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Editors : « Dès qu'un morceau devenait trop joyeux, on faisait un pas en arrière »

Publié le 12 octobre 2009 par Albumsono
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Leur « Back Room » en 2005 nous avait fait l'effet d'un bloc noir très prometteur. Editors revient aujourd'hui avec un troisième album rock « In this lighting and on this evening », qui troque les guitares pour des synthés. Si les Britanniques n'ont pas renoncé à leur ambition de conquérir les stades de la planète, pas question de renoncer à son côté sombre. Rencontre avec Ed Lay (batteur, tout à gauche) et Chris Urbanowicz (guitare/synthé, tout à droite).

Pour ce nouvel album, vous avez développé un plus gros son. Comment en êtes-vous arrivés là ?

Ed Lay : Un peu par ennui et beaucoup grâce à l’envie de faire mieux que le disque précédent. Chris a joué un rôle déterminant dans l’évolution de notre son. Il s’est acheté quelques synthétiseurs et nous est revenu avec une nouvelle manière de composer.

Chris Urbanowicz : Je n’ai acheté qu’un synthétiseur. Ca a suffi à faire le boulot.

Vous avez fait beaucoup d’essais avant de trouver le son que vous vouliez ?

C. U. : On a essayé tout un tas d’instruments et d’idées. Chacun travaille d’abord chez lui de son côté, puis on se retrouve en répétition et on échange. Au départ, chacun suit une direction différente donc ça ne sonne pas très bien. Puis très vite, les choses se mettent en place. On trouve une idée qui nous intéresse et on part de là.

L'utilisation de synthétiseurs vous a poussé vers une écriture plus répétitive ?

C. U. : On s’est plus attaché à suivre un groove qu’à respecter une structure traditionnelle. Les refrains ne viennent pas nécessairement où on les attend. Le groove dicte sa loi sans la contrainte d’aboutir à une chanson pop de trois minutes.

L’électronique ne se retrouve pas que sur les synthés mais aussi dans la rythmique…

E. L. : Dès nos premières démos, on s’est rendu compte qu’avec ce son de synthé, on ne pouvait pas se contenter de garder une batterie et une basse traditionnelle. Il nous fallait être plus imaginatifs. On s’est notamment essayé au sample.

C. U. : Si on ne teste pas de nouvelles choses, on s’ennuie très vite en studio. Enregistrer est ce que j’aime le plus. C’est là que j’ai le plus l’impression de faire vivre cette passion que j’ai pour la musique depuis mes 11 ans. Pour ce disque là, on s’est offert de nouveaux jouets. C’était fun de s’amuser un peu avec.

Les mélodies au synthé sont très entêtantes…

C. U. : Guitare ou synthé, on a toujours conservé les mélodies qui restent coincées dans nos têtes. On a aussi essayé d’utiliser ici certaines percussions comme un riff. Les mélodies ne nous font pas peur. On ne veut pas faire de la musique pop mais de la musique mélodique.

Malgré tout votre attirail électronique, vous avez enregistré le disque dans des conditions proches du live. Vous aviez peur d’y perdre quelque chose ?

E. L. : On voulait que notre musique garde quelque chose d’humain. Conserver notre énergie. Il fallait capturer ce groove mais en sonnant naturel. On ne cherchait pas la perfection. Beaucoup d’albums sont tellement propres et travaillés qu’il est difficile de s’y attacher.

Les textures semblent plus travaillées…

E. L. : On a surtout voulu faire en sorte que chaque instrument ne soit présent que lorsque c’est nécessaire. Il y a beaucoup plus d’espace sur ses chansons. Du coup, les textures ne semblent pas saturées pour rien. La voix de Tom prend aussi plus d’importance que par le passé. Il propose de nouvelles choses.


Eat Raw meet = Blood Drool (live) :

Le nouvel album cultive le goût des contrastes…

E. L. : On voulait explorer de nombreuses pistes mais sans jamais sonner trop doux. Dès qu'un morceau devenait trop joyeux, on faisait un pas en arrière pour salir un peu notre son.

