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ROTHFUSS Patrick - Le nom du vent : Shuden. Le trente-cinq du mois.

Par Livrement

nomduvent

Titre : Le nom du vent (Chronique du tueur de roi, Première journée tome 1)
Auteur : Patrick ROTHFUSS
Note : 6. Livre avec entrée au Panthéon
L'histoire commence à la "Pierre Levée". Cette auberge appartient à un très discret Kote. Ce lieu, comme beaucoup d'autres, possède tous les atours d'un cadre où naissent les légendes. Par la suite, elles sont modifiées puis embellies. Mais si finalement, le héros qui connait ses balbutiements du bout des lèvres des habitués de l'endroit, n'était autre que le tavernier lui-même? Kote n'est pas ce qu'il prétend être même si la flemme au fond des ses yeux, s'est éteinte. Serait-il "un grand magicien, un voleur accompli, un musicien professionnel et également un infâme assassin" ?
Le roman de Rothfuss nous propose une densité de l'imaginaire à couper le souffle. Sa très belle plume se révèle fluide et rapide. C'est la métaphore des poupées gigognes russes. Les émotions sont écrites avec une justesse confondante. L'univers est cohérent, il est fouillé et complet. Les concepts de sympathisme et d'arcanisme (respectivement, tours de passe-passe faciles et véritable magie) développés sont prodigieux. Ce livre permet de réconcilier avec "l'essence" de la fantasy, les liens sont puissants entre traditions et merveilleux.
Le récit est captivant du début à la fin, cette histoire cuisinée aux petits oignons vous donne envie de lire, avec la bave en coin de bouche. L'écriture est très vivante car elle n'est pas encombrée de longues descriptions; elle s'avère rehaussée par des dialogues tantôt enlevés, tantôt piquants, drôles ou intelligents.
L'histoire développée à la première personne est un choix dangereux mais judicieux ici car ce mode colle parfaitement au récit et à l'ambiance voulue. Cette chronique peut sembler tour à tour familière et étrangère de par la proximité ressentie avec le personnage principal. Nous sommes emportés dans un autre monde: l'écriture nous transporte, les émotions nous touchent. Cette initiation d'un héros se fait, sans orc, sans elfe et sans quête cruciale d'un objet magique. La pauvreté est un thème très peu développée dans les récits de fantasy: la quête de l'argent se révèle pour Kothe, cruciale, pour payer logis, nourriture et frais d'études.

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Critique approfondie


"°º•  Tout commença, là.


