Magazine Culture

L'isle Joyeuse et l'Embarquement pour Cythère

Publié le 07 septembre 2009 par Philippe Delaide

En guise d'écho musical à la note de Bleu de Cobalt sur l'Embarquement pour Cythère d'Antoine Watteau, l'Isle Joyeuse de Claude Debussy s'impose inévitablement. Ce dernier a composé cette pièce pour piano en faisant explicitement référence au tableau de Watteau.

La référence rythmique et formelle à une havanaise en milieu de morceau traduit sans doute la volonté chez Debussy d'apporter une touche d'exotisme tout en restant dans la continuité du climat général de la pièce, emprunt d'une certaine fébrilité et de couleurs assez marquées.

Je ne développerai pas la référence au monde aquatique, "marque de fabrique" du style Debussien, tout à fait évidente ici avec les trilles d'introduction qui peuvent évoquer une mer agitée. Pour autant, cette mer ne paraît pas hostile. Elle invite plutôt au voyage, aux sensations grisantes procurées par le vent et les embruns lorsque le trajet est saturé d'une belle lumière et que la destination est pleine de promesses (les références de Watteau dans son tableau aux dieux grecs incarnant l'amour sont plus qu'explicites). Si la sensualité est le thème indéniable du tableau de Watteau, en revanche on ne peut pas vraiment dire qu'elle soit dominante dans l'amorce de la pièce de Debussy. Elle se révèle bien entendu lors du développement du motif principal sous forme de havanaise où, de façon très subtile, une forme de nonchalance voluptueuse vient prendre place pour quelques minutes. En revanche la conclusion de la pièce, impétueuse et tendue, ferait plutôt référence à quelque amour exalté.

Ci-dessous, je vous propose deux versions très différentes. La première, celle fameuse de Samson François, qui marque surtout par son caractère fantasque, exalté avec un insertion sidérante dans l'univers du jazz, notamment avec les toutes dernière mesures. La seconde, de Claudio Arrau, qui oppose à la première un son ample, un toucher plus délicat, un usage visiblement plus généreux de la pédale. Tout ceci contribue ainsi à rendre cette sensualité que l'on pourrait rechercher et à nous référer à une poésie de l'insouciance. Pour ma part, je reste plus sensible à cette deuxième approche que certains jugeront peut-être "aguicheuse" mais qui, chez Arrau, reste toujours d'une probité irréfutable et d'une très haute tenue.

Je suis désolé pour la qualité très moyenne du son des deux vidéos mais je n'ai pas trouvé mieux sur youtube.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Delaide 1912 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines