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Morgan Manifacier

Publié le 22 août 2009 par Clandestines

Mois de juillet, pleine après-midi, journée ensoleillée, jardin du Luxembourg.
Rendez-vous avec Morgan Manifacier. 
En pleine tournée, de passage éclair à Paris, le français exilé en Californie nous accorde quelques heures.
Heures que nous mettons à profit pour tenter de savoir ce qui le meut, ce qu'il entreprend, ce qu'il projette...

Morgan Manifacier
Comment as-tu commencé la musique ?

 J’ai commencé la musique quand j’ai commencé à en avoir marre de jouer au foot avec les mecs du village d’où je viens. Je suis d’Avignon, d’un petit village qui s’appelle Barbentane où tout le monde ne faisait que jouer au foot ou fumer des joints. Alors, j’ai commencé à faire du piano avec une espèce de vieille femme qui habitait là, ma mère m’a dit qu’elle pourrait me donner des cours le mercredi après-midi. Ensuite, j’ai commencé à m’intéresser plus à la guitare. Je suis monté sur Paris et mon oncle m’a emmené à Pigalle acheter une guitare pas très chère, genre 150€. J’ai commencé à jouer, mais je n’ai pas pris de leçons parce que je n’avais pas envie, ensuite parce que je n’avais pas d’argent et  que je n’avais pas le temps forcément. J’étais un peu loin de tout ; il fallait aller sur Avignon, prendre le bus qui ne venait pas souvent, c’est tout un autre contexte. J’ai donc préféré apprendre tout seul et c’est un peu comme ça que ça a commencé.

Une tranche d’âge pour toutes ces choses..  J’ai acheté ma première guitare, je devais avoir 14ans et demi. Et le piano, c’était en 5ème, donc je devais avoir 10ans.

Quel a été l’élément déclencheur ?

 C’est quand je suis allé aux Etats-Unis pendant dix mois. Je suis allé à un concert des Cold War Kids. C’était à San Francisco dans une salle qui s’appelle The Fillmore, qui est vraiment super parce que chargée d’histoire. Led Zeppelin avait joué là bas et plein de groupes des 70s, comme les Who y sont passés. Et j’ai vu ce mec là, avec une voix complètement folle, parce qu’il a une voix folle ce mec, faut le dire. Il chante en voix pleine et super aigue, enfin c’est incroyable. C’est quand j’ai vu ces mecs là prendre autant de plaisir sur scène que je me suis dit pourquoi pas tenter de faire un truc comme ça.

  Comment se sont forgés tes goûts musicaux ?  Il faut dire que j’ai écouté pas mal de mauvaise vib quand j’étais plus jeune, dans le sens où je ne viens pas vraiment d’une famille de musiciens. Mes parents aiment bien la musique mais ce n’était pas vraiment important dans ce qu’on vivait à la maison. D’ailleurs, je me rappelle, le 1er CD que j’ai acheté c’était Cinquième As de Mc Sollar, qui reste un bon CD n’empêche. Après, j’ai commencé à écouter de la musique classique parce que c’est tout ce que j’avais en CD. Et puis j’avais des potes qui écoutaient de l’espèce de punk bizarre… enfin des trucs un peu différents de ce que je fais aujourd’hui. Et c’est quand je suis parti aux Etats-Unis que j’ai commencé à vraiment découvrir les racines du blues et de la folk. Là, j’ai connu plein de gens qui faisaient de la guitare mais pas qu’un peu, qui avaient un très très bon niveau et qui m’ont fait découvrir pas mal de choses musicalement. Donc, c’est surtout grâce à des rencontres je pense.

Quelles sont tes principales influences, par rapport à ce que tu fais aujourd’hui ?

 Il y a un type qui m’influence tout le temps, c’est le mec avec qui je suis en tournée, qui s’appelle Travis Vick, qui a 19ans et qui est un excellent musicien avec une super voix. Il a vraiment un super jeu de guitare et il m’a toujours impressionné.

Sinon, par rapport à ce que je fais ; je dirais Bon Iver, Au Revoir Simone même si ça ne se voit pas trop. Et puis Neil Young, j’adore vraiment Neil Young.

       Y a-t-il des artistes avec qui tu aimerais particulièrement collaborer ?

Oui, bien sûr. J’aimerais collaborer avec Neil Young (rires), ce serait sympa. Mais je collabore vachement avec Travis, donc c’est déjà pas mal.

