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Iode de Juan Hernandez Luna

Par Sylvie

ROMAN NOIR - MEXIQUE
Iode de Juan Hernandez Luna
Editions L'atinoir, 2009
Coup de projecteur sur une maison d'étidion fondée à Marseille en 2007 consacrée au roman noir sud-américain. Paco Ignacio Taibo II en est le conseiller littéraire.
Iode est un ovni littéraire aux allures fantastiques : monologue d'un tueur psychopathe, attardé mental, innocent ou surdoué érudit. On ne saura pas...Comme le dit Taïbo II, l'auteur "a exploré l'innocence du mal d'un psychopathe face au mal programmé de la société".
Dans un petit village du Mexique complètement sans dessus dessous suite à des opérations immobilières, un étrange bonhomme albinos vit en compagnie de sa mère : cartomancienne, sorcière, on sait qu'ellle l'a ressuscité d'entre les morts il y a des années et qu'elle a jeté un sort à son père qui est mort de décomposition avançée ! Alors que sa mère gagne beaucoup d'argent à guérir le corps et l'âme des habitants, le narrateur doit subir l'hostilité des voisins qui lui jettent des pierres. Son passe-temps favori : humer les détritus, regarder la Panthère rose à la télée, écouter de la musique classique et...violer des petites filles pour ensuite les tuer. Les meurtres apparaissent peu à peu mais le narrateur le fait naturellement sans avoir vraiment conscience du mal.
Tout se complique lorsque les différents personnages se dupent entre eux : le chauffeur de bus, la voisine de l'albinos et de la sorcière, les amants de la sorcière. La mère, elle-même, en cache des vertes et des pas mûres !
Chacun joue double jeu et le narrateur innocent fera involontairement tomber les masques petit à petit, souvent à ses dépends. Comme le déclare Taibo II, il ne peut y avoir de lecture morale de ce roman.
Dans cette société pourrie où chacun trompe l'autre (y compris la mère qui trompe le fils) , le narrateur fait figure de génie innocent ; capable de monologuer des poèmes sur l'origine des coquillages (d'où le titre !) et de Carmina Burana, mélomane averti, il est gouverné par l'instinct et les sensations.
On reconnaît bien ici cette littérature sud-américaine qui scrute les maux d'une société d'une manière très poétique, à la limite du fantastique.
Le narrateur est un monstre au sens noble du terme ; il se place au dessus de la mêlée de mafieux pour qui les magouilles et l'argent valent tout. Dans son innocence brutalité, il est ailleurs, au delà.  


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