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Film Noir - I Had A Very Happy Childhood (2009)

Publié le 01 octobre 2009 par Oreilles
Film Noir - I Had A Very Happy Childhood (2009) Film Noir est sans problème l'un des coups de coeur de cette année en ce qui me concerne. Découvert de manière fortuite, ce groupe parisien qui existe depuis 2 ans déjà, publie lors de la rentrée automnale son premier effort.
L'album, précédemment sorti en 2008 sous un support EP, c'est-à-dire élagué de moult titres de la version définitive, a semble-t-il reçu un accueil plutôt favorable, même si confidentiel. Il convient à présent de porter la bonne parole, afin que ce nouveau représentant du rock d'ici, qui jouit d'un certain statut à l'étranger où il se produit, ne reste pas plus longtemps l'un des secrets les mieux gardés de notre pop.
Je ne saurais forcément bien argumenter car cela est autant affaire d'émotions que de musique, mais ce disque m'évoque un ex-ténor du rock indé défricheur, à savoir les belges de dEUS pour ce mix de rock indé, jazz, l'usage particulier du sax, qui n'est pas sans évoquer les vétérans de Tuxedo Moon aussi. Bref, tout un tas de choses qui furent passionnantes en leur temps. Le fantôme du géant Julian Cope affleure ici ou là, également ("Red Purple Black And Blue") sur l'un des temps forts du disque, dans lequel certains ont distingué un phrasé dylanien : ce qui n'est pas faux ! La remarque vaudrait d'ailleurs pour la ballade en traîneau et ses clochettes qu'est "By The Bay"
Le disque commence en tout cas de manière chaloupée, par une sorte de swing élégant mâtiné d'Hammond qui insuffle ce feeling jazz irrésistible. Oan Kim, chanteur et leader du groupe, possède vraiment un beau phrasé et un accent impeccable qui sont sans doute pour beaucoup dans le succès d'estime dont il semble jouir outre-Atlantique notamment.
Puis s'ensuit "An Accident", morceau trépidant au staccato de guitare presque punk -et qui évoque dans l'esprit, les Buzzcocks ! Même constat pour son presque frère jumeau "It's Goodbye" en fin d'album . On est rapidement séduit par la juxtaposition de morceaux généralement assez différents, et porteurs de tant de références chéries, qui s'enchaînent avec légèreté, marquent leur avancée dans l'album sans coup férir ! Au coeur de l'album, quelques titres champêtres ("The Farmer", "The Road") ne sont pas sans rappeler à notre bon souvenir cet épatant groupe folk qu'étaient les Violent Femmes au début des années 80. La voix y est bien sûr pour beaucoup, tantôt ingénue, tantôt plaintive. La morgue du très réussi "Short Men Long Shadows" convie par exemple à ressuciter le chant filtré et sardonique de Mark E. Smith, l'imbuvable mais si essentiel leader de The Fall, dans un bel exercice post-punk. Ailleurs, n'était le timbre de velours de son chanteur sur "The Thief Is In The Tree", le groupe chasse sur les mêmes plates-bandes que Tom Waits, autre influence communément perçue. La musique de Film Noir, c'est une musique libre -meilleure conception de la musique qui soit ?- jouée sans autre volonté que de se faire plaisir à soi-même, tout le contraire de ces oeuvres putassières, soumises à un cahier des charges, et qui encombrent le marché ! Dès lors, les réserves que l'on peut finalement émettre relèveront finalement de l'expérience personnelle qu'on a emmagasinées avec ce disque ; et finalement, n'ont que peu d'incidence sur l'impression finale. Pour qui se sera savamment repu des titres du EP en streaming, qui reprennent peu ou prou la chronologie du début de l'album, il y aura comme une frustration d'aller à la rencontre d'autres titres encore non apprivoisés, et qui valent cependant -on s'en doute- le coup ("The Thief Is In the tree", "Sex With Monsters") !Allez, dommage aussi que l'album s'achève aussi par une chanson un poil complaisante et bien moins captivante que le reste ; et qui fait oublie l'espace d'un (très) court moment que l'on s'est pris une claque pendant une quarantaine de minute. Mais ne serait-ce que pour les 4'44'' cassieuses de "Red Purple Black And Blue", tout sera pardonné -c'est un euphémisme !
En bref : l'excellente surprise francilienne de la rentrée, une de plus ! Un groupe habité, aux confluents de musiques diverses qui vont du jazz au rock indé le plus intransigeant. Bien chanté, bien exécuté, et déjà un son et de la personnalité. Un talent prometteur.
Film Noir - I Had A Very Happy Childhood (2009)
le site, le Myspace
le site de photo de Oan Kim un extrait live de "Red Purple Black And Blue"

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