Et le rêve, le duo super intéressant, ce serait ?

 Avec Justice. J’aimerais bien faire un duo avec Justice, ce serait une bonne expérience de vie.

Ta conception d’une réussite musicale ?

 Galérer, c’est vraiment dur; donc pour objectif premier je dirais ; payer mon loyer à la fin du mois. Sinon, j’aimerais pouvoir rester complètement indépendant par rapport à ce que je fais aujourd’hui. Plein de gens le disent, mais c’est parce que c’est vrai. C’est important, parce que quand on voit les gens qui tournent dans les majors et qui font de la soupe, ça fait un peu peur. Le premier album de Coldplay par exemple est bien, mais disons que par la suite… je n’ai pas été surpris par Viva La Vida. Alors qu’il y a des artistes comme Radiohead qui ont fait un dernier album encore meilleur que le précédent. C’est comme Sigur Ros qui a fait un dernier album magique, alors que les précédents étaient déjà superbes. Et c’est ça que j’aime chez les grands artistes comme ça, ils arrivent toujours à surprendre les auditeurs, même s’ils ont fait des choses incroyables auparavant. J’aimerais pouvoir faire ça.

Chanter seul, une évidence ?

 Ca s’est imposé parce que je bouge tout le temps. C’est très compliqué de trouver des musiciens qui bougent avec moi, surtout à notre âge où on est tous en quête de savoir ce qui va se passer dans notre futur. Le groupe que j’ai en ce moment c’est Travis et mon pote qui s’appelle Steve qui est aussi américain. On tourne ensemble en ce moment. Ils connaissent les chansons et ils savent comment ça se passe. Après si j’ai la possibilité de rencontrer des musiciens et de rester avec eux, parce que je n’habite pas très loin de chez eux et qu’on est un peu dans la même optique musicale et personnelle, je pense que ça serait intéressant ; surtout en live. Mais ça ne m’empêcherait pas de faire des concerts en solo. J’apprécie vraiment de faire des choses seul, parce que ce sont mes chansons à moi et que je sais ce qu’elles me font ressentir à moi et ce que j’ai envie de faire ressentir aux gens avec qui je chante.

En ce sens, je pense que c’est différent de composer dans un groupe parce qu’il faut mettre toutes les têtes ensemble et se décider à travailler ensemble et moi j’aime quand même avoir mon propre truc.

 On aurait tendance à concevoir ta musique comme quelque chose d’assez folk ; est ce que tu confirmes la tendance ou est ce que tu la qualifierais comme plus complexe, ou au contraire moins catégorisée ?

 C’est marrant parce qu’on m’a posé un peu la question. On était sur le Pont des Arts avec plein de gens bourrés partout, c’était assez rigolo. On a posé la question à Travis et à moi  « est ce que le concert s’est bien passé etc, et vous faites quoi comme type de musique ? » Et Travis a répondu, « on fait de la folk mais en moins chiant » (rires). Donc, je pense que ça peut être dans la catégorie folk parce que je ne me placerais pas du tout dans la catégorie rock ou pop. Peut-être folk indépendant, mais je n’aime pas trop catégoriser. En tous cas, je confirme tout à fait cette tendance folk.

Tes disques du moment ?

 D’abord, il ya For Emma, Forever Ago de Bon Iver, c’est sûr. Toujours Across de Justice qui tourne. J’écoute aussi le dernier album de Grizzly Bear. Alopecia, l’album de Why ?, groupe qui fait des musiques pas vraiment électroniques, mais en tous cas toujours parlé, tendance rap, c’est vraiment terrible.

       Qu’est ce que ça t’apportes, par rapport à ce que tu fais, Justice et la musique électronique en général ?

 Justice m’apporte énormément sur les rythmes et les contretemps, c’est super super intéressant à travailler surtout au niveau de la guitare. Quand tu fais des contretemps en guitare, c’est extrêmement plaisant à l’oreille. Et puis j’aime surtout les rythmes des beats de Justice.

Sinon, je suis un grand fan de musique électro. D’ailleurs, je ne suis pas content parce qu’il y avait Calvi on the rocks le 3 juillet et j’habite Calvi donc j’aurai pu y aller. Il y avait  une grosse programmation ! Il y avait Busy P et toute la prog d’Ed Banger. C’est un peu chiant, j’aurai bien aimé être là..

