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Il faut sauver le soldat Hamon

Publié le 13 octobre 2009 par Hmoreigne

 Surprenant retournement de situation.  Benoît Hamon, l’homme politique qui a permis à l’affaire Mitterrand d’éclater en n’en laissant pas l’exclusivité au Front national se voit désormais voué aux Gémonies. Une manœuvre de chasse à courre qui vise à désigner une deuxième proie pour détourner la meute évitant ainsi d’expurger un dossier qui laisse sur sa faim.  Sous l’alibi du politiquement correct et d’une certaine éthique c’est tout l’inverse qui se joue. Contrairement à ce que tente de nous faire croire la communication de l’exécutif relayée notamment par le milieu homosexuel et BHL, les censeurs ne sont pas ceux qu’on décrit.

Le clivage générationnel qui se dessine témoigne simplement d’une volonté de cohérence entre les discours et les actes. Il faut se méfier des argumentaires tout et trop bien faits. Arrêt sur Images (ASI) relève que la diatribe de ” BHL dans Libération est une reprise textuelle de l’argumentaire anti-quadras développé par Jean-Marie Colombani dans Slate.fr, et que prononçait déjà le successeur de Colombani, Eric Fottorino, dans un édito du Monde dès vendredi.

Un plaidoyer dans le droit fil de la ligne de défense arrêtée par l’exécutif. A en croire nos aînés de la presse écrite il y aurait donc au PS une poignée de galopins, quarantenaires tout de même, qui joueraient les pères la morale et qui pour des raisons populistes seraient les alliés objectifs du Front National. La belle affaire.

Et pan sur le bec de Benoît Hamon, porte parole du PS dont la liberté de ton ne saurait convenir à la décence. Amusante néo-polémique dans laquelle les accusateurs de Benoît Hamon ne se sont parallèlement jamais indignés des propos souvent très limites de son homologue de l’UMP, un autre Frédéric. Lefebvre celui-là.

Le principal crime de Benoit Hamon, c’est finalement d’avoir osé emprunté le nonos des spécialistes de l’indignation, quasi donneurs professionnels de leçon, spin doctors de la pensée dominante. Mais finalement, outre l’isolement de Benoît Hamon et de ses petits camarades,  la composition et le pedigree de la meute qui s’est jetée à ses trousses constitue sa meilleure défense.

La jeune garde socialiste joue le rôle de “brigade des moeurs“, accuse BHL reconverti en procureur. “Marine le Pen n’y suffisait pas : il a fallu que la jeune Garde socialiste, Benoît Hamon en chef de file, vole au secours du nouvel ordre moral“. Plus fort. BHL dénonce “l’alliance folle, profondément contre-nature, suicidaire“, entre des “héritiers de Jaurès” et le FN, et évoque “le spectacle navrant de cet escadron de vertueux, estampillé socialiste, qui fonce droit dans le piège tendu par ses pires adversaires“.

Etrange amalgame. Les quadras socialistes n’ont jamais remis en cause la liberté des mœurs évoquée par BHL. Au plus ont-ils rappelé que celle-ci demeure encadrée par des lois. Et que l’exécutif doit être un minimum exemplaire dans le respect de celles-ci.

Amalgame toujours quand le traître de service, Eric Besson, vient faire la leçon : “Voir Benoît Hamon, en une semaine, passer de porte-parole du Parti socialiste à porte-parole de Marine Le Pen, c’est une régression redoutable “.

Ne manquait dans ce concert que Julien Dray.  Lundi, le député PS a lâché son fiel, jamais vraiment remis de ne pas avoir obtenu un soutien automatique de l’appareil socialiste dans ses démêlés judiciaires autour de ses goûts de luxe et les mouvements de fonds suspects sur ses comptes.  Selon Julien Dray donc, le porte-parole du Parti socialiste, “parle à tort et à travers” dans l’affaire Frédéric Mitterrand et aurait fait “une grosse faute politique“, “d’autant qu’il mettait ses pas dans les pas de Marine Le Pen et du Front national et que les termes employés étaient les mêmes“.

Plus qu’un clivage générationnel, cet épisode politique souligne la fracture, maintes fois évoquée, entre “la masse” toujours populiste et “les élites” forcément éclairées.  Entre un tiers Etat reconstitué et une nouvelle aristocratie. Une approche conceptualisée dans la théorie des 3 L. Lécher, lâcher, lyncher. Sauf que ce cycle relève plus des us et coutumes des courtisans présents dans les allées du pouvoir que dans un supposé populisme, argument ultime pour éviter les questions qui fâchent.

Toute la difficulté dans une démocratie en bonne santé est d’arriver à disposer de représentants  capables à la fois de sentir l’émotion populaire et de la traduire avec justesse, modération et recul.  A ce titre on ne peut pas dire que Benoît Hamon ait fauté. Bien au contraire.

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