L'histoire commence à la "Pierre Levée". Cette auberge appartient à un très discret Kote. Ce lieu, comme beaucoup d'autres, possède tous les atours d'un cadre où naissent les légendes. Par la suite, elles sont modifiées puis embellies. Mais si finalement, le héros qui connait ses balbutiements du bout des lèvres des habitués de l'endroit, n'était autre que le tavernier lui-même? Kote n'est pas ce qu'il prétend être même si la flemme au fond des ses yeux, s'est éteinte. Serait-il "un grand magicien, un voleur accompli, un musicien professionnel et également un infâme assassin" ?
Chroniqueur, scribe de métier s'est arrêté à la Pierre Levée. Sans aucun doute, il reconnait en ce Cheveux Roux Feu, un illustre héros dont le monde connait ses légendes. Derrière l'œil vitreux de Kote, il y découvre l'Homme.
Un pacte est scellé. Contre la volonté de Chroniqueur d'écrire sa biographie en un jour, Kote force l'ultimatum. Trois jours ou rien.
Et de ses premiers mots, Kothe nous apparait. Nous le suivons dès ses premiers pas où il voyage avec la troupe des Edema Ruh (comédiens itinérants de la Cour). Ces artistes sont des amoureux des mots, pas des arracheurs de dents et ramasseurs de petites monnaies. C'est de vert et de gris, qu'ils voyagent sous la bannière du seigneur GreyFallow pour jouer leurs arts.
Kothe raconte alors sa vie. La vraie, pas celle des légendes.  Pas de lyrisme, pas d'emphases épiques et autres figures de style. Kothe nous emmène dans son récit sans fioriture. Nous partageons ses premiers instants à l'enfance, puis à l'adolescence et observons les évolutions de cet homme. On suit ce croquant dans son quotidien, dans ses péripéties. Et s'ouvrent à nous, des pages d'aventures et d'émerveillements.
Ce roman est celui d'apprentissage. Les rebondissements sont nombreux, nous n'assistons pas à du "fantasy moyen". La richesse de cette chronique est de connaitre ce qui fait l'homme: la rudesse, les souvenirs, les coups, les émotions.
Malgré ses dons et ses facilités, Kothe se révèle être un être normal : il doit apprendre à se débrouiller dans la vie malgré les catastrophes et les drames. On le suit avec les caractéristiques qui font de Kothe un personnage tellement vivant ! Emotions, faiblesses, qualités, schéma de réflexion, fonctionnement de vie. L'homme est humble, il conte et raconte sa vie: ses déboires et ses succès teintés. On le suit dans la ville de Tarbean où il apprend l'école de la vie. Puis, on marche dans ses menus pas pour récolter de l'argent. Il doit faire face à ses ennemis, aux adorateurs du Dieu Tehlu. Et puis, un rêve. Celui d'intégrer l'université de magie: l'Arcanicum. Plein de courage et d'audace, ce n'est pas l'entretien verbal qui lui causera le plus de soucis.
On y découvrira que sa quête n'est pas celle d'un objet crucial mais bien celle de l'argent. Comme vous et moi, il a besoin de la monnaie céald pour vivre. Et les temps ne sont pas faciles pour un Kothe perdu et solitaire... Son obsession pour les Chandrians nous enverra sur des chemins torturés. Les nombreux revers de la fortune et du succès feront prendre à Kothe le sens des réalités et le feront se questionner sur ses besoins profonds.
Bien évidemment, au programme, nous aurons le droit à : l'humour, l'amour, la beauté, le courage, le désespoir, la violence, la musique, la beauté et la magie. Les rencontres forgeront Kothe, vous y découvrirez... "Skarpi le conteur, Abenthy l'arcaniste, Loreen le maitre archiviste et ses pairs; Kilvin artificier, Arwyl médecin, Elxa Dal sympathiste et Elodin, le maitre nommeur; celui qui connait le nom de toutes choses ; les septs mots qui rendent une femme amoureuse de vous, la magie du tonnerre et du feu, celle de Taborlin le grand"
"°º•  Plein de gens captivants

Kothe
Dans ce livre, il y a... des filles. Denna, une princesse en détresse, sauvageonne et indépendante. Auri, une offrante de rêves en bouteilles et de poussière de nuages en sel, la simplicité à l'état pur. Il y aussi la grande réchappée Fela qui n'a de yeux que pour Kothe. Il y a des hommes, des vrais. En passant de Kewel à Simmon, les amis fidèles. D'ambrose jeune coq noble à Abenthy, l'érudit. Il y va bien entendu Kote, les Edema Ruh, ces artistes ambulants. Bast, l'apprenti de Kothe et Chroniqueur, personnage du présent.
Et nous n'avons d'yeux que pour l'Arcanicum, la prestigieuse école de magie.
Et puis, il y a Kote, l'ombre de Kothe. Et Kothe, le héros de tous les temps.
La simplicité des personnages avec leurs qualités et leurs défauts est appréciable. Nous n'avons aucun stéréotype et tous sont attachants. Nous sommes happés par ces personnages, par l'aventure, par le rythme. L'histoire sonne juste car nous suivons le personnage de Kothe jusqu'au bout : la tendresse, la joie mais aussi la pitié.