Tes albums favoris ?

 Tropism de Bexar Bexar qui est de Dallas au Texas. Après, il y a Music For Tourists de Chris Garneau, un super CD. Aussi, le premier album de David Bowie. En fait, j’adore toujours autant David Bowie et je trouve vraiment son évolution super, il a bien su gérer sa carrière. J’ajouterai Robers and Cowards de Cold War Kids. Dernier album favori, Cinquième As de Mc Sollar, j’adore définitivement ce CD. (rires).

Ta première scène ?

 Ma première scène était en novembre 2007, c’était dans un café qui s’appelle le Queen Bean Coffee en Californie. C’était un open mic, j’ai fait trois chansons mais je ne sais plus trop lesquelles. J’ai du jouer  « A la Faveur de L’Automne » de Tété et deux autres chansons. C’était vraiment super parce que cette nuit là, j’ai rencontré plein de gens qui faisaient parti de la scène californienne de la Vallée centrale et c’est un très bon souvenir.

 

Qu’est ce qui te plaît à Paris ?

 Ce qui me plaît à Paris, c’est que si tu croises quelqu’un dans le métro, jamais il ne te dira bonjour alors que si tu le croises dans une soirée, il te sautera dessus limite ; ça me fait marrer ça.

J’aime bien marcher dans Paris en vrai, je ne sais pas où je vais en fait, parce que je ne suis pas parisien et j’adore tomber sur des endroits super sympas. La dernière fois je suis tombé sur le Luxembourg, c’était terrible. Il y avait des photos partout parce qu’il y avait une expo. Ouais, marcher dans Paris, c’est vraiment bien. Ce qui est rigolo c’est que  ça fait maintenant 10 ans que mon père est parisien et il connaît à peu près tous les bons restaurants et les bons trucs où aller ; mais la dernière fois on s’est perdu parce qu’on était allés au concert de Soko à côté du Pop In. C’était un concert qu’elle avait annoncé deux jours avant. On est tombés sur une espèce de mec qui faisait du couscous, on ne connaissait pas du tout et c’était super bon. Euh… comme quoi on peut toujours avoir des surprises et c’est ça qui me plaît dans Paris.

 

Tu penses que les Etats-Unis ont eu une grande influence sur ta musique ?

 Ah oui, ça a complètement changé ma conception de la musique. Totalement. Dans le cadre dans lequel je suis parti, il y a eu une espèce de phénomène de remodélisation dans le sens où j’étais vraiment coupé de tout : de ma famille, de mes racines. Je ne pouvais pas revenir entre temps donc ça a été dix mois d’un coup et je n’avais pas forcément l’argent pour téléphoner en France. Ca a été un total renouveau. C’est comme si je réapprenais à faire de la musique, à écrire des chansons et rencontrer des gens.

D’ailleurs, je ne rencontrais pas les gens de la même façon qu’en France, et on ne restait pas en contact de la même façon non plus. Ca a complètement changé ma vision de la vie en général. Et ça change forcément l’acte de créer dans la composition musicale. Dans mon expérience ça s’est passé comme ça.

Parti pour la musique ?

 Je suis parti parce qu’à la base, comme 99% des étudiants je ne savais pas quoi faire, que je n’avais pas un très très bon dossier au lycée et je n’étais pas prêt à venir vivre sur Paris. D’ailleurs, je ne suis toujours pas prêt à venir habiter sur Paris. Ici, tout va trop trop vite, c’est assez impressionnant.

En général, surtout quand je suis en Corse, j’ai beaucoup de temps pour moi ; pour penser, boire mon café, fumer ma cigarette. Et je n’ai pas l’impression que j’aurai le temps de faire ça ici. Et puis je me connais: j’irai tout le temps prendre des cafés dans des terrasses et prendre le métro, et ça coûte cher. Je ne me contrôlerais pas et je sais qu’à la fin du mois, ça aurait été super super dur. Je ne suis pas encore prêt à vivre à 45 000 à l’heure en fait.

 

Tu comptes retourner aux Etats-Unis ?

 Oui. Normalement, je dois y retourner fin aout pour 4 ans d’études dans une université à Oakland qui est à un pont de San Francisco.

