Il serait plus facile de compatir, de crier au management inhumain que d'écrire les lignes qui suivent. Seulement voilà, ce serait incomplet. Sans vouloir défendre ni l'entreprise, ni ses cadres, ni ses méthodes et surtout, sans vouloir dédramatiser, il est néanmoins des fois où la froideur des chiffres permet, si ce n'est de relativiser, du moins de ne pas exploiter ces drames à des fins syndicales.
En France, il y a 12000 suicides par an pour 60 millions d'habitants, soit 1 pour 5000 français. Depuis février 2008, France Telecom compte 22 suicides, mais il faut rappeler que l'opérateur est la première entreprise de France avec 100.000 salariés. Ce qui donne 1 suicide pour 4500 employés, mais sur 18 mois. 1 sur 6818 si l'on ramène sur 12 mois. Inversement, il faut 20 suicides dans l'année chez France Telecom pour atteindre la moyenne nationale. Fort heureusement, l'entreprise n'y est pas encore et espérons qu'elle n'y soit jamais.
Alors évidemment, on se passerait bien de ce genre de chiffres sinistres. Mais il faut quand même remettre les choses à leur place, contrairement aux gros titres des journaux, on ne se suicide donc pas plus chez France Telecom que dans d'autres catégories françaises.
Seulement voilà, France Télécom emploie 1 français sur 600, ce qui fait tout de même beaucoup de monde. Et les salariés de France Télécom ont sans aucun doute des problèmes de travail mais ce sont aussi des gens comme vous et moi, des hommes et des femmes qui ont des difficultés, des états d'âme, des peines de coeur... qui donnent envie d'en finir, ce que révélent les statistiques pour eux comme pour tous.
Les chiffres le mettent en évidence de manière tristement objective, les suicides existent dans cette entreprise comme partout en France. France Télécom n'a pas le monopole des salariés malheureux, exploités, abusés, suicidés. France Télécom n'a pas le monopole des patrons exploiteurs et des cadres abusifs. Ce qui n'empèche pas ses syndicats d'exploiter la situation pour solliciter un plan de pré-retraites.
Si l'on doit mettre à la une tous les suicides, c'est 30 morts qu'il faut évoquer chaque jour, dont un chez France Télécom toutes les 3 semaines.
Tant qu'à parler de statistiques, on peut rappeler aussi que chaque année, 122 femmes meurent sous les coups de leur mari. 1 suicide de salarié de France télécom toutes les 3 semaines, 1 suicide de prisonnier tous les 3 jours, 1 meurtre de femme battue tous les trois jours...
Alors, effectivement il faut des méthodes de management humaines, mais il faut améliorer les conditions de vie des travailleurs dans la même proportion. Il faut améliorer les conditions de vie dans les prisons mais il ne faut pas accepter que des femmes meurent, sans l'avoir choisi, sous les coups de conjoints qui s'y retrouvent.
Et surtout, il faut éviter de tirer profit des drames pour tirer la couverture à soi ou alimenter les journalistes en mal de copie...
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