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L'avenir peu désirable du socialisme français

Publié le 16 septembre 2009 par Roman Bernard
L'avenir peu désirable du socialisme françaisElle prétendait vouloir révolutionner la politique. Dénonçant avec parfois quelque pertinence les blocages de la démocratie représentative, indirecte, elle voulait lui substituer une démocratie directe, participative. Elle s'inscrivait sans le savoir dans la tradition césariste, et croyait avoir trouvé dans la Toile le terrain d'une rencontre entre le peuple et son chef charismatique, qui dans son esprit ne pouvait être qu'elle. Elle ringardisait ses adversaires du Parti socialiste, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, qui n'avaient pas su exploiter, comme elle, les nouvelles technologies pour asseoir leur candidature. Désignée triomphalement par les militants socialistes candidate à l'élection présidentielle, elle pensait incarner le peuple cybernétique contre le représentant naturel de la droite gestionnaire et oligarchique, Nicolas Sarkozy.
Sa défaite contre celui-ci, beaucoup plus serrée que ce que l'on aurait pu attendre, ne la désarma pas. N'avait-elle pas, de son côté, ce qu'elle n'osait pas appeler le « pays réel », et qui était en fait virtuel ? La blogosphère lui avait en effet été très favorable dans la campagne, Nicolas Sarkozy y étant très attaqué, peu défendu.
Aussi, bien que battue, Ségolène Royal s'engageait dès le lendemain de l'élection présidentielle dans la bataille pour s'imposer au Parti socialiste et incarner à nouveau l'alternance cinq ans plus tard, et ne plus devoir composer avec l'opposition interne des « éléphants » pour faire campagne. S'imposer à la tête du parti pour avoir les mains libres, comme Sarkozy avait su le faire à l'UMP. Pour 42 voix, au terme d'un scrutin entaché de fraudes massives, Ségolène Royal a perdu la première étape de son pari, et dû reconnaître la victoire de la nouvelle première secrétaire, Martine Aubry. Rien de tel, pour court-circuiter à nouveau l'appareil, que de revenir à la stratégie qui lui avait permis de s'imposer en 2006 : le contournement par le Web, où elle continuait à disposer d'un important vivier de militants dévoués.
Rien de tel, pour se relancer sur le Web, que de relooker son site, en conservant le nom qui avait fait son succès lors des primaires socialistes : « Désirs d'Avenir ».
C'est lorsque l'on retrace l'itinéraire de Ségolène Royal depuis son accession à la présidence du Conseil régional de Poitou-Charentes, en 2004. Le fait qu'elle ait battu à plate couture un ancien Premier ministre et un futur directeur général du FMI pour représenter le Parti socialiste à l'élection présidentielle. Élection qu'elle aurait bien pu remporter. Qu'enfin elle a échoué à 42 voix du premier secrétariat du Parti de la Rose. Qu'on comprend, en voyant la nouvelle version du site (cf. capture d'écran), que le socialisme, si désireux d'avenir qu'il puisse être, n'a plus guère de futur en France. Laquelle, pour avoir été près d'élire une candidate aussi brouillonne à la présidence de la République, n'en a peut-être pas davantage...
D'abord, le site a beaucoup de difficultés à s'afficher. Une fois l'onglet ouvert, on constate que celui-ci s'appelle « index », au lieu, comme sur les autres sites, de mentionner le nom (ici « Désirs d'Avenir »). On remarque également qu'il est impossible de s'abonner au flux RSS des actualités du site, ce qui pose quand même un problème, en 2009. Le titre et le sous-titre, écrits dans une police indéfinissable, laissent augurer du reste, catastrophique : au beau milieu d'un improbable paysage de prairie, surplombé d'un ciel nuageux, trône, grotesque, une vidéo pixellisée, à déclenchement automatique (et qui finit par s'arrêter, laissant s'afficher une image fixe), agrémentée de menus à la typographie hasardeuse (« Désirs d'Avenir » écrit en minuscule, sur la droite), et surtout à la hiérarchie complètement inexistante.
Avec Ségolène, la terre ne ment pas, le ciel non plus. Rien ne ment avec Ségolène, puisque son premier menu à droite est consacré au rétablissement de la « vérité ».
On ne dira jamais assez combien tout, dans le parcours politique de Ségolène Royal, témoigne d'un « retour du refoulé » freudien, tout, dans son attitude, justifie l'intuition de Pierre Bourdieu, qui pensait que cette politicienne est viscéralement de droite.
Ségolène Royal, qui fait don de sa personne à la France puisqu'elle n'hésite pas à s'excuser des erreurs des autres, Ségolène, donc, c'est Pétain habillé par Paule Ka.
On imagine sans peine, en faisant face au regard bovin et obligatoire de Ségolène Royal, que le Maréchal n'aurait pas renié cette prairie, ni la charolaise y paissant.
Le malheur, c'est que cette femme continue malgré tout à incarner une alternance crédible à la droite sarkozyenne. N'avait-elle pas été donnée battue, avant le Congrès de Reims, l'an dernier ? Sa motion l'a presque emporté, seule contre toutes.
Il n'est donc pas totalement exclu que Ségolène Royal finisse par présider la République française. Avec sans doute la même incompétence et le même népotisme (confier la réalisation du site à son nouveau compagnon pour... 41 600 euros).
Au-delà de la franche rigolade qu'inspire un tel site Web, difficile de se réjouir de ce que le vichysme revenant puisse arriver en 2009 à prétendre parler pour l'avenir.
Roman Bernard

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