Un peu le berceau de la folk… 

 Un peu, ouais. D’ailleurs il y a toujours des quartiers hippies en Californie, c’est assez rigolo. Mais l’avantage de cette situation, c’est que je ne suis pas du tout obligé de rester là bas donc si j’ai envie de partir pour les vacances, si j’ai un peu d’argent, je pourrai très bien revenir pour trois semaines ; faire deux-trois dates sur Paris, revenir voir ma famille. Ce n’est plus une barrière du tout.

Et je vais étudier la musique ; vu que je ne l’ai jamais apprise, ça m’intéresserait pas mal de l’apprendre maintenant.

Qu’est ce qui a traversé l’océan avec toi quand t’es rentré des Etats-Unis ?

 Spirituellement ? J’ai ramené de l’amour. Quand je suis parti, j’avais beaucoup de désarroi en fait, je ne savais pas trop ce qui allait se passer dans ma vie à ce moment là. Le fait que ce que j’entreprenais ait une signification m’a apporté un peu de sécurité. Donc forcément, dans ma vie ça m’a apporté plus d’affection pour ma famille, de la reconnaissance. Mais ça m’a aussi apporté des déceptions dans le sens où je me dis que si j’ai pu le faire là bas, pourquoi je n’aurai pas pu le faire ici ? Qu’est ce qui se passe en France aujourd’hui pour qu’il y ait un tel blocage par rapport à l’interaction entre les gens ? Parce que c’est vraiment moins compliqué de partager des choses, de rencontrer des gens et de faire vivre sa musique là bas que ça ne l’est ici pour moi ; alors qu’ici il y avait déjà une base et que là bas il n’y avait rien. Quand je parle de base, c’est par rapport à l’expérience et dans la musique et dans la base médiatique. Je n’avais pas de MySpace quand je suis arrivé là bas et j’ai quand même pu faire plein de concerts et enregistrer le CD. En France, je n’aurai pas eu de MySpace, je n’aurai jamais pu faire de date à Paris.

Qu’est ce qui revient souvent quand on parle de toi ?

 Euh... mes cheveux. C’est incroyable, tout le monde est obsédé avec mes cheveux spécialement mes parents (rires), ma mère ne le comprend pas. Mais il faut que je les coupe parce que ça commence à devenir un peu long là. A chaque fois je m’excuse pendant mes concerts ; « excusez-moi pour mes cheveux. Je sais, vous vous demandez, mais pourquoi ? » .

Sinon, je me rappelle qu’une fois, une fille m’avait envoyé un message pour me dire que ma musique avait un effet hypnotique sur elle. C’est revenu 4 ou 5 fois et ça m’a fait un peu peur en fait. Je ne vois vraiment pas en quoi ça peut être hypnotique. A moins que tu sois dans une très mauvaise situation ou vraiment en dépression…

La seule vraie critique que j’ai eue c’était par une fille que j’avais rencontrée, elle m’avait dit que ça sonnait un peu trop enfantin, ce que je peux comprendre quand on écoute des choses plus rock’n’roll ou un peu moins soft je dirais.

Tu ne trouves pas quelque chose d’assez nostalgique dans ta musique ?

 Ah si complètement. Mais je vis dans la nostalgie, toujours. J’ai beaucoup de mal à regarder devant moi dans le sens où la nostalgie a été à la base de tout ce que j’ai écris en fait. Même si il y a des chansons comme « I Lost My Dog » qui a une base super gaie ; le moment où je l’ai écrite était un moment très dur. Il y a beaucoup de nostalgie dans ce CD mais c’est en même temps ce que moi j’aime écouter. J’adore écouter des artistes nostalgiques parce que ce qu’ils racontent sont des histoires vraies en général et qui me touchent moi personnellement beaucoup plus que « I Kissed a Girl » de Katty Perry ou « Womanizer » de Britney Spears.

De quoi parlent tes chansons ?

 Ca va sonner un peu récurrent mais c’est vrai que ça raconte des moments qui m’ont laissés le cul par terre, excusez moi l’expression. Ce sont des moments ou des personnes qui m’ont fait réaliser que je pouvais faire un pas vers l’avant, sans forcément faire de pas vers l’arrière. « Red Moon », c’est une chanson qui raconte un rêve que j’ai eu un jour et qui m’a complètement bouleversée et puis, il y a une chanson qui raconte une histoire vraie et qui est complètement plongée dans un drame de vie. Donc, en général mes chansons parlent de moments que j’ai vécus ou de personnes que j’ai rencontrées.

