit cette alliance, pour que rien ne bouge en faite sur le fond, afin de garder le contrôle du PS, à défaut d’être capable d’incarner une alternative sérieuse, conséquente, responsable.
Il y a d’ailleurs un excellent article dans l’Express, de Raphaël Enthoven (1). Il y aborde sans ambages la question d’une alliance MoDem-PS, exécrée par cette « gôche » du PS, notamment incarnée par Benoît Hamon. Celui-ci, et les siens dont souvent aussi M. Aubry, parlent pour refuser « les mains tendues » de F. Bayrou, « d’éthique de conviction ». Il écrit avec clarté combien cela relève en fait de la non sincérité : ces gens « préfèrent la défaite au compromis et ne croient pas véritablement aux causes qu’ils disent défendre », « il faut d’abord entendre la parole des cyniques qui recherchent la faveur des militants »

J’observe pour ma part une différence entre des socialistes primaires et des femmes et hommes modernes, qui d’ailleurs posaient la question des primaires pour susciter un débat sur le fond au PS, et non pour demeurer dans la forme.

Manuel Valls et Benoît Hamon sont les deux figures du sens que prend, que prendra, ce parti. Il est de ces gens qui sont le reflet de nos vérités. Ils ne sont pas des prismes déformants de ces vérités, mais au contraire le futur affrontement de leurs réalités.

En se basant sur 3 facteurs, nous pouvons distinguer le choix de la pente du PS :

  • le nom de « socialiste », l’identité
  • constituer une alternative
  • les alliances

J’ai suffisamment dénoncé le nom de « communiste » sur ce blog. Parfois, des militants de ce parti y ont réagi avec vigueur, me traitant « d’anti-communiste primaire ». Je dois reconnaître qu’il s’agit pour moi d’un titre plus qu’honorable… D’autant plus que nous avons souvent discuté de Marx et du marxisme, je me souviens de Seb rappelant avec justesse les écrit de Michel Henry (2), de la méconnaissance des communistes de Marx, des vrais apports, tant négatifs que positifs, de l’intellectuel d’il y a deux siècles.
Pour ma part, le philosophe italien Costenzo Preve (3) que j’aime à citer me paraît toujours le plus conséquent et intelligible. Il est un recueil dernièrement dans un numéro spécial du Point qui permet de rendre Marx toujours accessible (4) et enfin, pour être sûr de rester les yeux bien ouverts, je vous rappelle l’œuvre magistrale de Raymond Aron sur le philosophe  »socialiste » (5).

Pourquoi parler des « communistes » ? Parce que porter ce nom est aussi infamant, pour moi, et normalement pour tout Démocrate, que celui de nazi ! Mais j’ai constaté avec plaisir que sur ce plan, il est aussi d’anciens communistes qui ont ouvert les yeux, comme Robert Hue, invité chez Vincent Peillon, qui souhaite l’abandon du terme « communiste ».
Pourquoi parler de Marx quand il est question du PS ? Parce que ce parti reste empreint d’un gauchisme puéril, aux lectures déformées de Marx, d’où aussi ses archaïques attentions communistes…

Je choisi Manuel Valls parce qu’il est actuellement une personnalité du PS la plus claire et cohérente. Je vous propose encore une fois de lire l’Express pour le constater dans le texte (6).
Or, Manuel Valls a l’audace et l’intelligence extraordinaire d’avoir compris qu’il faudra changer de nom pour son parti. La dénomination « socialiste » n’incarne absolument pas les horreurs faite au nom du « communisme », mais il est un mot de l’échec économique, d’un modèle suranné et ruineux, d’une démagogie éventée dont le peuple, et surtout les catégories populaires, ne sont plus sensibles. Manuel Valls sait qu’il faut comprendre, au sens d’intégrer et dans son intelligibilité, les évolutions.
Le socialisme a toujours été un échec économique aux conséquences sociales fatales.
L’alternative, c’est accepter l’économie de marché, le modèle dit « rhénan ». Et ce n’est pas accepter l’inégalité comme moteur façon « néolibérale », mais la liberté de création, de concurrence, et d’échange.
L’écologie est devenue un élément fondamental de la projection de tout citoyen dans son futur et celui de sa famille.
L’Europe, est autant une nécessité qu’une réalité : nécessité face aux grands (USA, Chine, Russie, Inde, Brésil) au regard de leur puissance, unité de commandement, structuration étatique. Et réalité culturelle (judéo-chrétienne) et historique, devenant une réalité de civilisation (démocratie pluraliste, économie de marché, Etats solidaires).
Enfin, c’est voir en l’Etat la puissance tutélaire : justice, police, armée, afin de permettre la liberté pour tous par l’égalité devant la loi. Et c’est lui donner les moyens d’être un Etat de la « tendance à l’égalité sociale » (l’égalité des chances), par l’éducation, la santé et la solidarité, avoir un Etat partenaire de l’activité entrepreneuriale.
Manuel Valls parle de République, comme un F. Bayrou (7), cela rassure sur le PS ! Mais inquiète au regard de la solitude du bonhomme…