"°º•  Que du Bon.

photorothfuss
C'est court, c'est concis, c'est offert par Bragelonne :
Patrick Rothfuss vit dans le Wisconsin, où il enseigne à l'université. À ses heures perdues, il tient une chronique satirique dans un hebdomadaire, pratique la désobéissance civile et tâte de l'alchimie. Il aime les mots, rit souvent et refuse de danser. Le Nom du Vent est son premier roman.
Bragelonne a fait de la publicité à coups, non pas de pelle, mais de bulldozer ?
Et bien, oui. Et il mérite tout le buzz que l'on fait autour de lui.
On le compare avec les maitres américains de la fantasy? Ok.
Mais sincèrement, Rothfuss qui s'avère un grand inconnu pour moi est une superbe surprise. C'est un doux poète dont le style mérite sa renommée. Ce premier roman mérite les éloges reçues.
Et je vais vous dire pourquoi :
Le roman de Rothfuss nous propose une densité de l'imaginaire à couper le souffle. Sa très belle plume se révèle fluide et rapide. C'est la métaphore des poupées gigognes russes. Les émotions sont écrites avec une justesse confondante. L'univers est cohérent, il est fouillé et complet. Les concepts de sympathisme et d'arcanisme (respectivement, tours de passe-passe faciles et véritable magie) développés sont prodigieux. Ce livre permet de réconcilier avec "l'essence" de la fantasy, les liens sont puissants entre traditions et merveilleux.
Le récit est captivant du début à la fin, cette histoire cuisinée aux petits oignons vous donne envie de lire, avec la bave en coin de bouche.
L'écriture est très vivante car elle n'est pas encombrée de longues descriptions; elle s'avère rehaussée par des dialogues tantôt enlevés, tantôt piquants, drôles ou intelligents.
L'histoire développée à la première personne est un choix dangereux mais judicieux ici car ce mode colle parfaitement au récit et à l'ambiance voulue. Cette chronique peut sembler tour à tour familière et étrangère de par la proximité ressentie avec le personnage principal. Le récit de vie est entrecoupé d'interludes: ces moments du présent où nous revenons à la taverne pour que les personnages posent les questions... qui nous viennent à la bouche. Les formes d'organisation sociales sont harmonieuses et réalistes. Tout ceci donne un poids supplémentaire au roman de Rothfuss.
Nous sommes emportés dans un autre monde : l'écriture nous transporte, les émotions nous touchent. Cette initiation d'un héros se fait, sans orc, sans elfe et sans quête cruciale d'un objet magique. La pauvreté est un thème très peu développée dans les récits de fantasy: la quête de l'argent se révèle pour Kothe, cruciale, pour payer logis, nourriture et frais d'études.
"°º•  Des trucs. Sympa ou pas.
Moi, j'ai la superbe édition. La hardcover, avec l'illustration magnifique (de Marc Simonetti) sur la jaquette, la couverture en cuir, et le bon dans le dedans des pages. Et le tout, pour 30€. Oui, je me suis faite plaisir.
L'édition brochée, cependant sera bientôt disponible pour 20€. Le format poche? Ne m'en parlez pas, je n'en ai aucune idée.
J'ajouterai qu'il n'a rien à redire à la traduction de Colette Carrière et que les titres des chapitres ne révèlent rien... ils ne sont compréhensibles qu'après lecture dudit chapitre. Et ça, j'apprécie !
Mais, le problème avec ce livre, c'est que même si la fin n'est pas brutale on reste quand même sur sa faim. On a la sensation de manque. Et on attend le prochain tome avec impatience. Pas de bol, parce qu'il n'est pas du tout prêt. Le premier jet manuscrit du tome 2 est tout juste terminé. La sortie du prochain tome ne sera pas avant automne 2010 (nous informe Pat du blog Fantasy Hotlist, qui a diné avec Patrick Rothfuss).
Ce dernier est certain de ce qui se joue avec ses Chroniques et peaufine son roman. Il explique même son retard ici. Alors imaginez, si la date de la VO n'est pas fixée, je vous laisse libre choix quant à fixer celle de la version française... Si vous attaquez ce premier tome, vous êtes prévenus: mordez-vous les doigts forts et jusqu'au sang pour attendre le tome 2 VF.
¤ Mais pour te faire envie, lecteur, voici les premières pages en lecture gratuite ici.
¤ Le roman est présenté par Stephane MARSAN, directeur éditorial des éditions Bragelonne ici.
Et pour tous ceux qui s'apprêteraient à me parler de comparaison avec Harry Potter... Clic, bande d'ingrats.



Et si c'était réellement LE roman fantasy de l'année?


"°º•  Des extraits (car tu aimes ça, lecteur)


Mon nom est Kvothe, ce qui se prononce presque comme "Quoth". Les noms sont importants, car ils en disent long sur une personne. J'ai moi-même eu bien plus de noms qu'on a le droit d'en porter.
Les Adems m'appellent Maedre. Ce qui, selon la façon dont on le prononce, peut vouloir dire « La Flamme », « Le Tonnerre » ou « L'Arbre fendu ».
    « La Flamme », c'est évident à peine m'a-t-on aperçu. Mes cheveux sont d'un roux flamboyant. Si j'étais né quelques siècles plus tôt, on m'aurait sans doute pris pour un démon et brûlé vif. Je les coupe court, mais ils sont d'une nature rebelle. Dès que je les laisse pousser, ils se hérissent et on dirait que j'ai pris feu.
    « Le Tonnerre », je l'attribue à ma voix de baryton et au fait que j'ai arpenté les tréteaux des théâtres dès mon plus jeune âge.
    Je n'ai jamais trouvé que « L'Arbre fendu » soit très significatif. Bien que, avec le recul, j'imagine que l'on pourrait considérer ce surnom comme en partie prophétique.
Mon premier mentor m'appelait E'lir, parce que j'étais malin et que je le savais. Ma première véritable maîtresse m'appelait Dulator parce qu'elle en aimait la sonorité. J'ai aussi porté le nom de Shadicar, de Doigts légers et de Six Cordes. On m'a aussi appelé Kvothe, Celui qui ne saigne pas, Kvothe l'Arcaniste, Kvothe le Tueur de Roi. Tous ces noms-là, je les ai gagnés. Je les ai mérités et j'ai payé pour chacun d'entre eux.
Mais j'ai grandi sous le nom de Kvothe. Mon père m'a dit une fois que ça signifiait « savoir ». Bien entendu, on m'a donné bien d'autres noms. La plupart étaient fort grossiers, mais ils n'étaient pas souvent usurpés.
J'ai libéré des princesses retenues dans les tumulus de rois. J'ai incendié la ville de Trebon. J'ai passé une nuit en compagnie de Felurian et m'en suis sorti la vie sauve et en possession de tous mes esprits. J'ai été chassé de l'Université à un âge où la plupart n'y sont pas encore admis. J'ai suivi des pistes au clair de lune que personne n'oserait même évoquer en plein jour. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui tirent les larmes aux ménestrels.
Vous avez sans doute entendu parler de moi.
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Abenthy : Arcaniste extraordinaire.
Scribe. Sourcier. Chimiste. Dentiste.
Denrées rares. Solutions à tous vos mots.
Objets perdus retrouvés. Réparations en tout genre.
Pas d'horoscopes. Pas de philtres d'amour.
Pas de malfaisance.

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Ce qu'il avait fait après était différent. Il avait appelé le vent et le vent était venu. C'était magique. De la vraie magie. Le genre de magie dont j'avais entendu parler dans les histoires de Taborlin le Grand. Le genre de magie auquel j'avais cessé de croire à l'âge de six ans. Et maintenant, je ne savais que croire.
Alors, je l'ai invité à rejoindre notre troupe, espérant trouver réponse à mes questions. Bien que je l'ai ignoré à l'époque, ce que je cherchais, c'était le nom du vent.


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D'autres avis disponibles chez:
¤ Librairie Critic,
¤ Le Troquet du Nain,
¤ Elemnium.


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