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Nicolas Ancion: interview exclusive

Par Geybuss

NICOLAS ANCION : INTERVIEW EXCLUSIVE 2ème

Nicolas Ancion est un auteur fidèle à ce blog. C'est le premier auteur l'avoir visité et à y être intervenu... C'est plus vite que l'éclair qu'il a accepté une deuxième interview et qu'il y a répondu.
L'auteur a écrit l'un des 670 livres et quelques parus pour cette rentrée littéraire 2009. 

Son roman s'intitule "L'homme qui valait 35 milliards" et est chroniqué ICI

NICOLAS ANCION : INTERVIEW EXCLUSIVE 2ème


Dans cette histoire, deux kidnappeurs enlèvent la 4ème fortune mondiale. Pour des raisons données au fil des pages, ils demandent à leur otage d'estimer sa propre valeur.
Nous partons donc pour une interview sur "la valeur des choses".

Quelle valeur ce roman ci a-t-il a tes yeux par rapports aux autres de tes oeuvres ?

NA : Le petit dernier, c'est toujours celui auquel on tient le plus car on ne sait pas ce qu'il va devenir. Les autres livres, je les connais déjà bien, je sais ce que les lecteurs en pensent, ce qu'ils apprécient ou pas. Du moins, je crois le savoir (chaque lectrice et chaque lecteur a sa propre opinion, bien entendu). Ce livre-ci est beaucoup plus risqué que d'autres que j'ai écrits parce qu'il est en prise directe avec l'actualité. C'est une fiction, un vrai roman, mais avec de gros bouts de réalité dedans : la crise économique, la crise financière, la misère, la télévision et surtout Lakshmi Mittal, le patron du groupe Arcelor Mittal, que tu as cité en ouverture.

Quelle est la valeur d'un gros billet de banque ?

NA : Valeur faciale, je ne sais pas. Mais s'il dépasse de mon portefeuille ou que je dois le plier en deux pour l'y faire entrer, c'est mauvais signe. Les billets de plus de 50 euros, je ne les vois jamais.

Si le bonheur était à vendre, quelle serait sa valeur ?

NA : Le bonheur n'a pas de prix. S'il était à vendre, ce serait à un prix si bas que tout le monde se rendrait à l'évidence, il est à la portée de chacun, à partir du moment où on arrête de courir après les sous.


Est-ce que toute chose possède forcément une valeur ?

NA : Oui, si on entend par valeur non pas le prix mais l'importance qu'une chose revêt aux yeux de quelqu'un. Un bout d'asphalte mal égalisé par le rouleau-compresseur peut intéresser le promeneur, qui va s'y intéresser, poser le regard dessus et, tout d'un coup, prendre conscience du travail que ça demande d'égaliser une route sur des kilomètres. Un graphiste peut passer par là, prendre le coin de route en photo et s'en servir comme image de fond pour une pub, une illu de livres pour ados... 


Quelle valeur donnes-tu au travail ?

NA : Je pense qu'il y a en chacun une aspiration à construire des choses, à créer, à bâtir bien plus qu'à consommer. L'oisiveté et la consommation ne donnent satisfaction à personne. Le bonheur, ce n'est pas ne rien foutre, c'est faire ce qu'on aime avec les gens qu'on aime. Le travail pourrait épanouir les gens mais c'est trop rarement le cas car on y ajoute souvent d'autres notions (comme la rentabilité et l'efficacité...) et beaucoup plus rarement d'autres (comme l'épanouissement ou l'équilibre). Je suis très heureux du travail que j'accomplis chaque jour, je l'ai choisi et je le fais par passion mais j'ai l'impression que nous ne sommes pas nombreux dans le cas. Beaucoup de gens sont rendus malade par un travail qui les ronge moralement et physiquement. Ils donnent trop et ne reçoivent pas grand chose en échange.

Quelle est la valeur du succès ?

Le succès est une chose formidable, quand il est mérité, c'est-à-dire quand il permet de faire connaître à un public toujours plus large des oeuvres intéressantes. Mais ce n'est pas le succès qui donne de la valeur aux choses : quand je vois quels sont les livres qui se vendent le plus, quels sont les films qui font le plus d'entrées et quelles émissions sont les plus regardées, j'ai du mal à croire que le succès repose sur des critères de qualité !


"La valeur n'attend pas le nombre des années"... Que penses tu de ce dicton ?

NA : Le début de la phrase c'est "Aux âmes bien nées" et là je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas la naissance qui donne la valeur aux gens, c'est leur rage de vivre, de se dépasser et d'aller toujours plus loin. Ma citation préférée est de Tristan Tzara : "On ne mordra jamais assez dans son propre cerveau".


Quelle est la valeur d'un Homme ?

NA : De nos jours, rien du tout, dans l'absolu. La valeur des 3000 morts dans les tours du World Trade Center est bien plus élevée que les millions de gens qui crèvent de faim et de misère dans les pays du tiers-monde. La vie humaine n'est pas une valeur sacrée, en soi. Un chanteur de variété se fait opérer du colon comme des millions de ses congénères, cela fait l'objet de titres au journal télévisé alors qu'au même moment on remballe aux frontières de l'Europe des centaines de types qui essaient de venir chez nous, en les repoussant à la mer ou en les abandonnant sans eau dans le désert. On ne les exécute pas, on les envoie se faire tuer par la nature. Si Johnny essayait d'entrer en Europe à Ceuta ou à Chypre, on ne lui demanderait pas de chanter un morceau avant de lui tirer dessus à balles de caoutchouc ou de le renvoyer à la flotte. Les humains ne sont pas égaux devant la vie et devant la mort. Après, oui. Une fois qu'on est dans la tombe, on est moins sujet aux inégalités, je pense.


Quelle est la valeur du rire d'un enfant ?

NA : Je pense que les sourires et les rires sont universels, eux. Un vrai fou rire est contagieux et fait du bien à tout le corps. Un enfant heureux, ça déteint forcément sur les adultes qui le voient et ça, c'est merveilleux, ça permet de garder confiance dans l'être humain. Tant qu'on peut être ému, tant qu'on est capable de rire avec d'autres, c'est qu'on n'a pas perdu toute humanité. 


Que penses-tu de la citation de Ali Ibn Abu Talib " est perdu celui qui ne connaît pas sa juste valeur" ?

NA : Cette citation me parle parce que je pense qu'il est impossible justement de deviner ce qu'on vaut vraiment. On ne vaut pas grand chose, on est remplaçable pour la plupart des choses qu'on fait, on n'a pas grande valeur ; on est donc perdu d'avance. C'est justement pour ça qu'il y a de bonnes raisons de tenter de se battre et de s'en sortir. D'inventer sa propre voie. Si c'était gagné d'avance, il n'y aurait pas de combat et donc pas d'histoire à inventer... puis à raconter.
                                                    


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