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Menu Jazz et Désert au Musée du Quai Branly

Publié le 31 mars 2009 par Assurbanipal
Africa Jazz
Musée du Quai Branly. Samedi 21 mars 2009. 20h.

Jack de Johnette
: batterie et percussions
Rick Margitza : saxophone ténor
Jean Jacques Quesada : saxophone soprano, conception artistique
Dimi Mint Habba : chant
Veyrouz Seymali Hemed Vall : chœurs
Sidya Seymali Hemed Vall : chœurs et tidnit
Mohammed Seymali Hemed Vall : guitare basse électrique
Sidi Ben Ahmed Zeidane : guitare électrique
Mohamed Lemine Ould El Hady Cheikh Sidi El Moctar : percussions.
A l'occasion de l'exposition « Le siècle du Jazz » qui a lieu à Paris, au Musée du Quai Branly du 17 mars au 28 juin 2009, trois concerts réunissant jazzmen américains et musiciens africains sont organisés. Le premier a permis la rencontre de Jack de Johnette, légende du Jazz, batteur de Keith Jarrett depuis leur rencontre chez Charles Loyd en 1966, avec la Déesse de la chanson mauritanienne Dimi Mint Habba.
Banquettes en cuir avec accoudoirs repliables. Le théâtre du Quai Branly c'est bien plus confortable et moins cher que les clubs de Jazz. Vive les subventions !
Jack de Johnette est habillé à l'africaine. Il ne joue pas avec Keith Jarrett ce soir. Ca ne démarre pas. La lumière se rallume. Les techniciens s'affairent sur scène. A croire qu'ils font la balance au début du concert. Dimi Mint Habba est assise en tailleur sur un tapis, comme au désert. Rick Margitza, un Blanc américain d'origine tzigane, s'adapte bien à cette musique. Ca s'appelle la classe. Une pêche de cymbale par De Johnette et Rick Margitza se lance alors que le chant s'est tu.
Une nouvelle chanson avec un groove hypnotique venu du désert. Un solo de sax soprano pas mal du tout mais ça ne vaut pas Steve Potts. Le public est presque exclusivement blanc et nous sommes dans le théâtre d'un musée. Ca se sent. L'ambiance reste froide malgré la chaleur de la musique. Les morceaux ne s'enchaînent pas. Comme s'il fallait tout mettre en place à chaque fois.
Joli solo rêveur de soprano pour commencer le morceau. A la batterie De Johnette allie puissance, raffinement et bon goût. Il s'efface derrière les Africains tout en restant bien présent. Sur scène ce soir figurent deux anciens musiciens de Miles Davis : Jack de Johnette en 1969, Rick Margitza en 1989. Miles savait repérer et former les Grands.
Jean Jacques Quesada nous explique que ce projet est né d'un voyage en Mauritanie en 2007 avec Rick Margitza et Dave Liebman. Là bas, ils ont écouté et rencontré Dimi Mint Habba. Jack de Johnette s'est ajouté après avoir écouté la musique de Dimi.
Les jazzmen s'en vont. Place à l'Afrique. Les jazzmen reviennent. De Johnette fait sonner les tambours avec les maillets. Son duo avec Rick Margitza nous ramène à New York et à la jungle urbaine. Repassé aux baguettes, De Johnette chauffe et Margitza accepte le combat. C'est du free jazz de haut vol, torturé, aigre, puissant. Ca fait du bien d'entendre Margiza poussé ainsi par un grand musicien.
Retour en Afrique et de Johnette redevient sideman. Parmi les musiciens mauritaniens figurent des Noirs et des Arabes. Vu la situation politique du pays, c'est bien de les voir jouer ensemble. Le groove mauritanien ajoute à celui des Américains le sens de l'espace, de l'immensité du désert. Pour le groove, De Johnette ne craint personne pas plus aujourd'hui qu'il y a quarante ans chez Miles Davis. Quesada fait le muezzin au soprano. La chanteuse se tait. De Johnette mène le bal relayé par le groove africain. C'est si bon. Jack nous éclate. Pour la première fois du concert, la chanteuse se lève et chante debout. Le public est enfin lancé et applaudit en mesure. De Johnette tricote aux baguettes. Au premier rang du public une femme noire debout agite son mouchoir. Elle est seule à le faire mais cela ne la décourage pas. Rick Margitza en plein solo poussé par De Johnette. Les Africains sont passé à l'arrière plan mais le groove reste. A chacun sa voix. Après le sax ténor de Rick, le chant de Dimi alors que De Johnette reprend le tempo impeccable et implacable.
Les jazzmen quittent leur place. De Johnette s'installe derrière un tambour à côté de Sidi El Moctar pour un duo à mains nues sur les peaux. Ce qui se passe là dépasse mes capacités d'analyse et de description. Je sais que j'ai eu la chance d'y assister. Les autres musiciens les regardent et les écoutent avec attention. C'était magique. Je peux pas mieux dire, c'était magique. Tellement puissant qu'une partie de la salle s'est levée pour les applaudir à la fin.
Après cette orgie rythmique, Rick s'asseoit à côté de Dimi pour jouer le dernier morceau. Elle a pris le tidnit, lui le sax ténor. L'accord de ces instruments n'est pas aisé mais à force de se chercher ils se trouvent. Après cette longue et belle introduction, les Mauritaniens redémarrent avec Jack de Johnette toujours impérial derrière sa batterie.
Fin du concert. Dimi embrasse les Jazzmen. Vite un rappel !
Margitza introduit au sax ténor. Puis le groove du début du concert repart. Dimi, petite femme noire volée, chante avec cette voix qui vient de si loin dans le temps et dans l'espace.
Un concert avec des moments de juxtaposition, des moments de fusion et des moments de grâce.
Prochain Géant, Randy Weston, pianiste noir américain, avec les Gnaouas, percussionnistes, danseurs, chanteurs Marocains le vendredi 27 mars 2009 au même endroit.

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