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Métro-rétro-übersexuel, what else ?

Publié le 14 septembre 2009 par Prland

En mai dernier, j’ai eu le plaisir d’être invité à écrire un papier pour Menstyle.fr. Le support ne laissant pas la place aux commentaires, je le reprends ici quelques mois plus tard.

Fini le machisme ou l’androgynie. Les années 2000 auront vu défiler bon nombre d’archétypes masculins marketés, incarnés par des célébrités plus ou moins rémunérées pour l’occasion.

Les métrosexuels David Beckham et Jude Law, assumant beaucoup (trop ?) leur part (excessive ?) de féminité se sont opposés aux rétrosexuels Russel Crowe ou Sebastien Chabal, très ancrés dans leur virilité tendance néandertal. Le tout avant de trouver un terrain d’entente éphémère dans l’aseptisée übersexualité d’un George Clooney qui conserve sa virilité en prenant soin de lui. La publicitaire Marian Salzman en a fait son terrain de jeu avant de se faire écraser par le rouleau compresseur L’Oréal. La multinationale tente en ce moment d’imposer un nouveau code à coup d’études quanti et quali appuyées par des spécialistes (psychanalystes, coachs, sociologues, journalistes modes…). La masculinité d’aujourd’hui serait donc incarnée par le Novocasual, comprendre l’homme “débarassé du carcan imposé par des modèles machistes ou ultra féministes” qui “reste lui-même en toute circonstance” mais “jongle avec 100 vies”, toujours “décomplexé par rapport à la beauté” (euh, c’est à dire ?). Patrick Dempsey, le Dr Mamour de Grey’s Anatomy, en est son incarnation (et pour la voix haut perchée, on fait quoi ?). Voici donc un joli concept fédérateur probablement plus pensé pour vendre davantage de crèmes de jour et gels pour les cheveux que pour la dimension sociologique d’un homme moderne qui se cherche encore un peu.

Je continue à penser qu’il manque le profilage d’une nouvelle génération d’hommes pourtant déjà très répandus, à la fois moins caricaturaux et beaucoup plus extrêmes. N’ayant pas sous la main des batteries de sociologues, j’ai décidé de mener l’enquête avec les moyens du bord.

hugh_jackman

Puisqu’il faut incarner, regardons du côté des stars jugées au top du hot par le dernier classement des hommes les plus sexys selon le magazine People. Le grand gagnant est Hugh Jackman. Tout juste 40 ans, marié, deux enfants adoptés, acteur, chanteur et danseur, plein d’humour et romantique, ultra viril dans Wolverine, méga cage aux folles dans sa comédie musicale “The boyz from Oz”, alternant les rôles testostéronés et les attitudes équivoques y compris en interview, un goût prononcé pour les scènes dénudées dont il sait qu’elles finiront en boucle sur le web, affolant aussi bien les femmes que les hommes. A tel point qu’une rumeur persistante sur sa sexualité ondule un peu partout et qu’il s’en amuse.


Hugh incarnerait donc bien un homme multiple mais jusque dans les extrêmes, sans se soucier de la rumeur, préférant placer la séduction au dessus de tout. L’ushuaïa de l’über en quelque sorte.

Et que dire du second du classement Daniel Craig, autrefois classifié dans le versant soft des übers ? Sa dernière croisade consistait à militer pour une histoire d’amour entre 007 et un homme dans le prochain James Bond et à réclamer une scène de nu frontal “pour faire plaisirs à la fois aux fans masculins et féminins”.
L’équivoque assumée serait donc une tendance de séduction masculine qu’on retrouve d’ailleurs assez bien en France du côté du sport parmi les joueurs de rugby, Michalak en tête, et de la natation.

Tout à mon enquête, j’ai regardé avec attention autour de moi ces dernières semaines pour me rendre à l’évidence : ces “equivhommes” sont là, dans la vraie vie. J’en ai notamment parlé à Benjamin, en couple depuis 10, passionné de hockey, de films de baston et de soirées entre potes mais aussi féru de sac à main et autres accessoires de mode. Il assume depuis toujours l’ambiguité de sa séduction, s’amuse avec sa copine de cette ambivalence masculin-féminin dont le rasage régulier du torse ne constitue qu’un attribut de l’ordre du détail. J’ai aussi observé dans le quotidien d’un Club Med en Turquie la place que la jeune génération masculine réserve aux comportements qui visent à plaire : la volonté d’attirer le regard de tous y compris d’une population gay, comme un gage de leur capacité d’attraction sur les femmes. Les mêmes qu’ils finissent par faire succomber malgré les tatouages à peine entrevus sur des parcelles de peau que seules leurs conquêtes pigmentaient il y a peu.

N’en déplaise aux marketeurs et sociologues de tout rang, l’homme nouvelle génération aurait donc tout simplement le courage d’assumer jusqu’au bout ses armes de séduction au-delà de finalité sexuelle. Ne s’agirait-il pas tout simplement de l’homme séducteur ?


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