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Suède : La littérature de la décennie sur le champ de bataille

Par Actualitté

De la fiction suédoise, bien évidemment, l'Europe a retenu Millenium, voire l'a découverte avec les romans de Stieg Larsson. Ce que les lecteurs savent probablement moins, c'est qu'un conflit ouvert sévit actuellement sur son avenir, comme un leitmotiv de la lutte des Modernes contre les Anciens.


Suède : La littérature de la décennie sur le champ de bataille

Le Dagens Nyheter, quotidien le plus distribué dans le pays, a accueilli récemment une tribune libre signée par sept auteurs Susanne Axmacher, Jesper Högström, Sven Olov Karlsson, Jens Liljestrand, Anne Swärd, Jerker Virdborg et Pauline Wolff. Leur Manifeste pour une nouvelle décennie de littérature dénonce les années passées, qui ont éclipsé « la narration pure », et entraîné un déclin de la diversité des livres. La frontière entre biographie et fiction s'estompe de plus en plus, autant que se multiplient les tentatives d'expérimentations formelles et linguistiques.
Les 7 ont exhorté à un retour au roman suédois traditionnel et une écriture plus diversifiée. Dans leur texte, Stieg Larsson n'est d'ailleurs pas très loin, comme l'instigateur d'une tendance. Ainsi, ils promettent de ne jamais écrire des livres sur des jeunes femmes préoccupées par l'amour et les produits de marque. De même qu'ils refusent, même sous couvert d'un pseudonyme de raconter comment un journaliste résout des mystères liés à des assassinats.
Ils frappent tout aussi bien les auteurs exploitant délibérément les histoires vraies ou vécues, le sensationnalisme lié à des personnes réelles, ou encore la dissimulation, sous couvert de fiction, de journalisme. « Nous voulons écrire des romans qui sont lus. Nous voulons offrir aux années 2010, une décennie qui raconte des histoires. »
L'affaire était entendue.
Mais voilà quelques jours plus tard, un autre regroupement d'auteurs se dresse. Ils sont 32 à répondre cette fois dans les pages du même journal, avec un « manifeste pour une littérature illégale ». Ils assurent qu'ils feront ce qui leur chante et ne tiendront pas compte des propositions faites par les 7, de même que la littérature jeunesse l'avait déjà revendiqué. « Le potentiel illimité de la prose fictionnelle est une forme d'art comme une autre », assènent-ils. « Nous voulons écrire des livres qui seront lus, abîmés et arrachés de colères des mains du contribuable, empruntés, discutés, distribués au plus grand nombre, cités, imités et traduits. »
Enfonçant la porte fermée et verrouillée, ils ravagent tout sur leur passage. « Le roman suédois a les yeux bruns et les cheveux noirs, il est chauve, aux yeux verts, aveugle et avec un nez crochu. Il porte un recueil de poésie dans la poche de sa chemise et un passeport dans celle de son jean. Il peut se confondre avec les sermons, les émissions de comédies, les annuaires téléphoniques, les guides, les manuels ou les logiciels. »
La guerre est déclarée. Vae victis...


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