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Retour sur plantes médicinales et leurs pratiques traditionnelles en milieu peule... par Oumar N'Diaye

Publié le 23 septembre 2009 par Bababe

 Je peux affirmer par mes convictions d’enfant peul qu’une société qui se détourne de ses traditions est à l’image d’une civilisation qui se dénude de ses vérités... Retour sur plantes médicinales et leurs pratiques traditionnelles en milieu peule... par Oumar N'Diaye

 Si l’homme peul reste perçu comme un vaillant guerrier, il perpétue la tradition du grand dépositaire et praticien d’une médecine traditionnelle et  millénaire.

Dans la douceur des nuits d’été occidental, loin de ma terre natale, celle des bergers peuls confidents des nuits de  transhumances épuisantes,  je me laisse abandonner  dans la force de mes souvenirs d’enfance, riche de rencontres et des témoignages.

Seul dans l’ombre du soir, la pensée bercée par la solitude, le cœur serré par le poids de l’émotion, de la tristesse et d’interrogation sur ce qui restera de poignant et de transmis sur la l’art de la pratique de la médecine traditionnelle en milieu peule, j’étais là pensif sur ce passé glorieux qui a  fait de l’homme peul le gardien de la médecine traditionnelle  et fin connaisseur de la savane africaine avec ses odeurs et ses secrets.

Je me rappelle dans ces immenses étangs d’eau perdus au milieu de petites forêts, merveille de la verdure, que dire de cette plante rampante et discrète nommée « énen-ndé », dont les racines et les feuillages ramenées à l’eau bouillie restent une parade efficace contre la rage des dents.

Je me souviens  de cette superbe plante «  Aljannaawo » qui ne pousse qu’à l’hivernage, dont les feuilles plongées dans l’eau froide toute nuit est  un antibiotique naturelle contre les fortes fièvres, que dire des graines de leurs fruits efficaces contre toutes les infections rétinales.

Les écorces de « Kahi » séchées et moulues serviront pour des éventuels maux de ventre et autres gênes digestives.

Que dire des feuilles de cet arbre mythique appelé « Dooki » dont les  feuilles asséchées restent très appréciées pour lutter contre la constipation, mystérieux arbre qui a l’exception d’être en couple en milieu végétal, ne parle t-on de « Dooki ngori » et de « Dooki ndewi », dont la différence reste accentuée par la forme et le  poids des feuilles ?

Je ne peux oublier ces plantes rampantes qui ne peuvent être cueillies sans offrande de mil et à des jours bien précis. La sève de « Baamwaami » plus connu sous le nom de « Baamam-bi » est un coagulant naturel parfait pour les blessures et autres hémorragies. Je ne peux terminer cette première partie sans me rappeler des vertus médicinales des arbres comme « Guumi », « Baddi », le « Gelooki », « jalan-mbaani », « Boru » et tant d’autres. Si on peut s’enrichir et profiter des biens faits de la médecine moderne, on ne doit jamais abandonner celle dite traditionnelle  au nom de l’héritage et de la complémentarité. Quand « Ababo » rampe comme un serpent venimeux pour fleurir le long des rivages, qu’elle plante cette plante au  parfum de bonheur qui recouvrira la nappe de « dathié baddi » grand parade contre  les esprits maléfiques de la nuit.

Le peul berger par tradition, cultivateur par conversion et pêcheur par survie a su aussi domestiquer les odeurs végétales des savanes africaines pour en extraire les secrets qui font la réputation de sa médecine traditionnelle, il n’est pas étonnant de croiser les réticences des peuls du terroir face aux pratiques de la médecine occidentale.

La pratique de la médecine traditionnelle, son  exploitation et son affinement en milieu peul reste un métier réservé aux initiés, il n’est pas alors étonnant de  penser à la continuité et à la survie de cet héritage sacré des peuls.

Oumar Moussa N’DIAYE


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