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Afrique, bonus ou santé, Sarkozy radote.

Publié le 17 septembre 2009 par Juan

L'hyper-président est clairement de retour: chaque jour, Nicolas Sarkozy apparaît à nouveau capable d'occuper le terrain sur des sujets aussi divers que le G20, l'Iran, la santé en Afrique ou les tests ADN. Communiquer plus pour agir moins ? A y regarder de plus près, la tartufferie fait sourire, ou pleurer. Sarkozy n'agit plus, il radote. Mais il est là, partout, tout le temps.
Au G20, rien ne changera
Mardi, après une réunion Ump-umpiste avec les députés de son clan, Nicolas Sarkozy recevait Gordon Brown. Il a fait (evidemment) savoir qu’il en avait profité pour « mettre la pression » sur Barack Obama en l’appelant conjointement avec son homologue britannique. Le Figaro relaye (évidemment) l’information, photo à l’appui d’un Nicolas Sarkozy devant son bureau, un téléphone à la main. Quelle info ? Ils ont parler … 30 minutes du G20 et de l’Iran. On imagine l’échange :

"Hello Barack, its Nicolas speaking. I am with Gordon. How are you ?"
“Fine, and you ?”
"Moi et Gordon voulions nous assurer que tu étais favorable à une régulation des bonus bancaires."
"Sure, sure… Haven’t you listen to my discourse yesterday in Wall Street ?"
"Euh… Non… T’as dit quoi ?"
"I said that “normalcy cannot lead to complacency.”"
"Ah… ok ok ok. Je suis désolé, j’étais en conférence de presse toute la journée."
Quelques instants plus tard, le communiqué élyséen tombait : "Les deux chefs d’Etat ont réaffirmé leur volonté de mettre en œuvre pleinement les décisions prises à Londres. Ils sont convenus de travailler en étroite coordination pour que la réunion de Pittsburgh soit un succès et permette de prendre de nouvelles décisions pour assurer une croissance durable et équilibrée, pour renforcer le système financier international et pour réformer et rendre plus efficaces les institutions financières internationales."
Un peu plus tard, lors de sa conférence de presse commune avec le premier ministre britannique, le Monarque a eu ces deux phrases incompréhensibles et magiques :
« Je dois la vérité de dire qu’on a une très grande communauté d’analyse »
« On n’est pas trop d’être plusieurs pour trouver les moyens d’en sortir »
Oserait-on rappeler que Nicolas Sarkozy est Président ?
En Françafrique, l'humanitaire absent...
Mercredi, Nicolas Sarkozy recevait des organisations non gouvernementales. Il a tenu à les rassurer que, dixit le communiqué officiel, "la France était et resterait profondément engagée auprès des pays en développement, en particulier ceux d’Afrique. Notre effort en matière d’aide publique n'a cessé d'augmenter au cours des deux dernières années, passant de 0,37% du PIB en 2007 à 0,44% en 2009. La France reste ainsi le 2e contributeur au sein du G8 en part relative et le 4e contributeur mondial en valeur absolue. Elle maintient le cap pour atteindre d’ici 2015 l’objectif fixé par les Nations Unies de 0,7%."
Mercredi toujours, la Banque mondiale lançait un cri d'alerte : il manquerait 11,6 milliards de dollars aux pays pauvres pour financer des dépenses cruciales telles la santé, l'éducation, la protection sociale et les infrastructures. Le même jour, Bernard Kouchner s'est félicité d'un soutien britannique au principe d'une taxe sur les transactions financières pour financer l'aide au développement: "Je crois beaucoup dans cette contribution solidaire internationale sur les mouvements d'actifs mobilier pour financer le développement et je défends ce principe depuis longtemps, depuis Médecins sans frontières. Lorsque j'étais ministre dans le gouvernement de Lionel Jospin, c'est même une proposition que j'avais faite." Faudrait-il crier victoire ? Non. Bernard Kouchner reconnaît, dans le même entretien aux Echos, que Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde lui ont demandé d'attendre... Encore une annonce pour ne rien dire.
