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Plus de gants, on bourre les urnes !

Publié le 10 septembre 2009 par Jlhuss

trahisons.1252490340.jpg Il est midi, ce vendredi 21 novembre (2008), quand le téléphone d’une secrétaire de section lilloise se met à sonner. A l’autre bout du fil, Guillaume Blanc, le conseiller politique de Martine Aubry à la mairie de Lille. Dans le Nord, comme dans le reste du pays, les bureaux de vote pour le second tour de l’élection du premier secrétaire ouvrent dans quelques heures. La discussion est brève. Il n’y a qu’un seul message à faire passer. Dans un premier temps, la jeune femme pense avoir mal entendu. Mais la consigne est claire: “On ne prend plus de gants, vous bourrez les urnes.” La veille, Ségolène Royal a créé la surprise en récoltant plus de 42% des voix lors du premier tour. (…)

Mathématiquement, le duel s’annonce extrêmement serré et la panique s’empare de la maire de Lille et de ses proches. Plus question de tergiverser. Quelle que soit la méthode, ce soir, il faut barrer la route de -Ségolène Royal. (…)

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(…) Vendredi 21 novembre, soir du deuxième tour à Lille. Depuis l’hôtel de ville, Guillaume Blanc adresse un SMS à tous les secrétaires de section. Il leur est ordonné de ne pas communiquer leurs résultats à la fédération - comme le prévoit pourtant le code électoral socialiste -, mais de les transmettre directement à ce qu’on appelle le “comité de ville”. Un bureau de liaison au service de Martine Aubry, situé au premier étage du bâtiment qui abrite la fédération socialiste, et dirigé par un certain Patrick Kanner (…)  Dans les faits, via “le comité”, c’est donc le cabinet de Martine Aubry qui a la haute main sur la fédération du Nord. (…)

(…) C’est sans aucun accroc que la chaîne cabinet du maire-comité de ville-fédération du Nord va se mettre en branle pour assurer l’élection de Martine Aubry, en étroite liaison avec le QG parisien de la future première secrétaire, installé à l’Assemblée nationale. Le dispositif est en place. De Lille à Paris, les montres sont coordonnées. Le casse du parti peut commencer.

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A 23 heures, huit des dix secrétaires de section de la ville sont au rendez-vous dans le bureau de Patrick Kanner, pour lui remettre les procès-verbaux des résultats. Cet homme, en liaison avec Paris, est chargé de la “tambouille lilloise”. Claude Bartolone, Christophe Borgel, François Lamy et Jean-Christophe Cambadélis, les quatre mousquetaires de Martine Aubry, sont installés dans des bureaux de l’Assemblée nationale. Leur consigne est claire: ne pas lâcher les résultats du Nord tant que ceux de toute la France ne sont pas remontés. A mesure que les chiffres tombent, ils sont rentrés dans un logiciel qui calcule automatiquement l’écart entre Royal et Aubry et fait varier les résultats “virtuels” du Nord afin qu’ils assurent la victoire à Martine Aubry.

Claude Bartolone, plusieurs semaines après, reconnaîtra d’ailleurs avoir bloqué les résultats du Nord “dans le but de s’assurer que, même si la Guadeloupe et la Martinique votaient à 100% pour Royal, l’avance de Martine ne permettait pas qu’on la rattrape”. En clair: les résultats du Nord sont gelés pour pouvoir être “ajustés” jusqu’au dernier moment afin d’assurer une avance suffisante à Martine Aubry.

Antonin André et Karim Rissouli (extraits publiés dans la presse)

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Ce nouveau “polar sur la vie interne du PS n’est pas un scoop. Tout le monde savait que l’opération Rémoise d’éviction de Ségolène Royal avait été complètement bidonnée. Quand une candidate obtient plus de 42% des voix au premier tour en face d’autres candidats plus ou moins dispersés, il est évident que les reports de voix ne sont jamais parfaits et que l’alliance sur le papier des outsiders n’arrive jamais à remonter l’écart du premier tour. Vous Interrogez tous les spécialistes des questions électorales ; ils iront dans ce sens.

Dans la mathématique électorale normale et toujours vérifiée, l’élection de Ségolène, compte tenu de son score du premier tour, était inévitable. C’était sans compter avec l’ordinateur lillois.

On devine la ligne de défense des Aubrystes :  les contestations ont déjà été instruites sans résultat et des fraudes ont eu lieu également dans le “camp Royal“. Ils évoqueront évidemment les Bouches du Rhône. Dans cette fédération il n’y aurait pas que des petits Saints, et il est probable que le “mic-mac” pourra également y être désigné. Cette argumentation, celle des faibles, restera misérable en face de l’énormité de la révélation du livre : “le coup du logiciel”. C’est l’accusation qui tue.

Elle démontre la préméditation et qu’en aucun cas Royal avait la moindre chance de gagner : elle se battait contre l’informatique. La rétention des résultats du Nord, avec un logiciel qui les corrigeait au fur et à mesure de ceux des autres fédérations et avec une “pondération” pour les territoire d’Outre Mer afin de conserver une marge suffisante, est un coup de grâce terrible dont il est difficile de se relever. C’est le point majeur de l’affaire qui rend toutes les défenses caduques d’emblée : quel que soit le “bidouillage” en bas la correction s’effectuait en haut ! Le Nord corrigeait informatiquement le Sud !