T’as pas été tenté de reprendre un peu des chansons pop comme beaucoup d’autres artistes ?

 La seule reprise que j’ai faite et que j’ai pu mettre sur MySpace, c’était « Life on Mars ? » de David Bowie qui est vraiment une superbe chanson. Mais sinon je ne vois pas vraiment le but de faire une reprise pop. Ce que j’avais apprécié chez Julien Doré, c’est qu’il avait repris « Moi, Lolita » ; j’ai trouvé ça choquant mais ça m’a plu. Mais jamais je ne pourrais faire ça.

Bon, j’ai fait une reprise pop je dois l’avouer ; c’était « Hot and Cold » de Katty Perry. D’ailleurs je vais peut-être l’enregistrer. En fait, des connaissances m’ont proposé de faire une chanson dans une chambre de leur appartement. Le principe, c’est qu’un artiste vient, fait une chanson, l’enregistre et la met sur Youtube. Ils ont eu Cocoon et plein de petits artistes sympas. Ils m’ont invité à le faire. Je suis passé par Clermont-Ferrand et j’ai enregistré « Hot’n’Cold » ; elle sera peut-être en vidéo sur Youtube. Mais sinon, c’est vrai que je préfère me concentrer sur mes compositions à moi plutôt que de faire des reprises pop ou autre d’ailleurs.

Des projets sur le feu ? 

 On est en train d’essayer de finir de tourner le documentaire qu’on a filmé pendant la tournée. Je ne sais pas si on va vraiment le sortir en DVD, ça serait pas mal de mettre des petites vidéos. Mais le gros projet reste l’enregistrement du prochain CD qui se fera surement encore en Californie, là où j’ai enregistré mon premier disque. C'est-à-dire dans la maison d’un ami, qui enregistre souvent des gens. Je le ferai donc toujours avec les mêmes personnes. Mais ce qui va changer, c’est le fait qu’on ait été séparé puis remis ensemble, donc on a évolué chacun de notre côté un petit peu différemment et on va essayer de partager ça et de faire quelque chose de différent du premier CD.

Moi je l’aime beaucoup ce CD mais c’est vrai que j’aimerais faire quelque chose d’un peu plus crade dans le jeu de guitare, un peu plus bluesy. Un nouvel EP à venir donc.

Pour les dates, l’enregistrement est prévu fin septembre. D’ailleurs j’ai déjà le titre du CD, je pense savoir combien il y aura de chansons dedans et il sera surement disponible mi-octobre. Je vais en parler avec Believe, mon espèce de label indépendant et mon directeur artistique, et je pense qu’on le fera sortir mi octobre aux Etats-Unis et fin octobre en France.

Est-ce que c’est un rêve pour toi de signer dans une grande maison de disques ou est ce que tu préfères rester dans un petit réseau indépendant ?

 Je n’ai pas réalisé ma tournée avec des managers etc, je travaille un peu tout seul en ce moment. Sauf pour la promotion, Believe s’en occupe un peu et m’a par exemple mis « Red Moon » sur la compilation ; ils m’ont aussi mis en artiste du mois sur un site de musique qui s’appelle Musicme. Alors signer, oui j’aimerais bien parce que ça me permettrait d’avancer encore et ça pourrait déboucher sur pas mal de choses, mais tout en restant éloigné de tout ce qui est majors etc. Même concernant les labels indépendants, je suis un peu retissant de temps en temps, parce que tu ne peux jamais savoir à l’avance lequel sera le mieux pour toi. C’est en réflexion, quand je saurai je vous en parlerai, mais pour l’instant je n’en ai aucune idée.

La question que tu aimerais qu’on ne te pose pas ?

 Je  n’ai pas fait 10 000 interviews non plus mais je n’aime pas répondre à la question « tes plus grands disques » parce que je ne sais jamais à quoi penser et là je suis sûr que je vais rentrer chez moi et je vais me dire « putain, j’ai oublié de leur dire ça, fait chier, merde ! » (Rires). C’est vraiment la question à laquelle je n’aime pas répondre… désolé ! (rires).

Les échos sur tes concerts ?

 Ca peut paraître peut-être prétentieux mais je n’ai jamais eu de mauvais échos. Bon, je n’ai pas fait des centaines de salles non plus, donc je n’ai peut-être pas eu trop l’occasion de me planter, mais j’essaye vraiment de faire de mon mieux parce que c’est super important de faire un super concert parce que ça laisse un super souvenir.

