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Les authentiques tribulations du Grand Khan en Chine. Etape 2. Badaling

Publié le 08 septembre 2009 par Herbertlegrandkhan

Nous retrouvons Mary et Naël, les amis que nous avons rencontrés dans l’avion  en début de matinée. Nous étions convenus d’aller visiter la grande muraille sur le site de Badaling. Nous nous retrouvons au sud de la place Tian’anmen, devant la station de Qianmen devant laquelle étaient organisés les circuits. Vérification faite, les bus directs partent au nord de la station Jishuitan, c’est à dire à deux pas de notre hôtel. J’ai vérifié trop rapidement la veille, c’est un peu de ma faute. Nous repartons ainsi dans l’autre sens, harassés par la chaude atmosphère matinale. Sur les quais du métro, nous admirons la station accroupie des jeunes chinoises que l’on pourrait dénommer la position du penseur turque (en références aux WC à la turque). Par espièglerie, nous voulions poser dans la même position à côté d’une passante en tenant un rouleau de papier hygiénique. Nous n’avons hélas jamais oser, de peur de froisser la susceptibilité de nos “hôtes”. Vers 10 heures, nous arrivons devant la station Jishuitan d’où partaient les bus 919.  Nous sommes une nouvelle fois subjugués par les merveilles de l’organisation chinoise. Nous nous sommes arrêtés au premier arrêt pour les bus 919, devant lequel attendaient plusieurs  personnes. Avec mes rudiments de mandarin, je parviens à questionner deux chinois qui se rendent au même endroit que nous. Le long des files d’attente, des chauffeurs de taxi tentaient de recruter des pigeons en profitant de la désorganisation. Pour cause,  les bus s’arrêtaient et repartais sans passager. Après un bon quart d’heure d’attente, l’un de nos compagnons d’infortune finit par aller se renseigner ailleurs. Le point de départ était effectivement situé à 300 mètres de là sur un autre arrêt pour les 919. C’est tellement le bordel que les chinois eux-même se font avoir. Les tickets étaient vendus à l’intérieur du bus par un jeune femme de la compagnie. Une fois le montant acquitté, je mis les oreillettes de mon IPod, bien décidé à profiter du temps de répit qui nous séparait de notre destination. Hélas, après quelques minutes de route, notre guide se lança dans d’incroyables explications à l’adresse des passagers. Avec une cadence assez incroyable, elle nous englouti sous un flot d’informations. Je tentais de surnager au milieu de ce flot, insensible à la pertinence de ces propos, puisque je comprenais moins d’un mot sur cent. Je me contentais d’observer sa respiration, ou plutôt son absence de respiration. En moins de 3 minutes, elle récita l’équivalent de l’annuaire du Lot-et-Garonne, avant de suffoquer bruyamment et de reprendre son souffle dans un râle œsophagique. Dès qu’elle eu aspiré un peu d’air, elle repartit de plus belle dans une incroyable logorrhée. Après un quart d’heure, le flot s’interrompit et le silence s’abattit de nouveau sur le bus. Il s’agissait d’un silence total, comme nous avons rarement connu en Chine. Tous les passagers semblaient groggys et j’étais moi même réduit à l’état de veille.

Nous sommes arrivés sur le site de Badaling après une grosse heure de route. La station d’accueil était à peu près à la hauteur de la station de départ. Il s’agissait d’un terrain vague exigu à côté de la route devant laquelle cars et taxis peinaient à manœuvrer. Des minibus tentaient de faire demi-tour devant les guichets ou se massaient une foule anarchique déversée par vague régulière. Nous observâmes la scène en silence pendant quelques minutes afin de déceler un semblant d’organisation. Des gens montaient ou descendaient en nombre égal. Il n’y avait ni panneau, ni indication ni écriteau d’accueil. Seul un marée humaine de touristes chinois en goguette, souvent regroupés derrière un guide équipé d’un petit drapeau rouge ou vert. Nous finîmes par acheter nos billets avec un supplément pour le téléphérique. Un touriste finit par nous indiquer le nord où se trouvait l’entrée du site. Nous marchâmes au bord de la route sur laquelle dévalait bus et taxis. Moins d’un kilomètre plus loin, l’entrée du parc se dressait face à nous. Je dis le parc, car, ainsi que le fit remarquer Naël, elle ressemblait beaucoup au parc Walibi. Une porte de western surmontait les guichets derrière lesquels étaient creusés des fosses avec des ours. Des enfants vêtus de couvre-chefs ridicules et colorés jetaient des fruits aux ours en contrebas qui attendaient assis et la bouche ouverte. Diantre, on aurait dit les enfants-rois d’une société décadente. Les autres ours dormaient en hauteur avec les pattes en l’air dans la plus parfaite indifférence. J’aimais bien ces ours. Ils me rappelaient le Parti Mou et sa devise “envie de rien, pulsion de mou, un Parti Mou pour un Monde Mou.”

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Des dizaines de vendeurs étaient installés de tous les côtés. Ils vendaient des brochettes, de l’eau, de multiples souvenirs, dont les chapeaux de toutes les couleurs qui ressemblent à des ressorts en plastique. Nous avons trainé pendant un petit moment avant de comprendre où se trouvait l’entrée du téléphérique. Il s’agissait en réalité d’un petit funiculaire assez minable qui nous fit gagner cent mètre d’ascension pour la considérable somme de 6 euros. Je vois que les Chinois ont bien compris ce qu’était le capitalisme.

La grande muraille valait vraiment le détour. Je ne m’attendais pas à des paysages aussi beaux et à un ouvrage aussi escarpé. La foule était impressionnante. En certains ressèrements, il fallait vraiment jouer des coudes pour passer. Les Chinois bousculent assez facilement et ont pris l’habitude de passer en force. C’est ça où on ne passe pas.

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Au premier plan, vous apprécierez au passage la mode assez répandue du T-shirt au dessus du nombril. La bedaine n'est pas obligatoire mais fortement recommandée si on veut avoir la classe.

Cette foule était encore supportable à ce moment du voyage. Nous étions encore tendre et assez frais. Les semaines suivantes, la répétition de ces incivilités allaient irrémédiablement érodé notre patience et notre bienveillante compréhension.


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