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Union européenne : Que les choses sérieuses (re)commencent

Publié le 19 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

L’éditorial de Daniel RIOT pour RELATIO

« Sur le long chemin de l’unification de l’Europe, il faut toujours voir le verre à moitié plein même quand il est surtout à moitié vide », souriait Pierre Pflimlin en commentant un de ces compromis jamais complètement satisfaisants mais qui, « pas à pas », font tout de même avancer les choses. « L’Europe est une longue patience ».

C’est sous la Présidence de Pierre Pflimlin que le Parlement européen avait lancé, grâce aux réflexions du « Club Crocodile » de Spinelli, l’idée d’une Constitution pour l’union européenne. Cette « Constitution » a été rejetée comme on le sait trop. Mais le « nouveau traité » adopté à Lisbonne sauve les meubles d’une maison inachevée et permet d’envisager d’autres progrès.

Oui, c’est la fin d’une crise grave…Même si les ratifications peuvent encore poser quelques problèmes.

Oui, c’est une « belle victoire » de la France, puisque l’initiative en revient à Sarkozy qui a réussi l’exploit (il faut le reconnaître !) de surmonter le « NON » de Français par un tour de passe passe sémantique et (il faut aussi le reconnaître !) démocratique.

Oui, c’est une belle victoire de celles et ceux qui dans l’Union, (Angela Merkel, Jean-Claude Junker, Tony Blair (mais oui !), la présidence portugaise, Barosso en tête) ont su faire quelques petits miracles en sachant sacrifier l’accessoire sur l’autel de l’essentiel.

Mais la satisfaction d’aujourd’hui ne se mesure qu’à l’aulne de ce qu’aurait été la déception en cas de mission non accomplie… Elle tient plus du soulagement que de la joie. Elle est surtout une occasion de donner du souffle à bien des exhortations. Car c’est maintenant que les choses sérieuses doivent commencer, ou recommencer. Ce Conseil de Lisbonne ne restera dans l’histoire comme une grande date que si les perspectives qu’il a dégagées sont bien exploitées.

N’insistons pas sur les points faibles de cet accord (ils pourront être surmontés) pour ne mettre en relief que son principal avantage : le traité nouveau doit permettre d’éviter qu’une Union plus étroite, plus juste, plus utile, soit rendue impossible par des refus de quelques uns.

Cela signifie-t-il que nous allons vers une « Europe à la carte » ou « à plusieurs vitesses » ? Mais assez de mots piégés : L’Union est déjà à géométrie variable et à plusieurs vitesses. Et cela ne tue pas pour autant son caractère « communautaire ».

« Communautaire » : c’est sans aucun doute le mot qu’il faut remettre en mode si l’on veut que l’Union progresse. Et, sur ce point, les responsables français ont bien des progrès à faire : dans l’application et l’amélioration de ce qui existe déjà et dans les propositions qui sont avancées (Union méditerranéenne, notamment).

Si l’unité européenne ne joue pas à plein ses effets de « levier d’Archimed », comme disait de Gaulle, si elle reste mal perçue par nombre de citoyens souvent insuffisamment informés (des sondages viennent de le confirmer), si elle ne donne pas à chacune de ses composantes plus de « valeur ajoutée », c’est parce que « l’intergouvernemental » l’emporte trop sur le « communautaire ». Et parce que la « dimension européenne » n’est pas suffisamment prise en compte dans des politiques nationales trop nombrilistes.

 Ce « nombrilisme » et ces vues basses n’ont pas permis de donner corps à toutes les espérances de la « Stratégie de Lisbonne ». Que ce « nombrilisme » (cet « escargotisme », redirait Tomi Ungerer) ne gâche pas les espérances débloquées par le présent accord de Lisbonne.

Daniel RIOT


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