Il y a des concerts où ça ne s’est pas très bien passé. C’était à Lille, il y a quelques jours, le son était vraiment affreux et il faisait super chaud. J’ai eu deux/trois problèmes avec ma guitare et je n’arrivais plus à l’accorder, c’était un gros bordel ! J’ai passé cinq vraies minutes à accorder ma guitare pendant que Travis racontait une histoire et c’était super super embarrassant. Mais, à part ça, ça s’est plutôt bien passé.

Mais c’est vrai que quand t’es dans une galère, tu sais que l’auditeur n’écoutera pas forcément ce que toi tu voulais lui faire écouter et ça te laisse une mauvaise impression, tu penses que tu pourrais faire mieux etc. C’est important pour la confiance de quelqu’un qui fait de la musique de savoir  qu’il a fait de son mieux et que ça a rendu pas mal. Sinon, c’est plutôt dur pour le mental.

Jamais de gros problèmes sur scène ?

 Genre perdre mes moyens des trucs comme ça ? Non, jamais. Je fais pas mal de blagues, même si ça peut paraître bizarre sur mes cheveux, des trucs comme ça (rires). Je discute avec les gens sur scène parce que tu ne peux pas du tout avoir la même conversation avec un mec avec lequel tu bois un café, qu’avec quelqu’un qui fait de la musique sur scène ou quelqu’un qui vient écouter dans une salle de concert. C’est vraiment super particulier et c’est super cool, vraiment génial.

Et tu n’as pas peur qu’avec le temps, tout ça disparaisse un peu ?

 Ah non, moi s’il le faut je débranche ma guitare et je chante au milieu. Il ya plein de gens qui gardent ça. Il y a un mec qui m’impressionne, c’est le chanteur des Fleet Foxes qui, quelques fois débranche sa guitare et gueule et chante avec les gens, et c’est super. Je pense que vraiment si tu te donnes et que tu mets du cœur dans ce que tu fais, il y aura toujours un moyen d’établir un contact avec les gens sur scène, même s’il n’y a pas forcément de dialogue, il y a toujours une espèce de lien.

Il suffit de voir les Beatles, ils ont fait des stades et tout ça et ils racontent qu’en interview, il y avait quand même pas mal de contacts avec les gens, moi ça m’impressionne.

Ce que tu préfères dans la musique ?

 C’est l’après live. Relationnellement, c’est le plus intéressant parce qu’il y a quand même des gens qui viennent me voir à la fin. Et c’est à ce moment là que tu discutes et à ce moment là que tu rencontres des gens et qu’il y a un certain nombre d’opportunités qui s’ouvrent à toi. Et puis d’entendre que tu as fait un bon travail, c’est super réconfortant et c’est vraiment ce qui te pousse à continuer.

Autre chose, quand tu collabores avec des artistes sur un enregistrement et que tu écoutes après ce que ça donne, t’es vraiment content et là tu te sens vraiment pousser des ailes, c’est génial ! T’entends plein de détails auxquels t’aurais pas pensé. Ce mec là s’est dit, tiens on va faire ça, il le fait et toi tu n’es pas au courant. T’écoutes après et tu te rends compte que ça donne une forme particulière à la chanson, c’est super émouvant. Ca te montre qu’il y a des gens qui font les choses dans ton sens et dans le relationnel c’est super cool.

 

Que dirais-tu aux gens qui vont lire cette interview ?

 Il ya plein de gens qui m’ont envoyé des messages après les concerts et qui m’ont dit « c’était super, je me suis régalé et j’ai passé un super bon moment. Par contre, je ne suis pas venu te voir après le concert parce que j’avais trop peur ». Alors ça déjà, je n’ai pas compris ; parce que je ne m’appelle ni Bono ni Thom Yorke. Alors, venez me voir à la fin du concert si vous voulez me dire quelque chose ou m’acheter un CD ; venez me voir, il n’y a pas de soucis quoi. Je ne vous mangerai pas et je vous donnerai un sourire. Ca m’est arrivé quelques fois et je trouve ça dommage. Si quelqu’un vient me voir juste pour me dire « c’était cool aujourd’hui » ; ça fait chaud au cœur et c’est rassurant, parce qu’on ne sait jamais vraiment comment ça s’est passé depuis la scène. 


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