En Europe, rien ne change
Mercredi encore, José-Manuel Barroso a été confirmé, sans surprise, président de la Commission Européenne, par 382 voix sur 718 exprimées (18 députés européens manquaient à l'appel). 117 parlementaires se sont abstenus, et 219 ont voté contre. Le groupe socialiste s'est divisé. Au grand dam des socialistes français, une majorité s'est dégagée pour décider ... de s'abstenir de voter contre Barroso. Quel courage ! Le président du groupe socialiste, Martin Schulz, espère le soutien du camp conservateur pour prendre le relais de la président du Parlement dans 2 ans et demi. Sarkozy est ravi. Il a rapidement félicité l'heureux élu. Il y a 5 mois, il faisait croire qu'il fallait que Barroso fasse preuve de davantage d'initiative et précise son programme. Quelques semaines avant les élections européennes de juin dernier, il avait même expliqué que la validation de Barroso ne saurait intervenir avant le nouveau référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne en octobre. Ce temps là est révolu. Sarkozy avait menti. En juillet, les élections passées, il affichait son soutien inconditionnel à Barroso. En septembre, le Parlement européen suit. La gauche socialiste est divisée.
La visite de trop ?
Vendredi, Nicolas Sarkozy a prévu de visiter un hôpital, l'établissement Paul-Brousse, à Villejuif, dans le Val-de-Marne. Les syndicats protestent sur les conditions imposées au personnel hospitalier et aux patients. Elles semblent hallucinantes, et symptomatiques d'une équipe élyséenne effrayée par le moindre débordement, même individuel, qui viendrait ternir l'image précadrée, précastée, prémachée d'un Monarque en déplacement dans une Sarkofrance à l'écoute: outre le coût de cette opération touristique sarkozyenne, l'hôpital est immobilisé: consultations au centre de transplantation hépatique annulées, mise en congés de personnels médicaux. Ceux qui viendront travailler "devront présenter une pièce d’identité, leur carte professionnelle, et une fiche de paie" selon un représentant de Sud. Les coulisses des déplacements présidentiels en Sarkofrance ne lassent pas de surprendre. Imaginez qu'en plus, les quelques médecins et infirmiers autorisés à rester sur place aient été castés en fonction de leur taille... Ensemble, tout est possible, n'est-ce pas ?
L'influence de Carla sur les tests ADN
Quand Eric Besson, le ministre de l'identité nationale, expliqua son impossibilité "technique" à appliquer les tests ADN pour le regroupement familial, le Monarque prit sa défense, mardi, devant quelques 300 députés UMP conviés à l'UMP (quelqu'un s'est-il demandé combien coûtaient ses agapes élyséennes réservées au clan UMP ?). Le journaliste Jean-Michel Bougereau, du Nouvel Obs s'interroge (*): "En son temps Charlie Hebdo et SOS Racisme avaient lancé une pétition contre l'amendement du député UMP, Thierry Mariani, qui instaure l'utilisation des tests ADN pour prouver une filiation dans le cadre du regroupement familial. Ce texte avait réuni plus de 310.000 signatures et parmi elles, celle de "Carla Bruni, chanteuse" qui n'était pas encore Madame Bruni-Sarkozy. De là y voir la nouvelle position du Président comme un des nombreux effets Carla, il y a une toute petite marge pour la parano des députés UMP". Les députés UMP en avaient gros sur la patate. Eric Besson n'est qu'un sarkozyste récent. Qu'il se permette, tout ministre qu'il est, de désavouer une loi votée par la représentation (UMP) nationale les a brusqué. Nicolas Sarkozy a, comme d'habitude, remis de l'ordre dans son camp. L'UMP est tenue en laisse, en toute franchise et sans complexe.
Ami sarkozyste, où es-tu ?

(*) merci à Irene Delse pour l'alerte.

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