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Madame Royal prend son temps pour réagir ; elle précise cependant qu’elle allait “consulter Robert Badinter qui avait fait un certain nombre de propositions” après le vote controversé des militants. L’ancien ministre de la Justice avait proposé de “revoter dans les fédérations litigieuses”, a rappelé la fausse perdante de Reims. Mais “cette solution, qui était une solution responsable à ce moment-là, a été refusée. Je comprends mieux pourquoi elle a été refusée” ajoute-t-elle.

Dans un extrait publié, les auteurs du livre revenant sur le déroulement du vote dans le fief lillois de Martine Aubry, relatent le propos d’un proche d’Aubry: “On ne prend plus de gants, on bourre les urnes”

Commentaires

  1. Ou quand Lille devient Corleone, le soleil en moins.

    ééàéééà
  2. C’est (hélas!) ce qui se passe dans tous les partis. Dans certains on fait simple, il n’y a pas d’élections. Dans d’autres il n’y a pas de listes d’émargement; dans d’autre enfin, tout se passe par Internet mais on peut créer plusieurs dizaines de milliers de “comptes” fictifs. Sans compter les “partis” qui pourraient tenir une AG dans une cabine téléphonique et qui se présentent presque comme “de masse”

    Et pour le PS, on ne raconte pas ce qui s’est passé dans les fédérations des Bouches du Rhône ou de l’Hérault (qui pèsent très lourd, qui sont acquises à Royal et qui ne sont pas connues pour leur rectitude)

    Cela génère de l’abattement, certes. Mais quel autre système?

    Au fait: ça vous fait croire à l’idée de primaires équitables, cette histoire?? Finalement, quelques “fraudes à la chaussette mises à part, le suffrage universel est encore le moins pourri des systèmes.

    ééàéééà
  3. @ benjamin
    Certes certes et j’attendais ce type d’argumentation. Pour les Bouches du Rhône et l’Hérault je pense avoir répondu : ça pouvait tricher tant que ça voulait … le logiciel lillois adaptait derrière !
    Pour le reste un peu d’accord, le bidouillage existe dans tous les partis, mais la grande différence c’est qu’il est toujours marrant de le constater chez les “donneurs de leçons” les parangons moralistes !

    :)

    J’adore les “Tartuffes”
    :)

    ééàéééà
  4. H1N1 est terrible voilà qu’il se transmet via les imprimeries et qu’il grippe la préparation des élections régionales

    ééàéééà
  5. Pourquoi ne pas faire un livre sur ce qui s’est passé dans fédération des Bouches du Rhône deuxième fédération de France ou dans celle de l’Hérault toujours sous la férule de G. Frêche… et qui ont exprimé un vote “massif” en faveur de S. Royal.
    Les officines style “comité de ville” existent aussi dans ses départements comme dans la plupart des grosses Fédérations.
    Suivre la consigne du “chef” et “bourrer” les urnes est un sport qui s’est largement pratiqué pour l’une et l’autre des candidates. Alors trêve de polémique… Assez d’enfantillages. Les Françaises et les Français attendent autre chose de ce qui reste du PS. Mais tant que des “barons” dirigeront des fédérations, tant que des “cumulards” seront installés à défaut d’être implantés, tant que des enveloppes financières énormes seront distribués “à discrétion”, tant ques les indemnités d’élus seront distribuées aussi largement sans contrôle, le P.S. mais aussi l’U.M.P. et les autres s’occuperont davantage de la sauvergarde de leur “pré-carré” que de l’avenir de la France.

    ééàéééà
  6. Attention, je ne veux pas me poser en défenseur du PS, parti auquel je n’appartiens pas (déjà écrit maintes fois)

    Maintenant je vais être TRÈS cynique. Royal savait que le Nord - Pas de Calais était en quelque sorte “terre de mission” pour elle, tout comme Aubry était dans cette situation dans d’autres fédération.

    Si elle a été assez naïve pour ne pas déléguer suffisamment de représentants dans ces départements pour tout contrôler, c’est tout à son honneur quand on considère la “vertu” (je ne saurais imaginer de telles horreurs) mais ça en dit long sur son aptitude à occuper des fonctions élevées pour lesquelles il faut tout - sauf être ingénu.

    M’est avis que ça a grenouillé dans les deux sens, qu’un armistice a été signé entre les deux parties parce que personne n’aurait gagné à ce que ce soit révélé, mais que la parution de ce livre fausse la donne. Ou alors Royal savait que ça sortirait - et dans ce cas l’ingénue c’est Martine.

    Bis repetita, cette affaire enterre l’idée de primaires!

    ééàéééà
  7. Voilà un livre qui n’est pas un scoop : le vote des “grosses” fédé du PS a toujours été sujet de contestations et suspecté d’irrégularités ! Et qui sert évidemment le camp Royal… tout en desservant l’image de marque du PS…
    Apporte-t-il seulement la preuve de faits nouveaux ? Le coup du logiciel semble sorti d’une série télé !
    La seule bonne question est donc : à qui profite ce livre ? et corrélativement : pourquoi sort-il maintenant ?

    ééàéééà


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