Le mot « socialiste » ne répond pas à ces défis. Et Benoît Hamon demeure, lui, « socialiste ».
Ne rien apprendre du passé, de ses erreurs, ne pas accepter les réalités. Tel le drogué ou l’alcoolique qui se ment à lui-même et à son entourage, incapable de comprendre, d’apprendre de ses erreurs, le porte-parole du PS voit en ce nom l’alpha et l’oméga de son engagement politique. Aller toujours plus loin dans la défonce, dans la gauche, est l’échappatoire… Il y aura d’autres 1981, d’autres « fronts de gauche », « programme commun »…, et la caravane passe malgré les aboiements, sans s’arrêter à la station PS : pas un oasis pour l’électeur, mais un vrai mirage dans le désert politique français !
Il faut dire que l’un est un élu de terrain, l’autre non…
Manuel Valls parle d’un parti moderne, progressiste, républicain, qui fait échos pour un Démocrate. Benoît Hamon parle « socialiste », « gauche », comme un pharisien : le mot l’emporte sur l’esprit, sur le monde. Surtout, il affirme, pour rejeter « les mains tendues » de F. Bayrou, que l’antisarkozysme ne suffit pas.
S’il est vrai que l’antisarkozysme ne suffit pas pour bâtir un avenir, il est sûr par contre que le socialisme suffit à ne pas en avoir, d’avenir !

L’alternative à une politique « néolibérale » et « néoconservatrice », Manuel Valls a le courage et la force d’en parler, de façon responsable. Benoît Hamon n’est, lui, qu’une alternative au sein du PS, comme Martine Aubry reste une Thénardier de sa boutique.

Alors, à ceux qui parlent de « mains tendues » : réfléchissez bien à qui vous les tendez, car en face, l’équivoque demeure, et Manuel Valls est bien solitaire…
Veilliez à ne pas oublier que le Mouvement Démocrate, au-delà des valeurs démocrates sur les plans politique, économique, social, écologique et européen, est un parti qui s’est fondé sur la liberté : liberté face à l’UMP… donc liberté face au PS !

Ce n’est pas au MoDem et à F. Bayrou de clarifier sa position à « gôche », mais au PS de devenir un parti responsable, moderne et de progrès. C’est au PS de « se dépasser » comme le fit le MoDem pour pouvoir devenir un « partenaire »… Et cela passera par les mots, donc la dénomination, le fond, soit une alternative crédible, et alors l’on pourra parler d’alliance.

(1) Raphaël Enthoven, l’Express, n°30345 (cette semaine), chronique, p. 79
(2) Michel Henry, « Le socialisme selon Marx », éd. Sulliver
(3) Constenzo Preve, “Marx inattuale. Eredità e prospettiva”, éd. Bollati Boringhieri (nombreux passages et entretien dans Eléments n°115, “Libérons Marx du marxisme !”
(4) « Marx », Le Point hors série n°3
(5) Raymond Aron, « Le marxisme de Marx », éd. de Fallois
(6) Entretien avec Manuel Valls, l’Express, n°3034
(7) François Bayrou, « Abus de pouvoir », éd. Plon. Je vous conseille aussi fortement de bien lire la page 92 (petite pensée à des amis qui lisent fréquemment ce blog)…


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