C. U. : On voulait faire un disque agressif. Presqu’effrayant.

La pochette de l’album juxtapose d’ailleurs une même scène de jour et de nuit…

C. U. : Pour moi cette image reflète bien le son de l’album. Jusqu’ici, on utilisait très peu de couleurs. Là, on est resté sur une base sombre mais en y injectant des flashs de couleurs primaires.

Votre musique a quelque chose de très urbain…

E. L. :La ville nous inspire. En tant que groupe, on y passe beaucoup de temps. Surtout la nuit. C’est un environnement très mystérieux et excitant.

C. U. : Il y a toute une imagerie derrière qui est intéressante. On peut s’appuyer dessus pour composer comme un film qui passerait dans nos têtes. C’est plus inspirant que d’écouter ce que font les autres groupes.

Ce disque est plus dansant…

C. U. : Le public a toujours dansé à nos concerts. Ce groove a toujours été là dans notre musique même si d’habitude il est davantage laissé en arrière-plan.

Pour le live, vous avez essayé de réarranger vos anciennes chansons ?

C. U. : On en a essayé une pour une émission de radio mais ça ne marchait pas. On peut ruiner une chanson en la changeant juste pour s’amuser. Et puis ce sera intéressant d’avoir ce contraste entre les synthés et les guitares.

Comment expliquez-vous que beaucoup de groupes indie comme Franz Ferdinand ou Metric se concentrent aujourd’hui sur la recherche de ce groove comme vous ?

C. U. : Je ne sais pas. Je n’écoute pas ce que font les autres. Je m’intéresse plus à traduire les images qui me passent par la tête. De toute façon, on a toujours essayé de rester à l’écart de toutes les scènes. Le dernier disque qui m’ait excité c’est « Micro-Phonies » de Cabaret Voltaire. C’est sorti il y a 25 ans. Il y a beaucoup de musique que j’aime bien mais très peu qui sonne vraiment neuve.

Vous vous intéressez à la musique électronique ?

C. U. : La musique dansante nous a toujours intéressé que ce soit Gary Numan, LCD Soundsystem ou Vitalic. Leur énergie nourrit notre musique.

Les livres et les films nourrissent-ils davantage votre imaginaire ?

E. L. : Oui, c’est certain. On s’intéresse tous les quatre au cinéma. On a beaucoup discuté de « Blade Runner » pour créer l’ambiance de ce disque. Ou de l’imagerie apocalyptique de « Terminator ». Ce sont des choses qui nous parlent.

Le groupe est aujourd’hui dispersé entre l'Europe et l'Amérique. Est-ce que ça a changé votre manière de travailler ?

C. U. : Je ne crois pas que ça ait changé quelque chose à ce niveau là. On suit toujours la même méthode. Chacun travaille de son côté puis on se réunit.

E. L. : C’est vrai que maintenant on doit être plus efficace. On a un peu moins de temps qu’avant. Mais le groupe n’a jamais été aussi créatif que ces six derniers mois.

Chacun apporte du coup des énergies un peu différentes ?

C. U. : Oui, je pense. A commencer par celle du décalage horaire.

Papillon (live) :

Ca fait dix ans que vous jouez ensemble. Qu’est-ce que vous avez gardé de vos débuts ?

C. U. : Mon son de guitare n’a pas tant changé. La voix de Tom a pris de l’ampleur mais elle garde la même profondeur. Et puis comme je l’ai dit. On plébiscite toujours les mélodies.

Jouer en septembre un concert parrainé par l’Union européenne pour sensibiliser le public au changement climatiqye, c’est quelque chose d'important pour vous ?

E. L. : Nos soyons pas hypocrites. On n’est pas le groupe le plus écolo de la planète. On voyage beaucoup en avion avec tout un tas de matériel.

C. U. : Et tu aimes ces vieilles voitures américaines.

E. L. : Et j’aime ces vieilles voitures américaines. Mais bon, c’est bien de se dire qu’un groupe comme nous peut être un petit peu utile.

Recueilli par KidB


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