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Chronique d'un désastre annoncé 2

Publié le 20 septembre 2009 par Sectionpslyon5

 

Chronique d'un désastre annoncé 2
L’hyper-présidence expliquée ou le petit lexique de la doctrine sarkozyste

 

Episode II : Droit d’inventaire sur le vampirisme médiatique à la sauce Sarkozy

Après presque 2 ans d’exercice du pouvoir central, le constat faisant état de la mainmise du Président de la République sur les médias est sans appel. Beaucoup le redoutaient, c’est maintenant une réalité incontestable. Il est d’ailleurs peu évident de ne pas se lancer dans une énumération des points témoignant de cette dérive. Lorsque l’on regarde les différents classements sur la liberté de la presse, faits par Reporters Sans Frontières, on constate qu’en 2008 la France occupe le 35ème rang, derrière le Mali, le Surinam ou encore l’Autriche. Le plus édifiant reste la dégringolade de notre pays dans ce classement depuis 2002. Classée au 11ème rang en 2002, la France ne cesse de s’enfoncer dans l’irrespect de la liberté de la presse. La démocratie française ne s’exprime plus dans les médias et le pouvoir central ne semble pas prompt à changer la situation. Le tri des journalistes lors des conférences présidentielles, la Loi sur les nominations dans l’audiovisuel public, l’occupation de l’espace médiatique en permanence ne font qu’aggraver cette déformation de l’utilisation des médias. N’oublions pas que la totalité des grands groupes médias du pays sont tenus par des amis ou des proches de Nicolas Sarkozy (M. Bouygues, témoin de mariage et parrain du fils Sarkozy, contrôle TF1, LCI, TPS, etc. ; M. Bolloré, ami de M. Sarkozy, contrôle Havas Média, Direct8, etc. ; M. Lagardère, considéré comme un frère par M. Sarkozy, contrôle Europe 1 et 2, RFM, Paris Match, etc. ; la liste est encore longue). A titre de comparaison, le temps de parole présidentiel a triplé depuis l’accession de M. Sarkozy à la fonction suprême, passant de 7% sous messieurs Mitterrand et Chirac à 22% sous M. Sarkozy (chiffres CSA), sans être sanctionné. Ce temps de parole est décompté par tiers pour le gouvernement, la majorité parlementaire et l’opposition. Actuellement, le temps de parole dans les médias est donc de 66% pour l’UMP, auquel on ajoute le « bonus » de 22% du temps de parole présidentiel. 88% de temps médiatique, ça fait froid dans le dos. A quand le parti unique dans notre pays ?

Les conséquences de cette omniprésence médiatique sont graves et dangereuses pour la stabilité démocratique du pays. Outre l’abrutissement des masses, cette omniprésence déplace les débats d’idées dans la rue et les transforme en conflits, ce qui fait disparaître les corps intermédiaires et génère une violence de plus en plus dure et incontrôlable. Ce contrôle des acteurs de diffusion et de critique de l’information n’a pour but que la conservation du pouvoir et la destruction des formes d’oppositions formelles. Cette démarche entraîne une disparition du processus démocratique en discréditant son expression hors des phases électorales.

Malgré cette omniprésence, des moyens de lutte légaux existent encore pour combattre cette dérive oligarchique des médias français. Tout d’abord, un vrai militantisme de terrain est la première solution pour rivaliser contre l’écrasante présente du pouvoir central. Il est important d’occuper les espaces d’expression publique, de s’impliquer dans le tissu associatif et syndical. Il est essentiel de ne pas négliger les nouveaux lieux d’expression publique tirés d’internet (forums, blogs, chats de discussion, etc.). Au plan légal, une réforme du temps de parole médiatique doit être menée pour que le CSA rééquilibre l’expression politique dans les médias. Il est important de comptabiliser le temps de parole présidentiel. Il est capital de permettre aux différents partis d’opposition de pouvoir accéder aux médias, afin de laisser aux citoyens le choix de l’information et de permettre l’expression politique plurale dans notre pays.

Kévin GARNERIN


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