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Encore quelques douceurs

Publié le 10 octobre 2009 par H16

C’est la reprise. Gaston Christine Lagarde et son entourage le disent : « L’activité se redresse une nouvelle fois ». Car en France, l’activité se redresse plusieurs fois par an, c’est dire s’il y fait économiquement beau ! En vertu de quoi, les politiques ont le sourire. On sent d’ailleurs que les préoccupations de nos dirigeants sont, actuellement, toutes tendues comme un seul membre homme vers la juste répartition du fruit de la croissance retrouvée.

Et ce n’est pas parce qu’en bruit de fond, on a quelques petites affaires mesquines sur le zizi de Roman, le berlingot de Danny et le zboubi de Frédéric qu’on sent le gouvernement prêt à porter son regard ailleurs que sur la ligne d’horizon, celui d’un futur forcément radieux que tous ceux-là nous préparent à la sueur de leurs augustes fronts.

D’ailleurs, chaque intervention de François Fillon – qui, je vous le rappelle, est toujours ministre… ah pardon, on me souffle à l’oreille qu’il s’agit du Premier Ministre – est suivie avec assiduité par les journalistes et la bienveillance du président Sarkozy, dont la pondération, la mesure, l’esprit de synthèse et de rassemblement auront jusqu’à présent propulsé la République à des sommets d’efficacité.

Efficacité qui lui aura fort à propos servi pour revenir à Gandrange, triomphant devant le résultat obtenu : aucun emploi perdu, le site est reparti de plus belle et les ouvriers y ont touché une prime…

Et c’est d’ailleurs à l’aune de cette efficacité et de la pertinence générale des gesticulations actions vigoureuses du chef de l’État que nous pourrons bientôt juger du bien-fondé de l’accession au poste de président de l’EPAD de son fils Jean, qui a déjà, à de nombreuses reprises et pendant d’assez longues périodes, démontré de réelles capacités dans la gestion de budgets conséquents.

Bref : entre la fin de la crise, les résultats économiques historiques, l’équilibre budgétaire maintenant , la juste répartition des charges et honneurs de la République aux plus méritants et les perspectives excellentes qui s’offrent à nous, on comprend que certains rêvent enfin de réajuster finement la fiscalité, parent pauvre de ces derniers mois : on se souvient en effet que notre président à tous, qui n’avait pas été élu pour augmenter les impôts, avait en effet redoublé d’effort pour diminuer toutes les taxes, baisser les plus lourdes, éliminer les plus néfastes et poser un frein ferme et déterminé aux lubies taxatoires de certains politocards veules et cupides.

C’est donc sur un paysage fiscal considérablement éclairci qu’il avait posé un geste fort en proposant humblement au débat une taxounette indolore dont le noble but était sans équivoque : sauver le monde.

La taxe carbone, méprisée avec pusillanimité par une gôche heu… pusillanime, allait enfin placer la France sur le droit chemin de l’éco-conscience ! Après la reprise économique, la reprise en main écologique !

Et c’est tout naturellement qu’un des ministres les plus malins de notre Vème république s’est exprimé au sujet de cette judicieuse Taxe Carbone : « Il faut que ce soit douloureux« , a indiqué le maire de Bordeaux, Alain Juppé. D’après lui, comme maintenant, c’est le bonheur et qu’il y a de l’argent pour tout le monde, on peut donc en profiter pour faire une bonne ponction salvatrice. L’idée, c’est qu’ »Il faut convaincre les Françaises et les Français que l’on propose des solutions alternatives au tout bagnole. »

Encore quelques douceurs

Et comme solution alternative à la bagnole, quoi de mieux, franchement, qu’une bonne taxe bien vexatoire sur l’essence ? Hein ?

Eh bien, des taxes partout, pardi ! Pardon, je veux dire, comme Jacques Delpla, membre du Conseil d’analyse économique et de la Commission Juppé-Rocard, que « lorsque l’économie sera revenue à son potentiel (…) il faudra augmenter toutes les taxes sur les pauvres et sur les riches, et baisser significativement toutes les dépenses pour revenir à un quasi-équilibre budgétaire. »

Voilà : dès qu’on peut, on ratiboise les services publics et on bombarde le contribuable. Et pour le moment, on va se contenter de pilonner le contribuable. Et Jacques Delpla trouvera certainement une explication solide et bien trouvée pour expliquer pourquoi son patron, Juppé, veut absolument fourrer du citoyen au carbone pendant que lui, de son côté, déclare « en période de sortie de récession, il n’est pas opportun d’augmenter les impôts« .

Il est vrai qu’une taxe n’est plus, depuis longtemps, assimilée à un impôt ce qui permet de tester de nouveaux champs de possibles en matière fiscale.

Et c’est donc ce que s’emploie à faire le gouvernement !

Encore quelques douceurs

Hauts les cœurs ! Sonnez hautbois, résonnez trompettes !

Il va y avoir de la ponction citoyenne, forcément festive et joyeuse, et du sourire crispé à tous les étages ! Et grâce à Alain, qui, après avoir fourré des caribous en pleurnichant sur son triste sort, est revenu fourrer du mouton en ronchonnant sur son triste sort, nous aurons le plaisir de sauver non pas seulement la planète mais aussi les émoluments et avantages en nature de la clique au pouvoir (droite ou gauche, même combat) !

Quel bonheur !


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