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Comment traiter avec l’Iran et la Corée du Nord ?

Publié le 25 septembre 2009 par Dominique Foucart

Le récent discours de Barak Obama à la tribune des nations unies souligne à la fois la nécessité de négocier avec la Corée du Nord et l’Iran sur la question du développement par ces pays d’un arsenal militaire nucléaire.

Les réactions ne se sont pas faites attendre de toutes parts, et le nombre de messages sur les forums internet montre l’intérêt de la population pour ce problème. En tant qu’observateur des modes de négociation, j’ai pour ma part été frappé par l’ensemble de l’approche du président américain. Et je crois qu’il est important de ne pas isoler deux messages importants, qui apparaissent clairement dans l’extrait du discours que je vous propose:

Comment traiter avec l’Iran et la Corée du Nord ?

Il y a d’abord une invitation ferme à la réduction générale de l’arsenal nucléaire, et un engagement tout aussi ferme de sa part d’être à la pointe d’une telle réduction, le tout assorti d’un projet ambitieux. On connaît l’homme pour la hauteur à laquelle il place les barres qu’il veut sauter… Il se donne également un terme pour avancer: un an. Si des résultats significatifs ne sont pas engrangés dans l’année qui vient, il devra considérer lui-même qu’il s’est en quelque sorte mis lui-même en échec. On sait également que son pire ennemi dans ce genre de situation, c’est son propre système politique, qui peut paralyser les meilleures décisions et les sacrifier sur l’autel de l’intérêt des grands centres de recherche financés par les projets militaires…

Mais retenons donc cette intention, qui va de pair à une main clairement ouverte à la Fédération de Russie pour avancer en commun sur ce chemin. On attendra de voir la réponse russe, mais on peut supposer que la proposition n’a pas été faite sans un minimum d’assurances sur ce qu’en diront messieurs Medvedev et Poutine.

Le deuxième temps de la proposition de Barak Obama est lui aussi intéressant. La phrase peut paraître anodine, mais elle a tout son sens: il rappelle qu’il ne s’agit en rien de stigmatiser des nations individuelles dans leur souci d’assurer leur sécurité. Le président sait à ce moment que les phrases qui vont suivre seront les plus dures. Il est indispensable de donner à ceux qui devront y répondre une possibilité de ne pas perdre la face – et cela n’est pas gagné. J’y reviendrai plus tard.

Troisième temps: la demande adressée à l’Iran et à la Corée du Nord. Je dois dire que cette partie de l’intervention me pose plus de problème, car on en retient plus facilement l’aspect menace de sanction que celui qui consisterait à demander à ces pays d’émettre des propositions qui permettraient de rassurer l’ensemble de l’opinion publique que eux aussi s’engagent dans la voie de la dénucléarisation militaire. Car c’est bien là une des clés de l’art de négocier: laisser l’autre faire la proposition que l’on ne peut refuser. Quand Mr Obama propose de supprimer son arsenal nucléaire, c’est une proposition que peu de pacifistes peuvent refuser. Quand il tente de proposer ou dicter un programme à ses adversaires, il leur coupe toute possibilité de réagir à la fois positivement à la demande, tout en restant maître du jeu chez eux.

En fait, le danger d’une telle négociation, c’est de poursuivre à travers la demande de dénucléarisation une politique de déstabilisation du régime iranien. Entendons nous bien, je n’ai à titre personnel aucune sympathie pour le régime des Ayatollas, et je suis prêt à m’investir pour aider les iraniens à trouver les libertés qu’ils n’avaient pas sous le régime du Shah et ont encore moins aujourd’hui. Je pense simplement que cette évolution est un processus qui doit venir de l’intérieur, alors que la discussion sur l’arsenal nucléaire est clairement une question internationale. Que pourrait-il y avoir de plus regrettable que de voir le régime de Téhéran “tomber” parce qu’il a cédé au moratoire nucléaire qui lui est imposé ? Cela voudrait-il dire que ceux qui remplacent le gouvernement actuel… prônent le retour à une puissance nucléaire ?

Barak Obama tient souvent un langage de médiateur. Je suis curieux de voir comment celui-ci sera entendu par les principaux protagonistes du débat en cours…


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