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Clearstream : une Comédie Française

Publié le 22 septembre 2009 par Yvesd

comedie-francaise-sous-revolution-250958.jpgLe procès Clearstream est une aubaine pour tout le monde. Une aubaine pour les médias qui ont autre chose à narrer que les crapoteuses parties de chasse à l’Afghan dans la jungle calaisienne, une aubaine pour les blogs ricaneurs et insolents qui tiennent enfin un bon feuilleton.

C’est évidemment une aubaine pour les sarkozistes comme pour l’opposition qui peut crier à l’ingérence présidentielle dans les affaires judiciaires. C’est surtout une aubaine pour le dernier carré des vétérans du chiraquisme qui peuvent applaudir la performance théâtrale de leur ultime héros.

Mais c’est d’abord une aubaine pour le théâtre en général dont devrait notamment profiter le temple subventionné de la tragédie classique, paradoxalement connu sous le nom de « Comédie Française ».

C’est en tous cas ce qu’ont du penser les sociétaires de la « Maison de Molière » en regardant Villepin, entouré de ses proches et de ses féaux, nous déclamer hier à la télé : je suis ici par la volonté d’un homme… Même que Josette en était toute retournée et que Marcel a bien failli en avaler sa (vraie) galette-saucisse vespérale de travers et d’émotion.

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Putain ça le faisait trop ! On aurait presque dit du Sarah Bernhardt de la grande époque. Les ombres de Phèdre, de Britannicus, de Polyeucte et d’Iphigénie planaient sur le prétoire. Manquait plus que Sarko as-tu du cœur ? ou pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?… Du coup, LE sujet de dissert’ 2010 du bac français sera sans nul doute : Villepin peint les politiques tels qu’ils devraient être, Sarko tels qu’ils sont…, « Restons Correct ! » prévient les futurs candidats.

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Il serait idiot de bouder le plaisir de voir ainsi remises à l’honneur les plus belles pages de la littérature classique. Pour autant il est juste de rappeler ce que tous ceux qui ont tenté de lire Le Cri de la Gargouille savent : question littérature Villepin c’est du mauvais Victor Hugo, pas du Corneille de bon aloi. Le jeu est outré, le style est ampoulé, la rime est pauvre et la versification besogneuse.

Je suis ici par la volonté d’un homme… c’est encore plus pompier et beaucoup moins pertinent compte tenu des circonstances que ne l’aurait été le bon appétit messieurs, ô ministres intègres… de Ruy Blas (Acte III, Scène 2).

Reste évidemment à savoir si les juges apprécieront ou non que ce procès soit transformé en Bataille d’Hernani par son principal et si romantique prévenu.


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