Le requin et la mouette

« Libérés de bien des préjugés, nous restons paralysés par l’angoisse et la peur. Oublieux des batailles livrées au fil des siècles, l’homme contemporain semble désemparé devant ce sombre et eternel présent, fascinant et en même temps désespérant. Le monde, aujourd’hui, ne se complait-il pas dans sa prétendue impuissance ? Elle lui évite d’avoir à se poser la question qu’il croit sans réponse possible, de ses fins. La classe politique, trop souvent, goûte le confort d’un jeu de rôles dans lequel la majorité regrette son impuissance, tandis que l’opposition stigmatise son manque d’imagination. Quant aux individus, ils troquent sans trop de difficultés, pour nombre d’entre eux, la liberté contre le confort de l’irresponsabilité. (…). Notre rêve universel et humaniste ne peut être compris que si nous refusons l’idée d’un Occident tourné vers la seule satisfaction de ses désirs et prompt à désigner des boucs émissaires. Notre message des droits de l’homme doit vivre au service de tous les peuples, ce qui veut dire servir la paix face aux crises, la justice face aux inégalités, et prendre le vrai risque de l’humanité qui est celui du partage. Aujourd’hui, nous avons un devoir de compassion et de résultat. Il faut étreindre la réalité dans sa diversité et sa complexité. En ces temps de révolution, cette tâche est la nôtre, celle de chacun d’entre nous. Les noces du requin et de la mouette ne sont rien d’autre qu’une esquisse de ce nécessaire réenchantement du monde. (..) Y’a-t-il époque plus passionnante, plus bouleversante que la nôtre ? Où l’homme peut imaginer redevenir maître de son destin, choisir sa vie. Où tous les peuples du monde veulent croire à cette utopie devenue réalité : la fraternité ».

Quelques mots tirés d’un livre paru en 2004 d’un homme politique qui traverse actuellement une période judiciaire délicate. Quelques mots qui ont à mes yeux une résonnance particulière et portent en eux un sens : faire individuellement et collectivement le choix du monde que nous voulons.