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Nantes 5 (Opportunités...)

Par Didier T.

Nantes 5  (Opportunités...)
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Des dernières années de la décennie 70, passées à la Mairie de Nantes, je pourrais en écrire tout un livre tant elles furent bien remplies.
Dès fin 77, j’étais allé participer au congrès de l’Union Internationale des Transports Publics qui se tenaient à Göteborg dans le sud de la Suède et y avais rencontré les meilleurs spécialistes des transports en commun. Ce thème avait été central pendant la campagne électorale des municipales et nous pressentions déjà que même l‘extension de la gratuité des transports en commun à une plus large fraction de la population serait insuffisante à régler nos problèmes d’embouteillages du centre urbain.
Renouveler, moderniser, augmenter et réorganiser la flotte de bus constituait un impératif majeur mais ne répondrait pas complètement aux besoins exprimés. Construire un métro ? Nous n’en avions pas les moyens.
Dans le même temps, Matra dont le PDG , Jean Luc Lagardère était aussi le patron de Europe 1 , sponsor du club de foot nantais, faisait le forcing pour que soit étudiée la construction d’une ligne de métro léger, le VAL qui allait équiper Lille et les environs.
Pour se faire mieux entendre, ayant fait valoir tous ses atouts (novations technologiques d’un métro automatique, présence sportive via Europe1 et vieille amitié des Maires de Lille et de Nantes ), il fit discrètement savoir par un de ses proches collaborateurs qu’il envisageait de lancer en France, avec un partenaire étranger, la construction d’une usine fabriquant des puces électroniques.
A cette époque, Nantes vivait la difficile reconversion des ouvriers de la Navale. La proposition de Lagardère fut donc prises très au sérieux car elle permettait d’une part, de créer des emplois très qualifiés et, d’autre part de faire naître l’image nouvelle d’une économie nantaise épousant son siècle et s’investissant dans l’électronique.
Associer cette nouvelle activité tournée vers le futur avec l’arrivée prochaine d’une merveille de métro technologiquement incomparable en Europe : le deal était tentant !
Politiquement, une telle probabilité exigeait d’être entourée lors des négociations préliminaires du secret le plus absolu et d’être validée car "les promesses n‘engagent que ceux qui les reçoivent" selon la formule de Pasqua.
Dans le même temps, j’avais été discrètement contacté par un bureau d’études belge qui souhaitait me rencontrer rapidement afin de m’entretenir d’un projet industriel concernant la région nantaise.
Obnubilé par le projet industriel de Lagardère, toutes affaires cessantes, je me rendais à Bruxelles, en me disant que malgré le silence entretenu par Matra sur leur futur partenaire étranger, j’allais grâce à ce rendez-vous, en connaître un peu plus sur ce dernier.
Un immeuble cossu mais discret proche de l’avenue Louise abritait mon interlocuteur dont la petite plaque à l’entrée indiquait simplement « docteur Demeirler » suivi d’un sigle inconnu.
Là, je fus immédiatement mis en présence d’un vieux monsieur qui m’expliqua que son cabinet travaillait exclusivement pour les majors US et était spécialisé dans les études préalables à la localisation d’activités industrielles américaines en Europe.
Puis, ce curieux personnage me dressa le tableau exact de la situation de l’emploi en Basse Loire, de la qualité du personnel disponible, des mouvements de grève récurrents dans le secteur métallurgique et la navale, des écoles techniques présentes, des zones libérables en bord de Loire …
Ce type me livrait en moins d’une heure le résultat de semaines d’enquêtes et de compilations de statistiques officielles. Manifestement il en connaissait plus que moi sur l’état de santé économique de notre région !
Je m’attendais à ce qu’il me parle de technologies du futur et son propos ne semblait concerner qu’une main d’œuvre industrielle traditionnelle !
Il dût s’apercevoir de ma perplexité car au terme de sa présentation magistrale, il souligna que, bien que peu étoffé, son cabinet était notoirement reconnu pour sa compétence et son sérieux, la liste des sociétés américaines qu’il représentait me convaincrait de lui apporter ma contribution.
Qu’est-ce qu’un type aussi bien informé pouvait attendre de moi ?
Et totalement impliqué dans l’hypothèse Lagardère, aurais-je le temps et les moyens d’être utile au projet de ce vieux monsieur ?
Vous le saurez demain en lisant (peut-être) la suite des aventures industrielles et politiques nantaises.


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