L’automobiliste « vache à lait »

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Sur la carrosserie de sa voiture, Antony Goudefroye affiche son inquiétude face à la hausse du prix des carburants.

Hier, à l’heure où chauffeurs routiers et ambulanciers ralentissaient le quotidien des habitants de grandes villes françaises, Antony a donc décidé de montrer que les professionnels de la route n’étaient pas les seuls à « se plaindre de la hausse constante ».

Il avoue lui-même être un « rigolo », un de ces comiques qui aiment à amuser la galerie. Mais cette fois, « il rit jaune, le rigolo ». Antony Goudefroye, soudeur dans une entreprise tarasconnaise de chaudronnerie, ne supporte plus la hausse constante des prix des carburants à la pompe. Et ce qui l’agace par-dessus tout, c’est le manque de réaction de ces concitoyens. « Je me demande combien de temps les gens vont continuer à supporter tout ça, combien de temps ils vont tolérer de payer leur essence à 10 francs le litre (sic)… ça, ça me dépasse ! Moi, j’en suis pour plus de 80 € chaque mois rien que pour aller travailler. Et encore, je fais partie de ceux qui ont de la chance avec un salaire correct. Comment feront ceux qui touchent moins que mes 1 350 € par mois lorsque le litre aura atteint les 2 € ? »

Hier, à l’heure où chauffeurs routiers et ambulanciers ralentissaient le quotidien des habitants de grandes villes françaises, Antony a donc décidé de montrer que les professionnels de la route n’étaient pas les seuls à « se plaindre de la hausse constante ». Mais, conscient de la difficulté de bloquer une cité, même ariégeoise, à lui seul (« et pourtant, il suffirait que quelques automobilistes se postent à deux ou trois ronds-points bien choisis », glisse-t-il), il a opté pour la dérision. Au cours du week-end, il a donc refait une beauté à son antique Renault 21 : une belle couche de peinture murale blanche, quelques tâches noires, et voilà l’auto grimée en pimpante « vache à lait » ! Ajoutez sur les bas de caisse et le coffre quelques slogans de circonstances (« La vache qui rit plus », « 30 % de matière grasse en moins », etc.) et le tour est joué. Restait à promouvoir le message. « Je me suis dit qu’il pouvait être sympa de faire mon plein dans différentes stations, à coups de 1 €. C’est plus une taquinerie pour les pompistes qu’autre chose ; ils ne sont pas responsables de la situation ».
«la prochaine fois, je peindrai des moutons»

à peine la pause déjeuner sonnée, il enfourche donc sa « vache » de bataille, direction la station-service du supermarché de Tarascon. Pistolet à la main, Antony se confronte à une première difficulté : « à ce prix-là, comment ne pas dépasser l’euro ? Juste une pression peut-être… » En fait, plusieurs seront nécessaires pour alimenter le réservoir de 0,68 l de gasoil. Mais le compteur de la pompe indique nettement 1,01€. échec ? « Non, ce n’est pas grave, on va voir maintenant s’ils acceptent mon paiement », car la jauge de livraison minimale est en effet fixée à 5 litres. à la caisse, le sourire de la préposée rassure d’emblée, et efface la deuxième difficulté potentielle. « Je suis davantage habituée aux gens qui râlent, alors ça, c’est plutôt amusant », lâche Christiane.

S’il s’est senti un peu seul, le soudeur tarasconnais a poursuivi sa tournée dans l’après-midi, à Foix. « Je ne vais pas faire le tour du département quand même, pas au prix actuel de l’essence ». Dans une naïveté assumée, il espère que les regards amusés ou goguenards croisés au long de son aventure participeront «au réveil des populations». «Des collègues m’ont dit que j’avais raison de faire ça mais ils ne sont pas venus pour autant. Peut-être que la prochaine fois, je peindrai des moutons sur ma carrosserie !» Antony Goudefroye, lui, ne se résigne pas.
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