Magazine Beauté

L'accouchement (3)

Publié le 27 avril 2007 par Syven
Me voilà donc en salle d'accouchement, allongée de côté sur une des confortables tables prévues à cet effet (c'est vrai qu'elles sont très bien), les capteurs du monitoring sur le (gros) bidon. Comme d'habitude, Haricot est sur le pont : il doit entendre le capteur de son coeur et y voit comme un signal pour son entrainement de futur sportif. Il boxe !
Je patiente, navrée de sentir mes contractions erratiques, plus ou moins fortes et groupées. Ca douille* mine de rien, et je me dis que je m'enverrai bien une boite de spasfon pour faire passer la douleur. Et puis, Nereij me manque. J'ai drôlement envie de l'appeler, mais quand la sage-femme revient, elle examine mes courbes puis me fait un examen du col, et le verdict tombe, sans appel : faux travail.
[* ça douille = une douleur perfide tord violement mon utérus et me donne envie de mordre quiconque s'approche pour le plaisir de partager avec il ou elle cette fabuleuse sensation. Même si ça reste supportable. ]
C'est bien ma veine. Parce que ça douille quand même ! Je pense qu'à ce moment-là, la sage-femme (charmante au demeurant) a du lire comme une menace dans mon regard de gros bidon bien escagassé.
- Allons bon ! Je vais vous faire une piqûre, ça va vous soulager et arrêter le faux travail.
(Banco ! La fameuse piquouse magique dont on avait parlé en cours de préparation !)
- Allez-y ! que je m'écrie.
Elle me prévient que je vais peut-être avoir un peu mal tandis que le contenu de la seringue se répand dans mon postérieur, mais je la rassure : c'est de la gnognotte par rapport à la sensation qu'on me lessive de l'intérieur.
Notez que je respire toujours bien à chaque contraction pour épargner mon petit haricot. C'est fou ce qu'on pense au bébé malgré tout.
La sage-femme m'abandonne le temps que ça fasse effet :
- Vous aurez peut-être un peu l'impression de planer, alors surtout vous ne bougez pas, vous restez où vous êtes.
OK. Pas de problème. Je me sens de plus en plus légère. Les contractions s'affaiblissent, je n'ai plus mal, et j'ai même l'impression de flotter. De temps en temps je pique du nez, et un ronflement rauque me réveille. Il doit y avoir mon père pas loin, c'est pas possible autrement. Je me demande pourquoi il est venu, c'est un faux travail.
Une infirmière vient me chercher avec un fauteuil et je lui baragouine un "ça a fait de l'effet la piquouse, trop bien !" Dans le couloir, les néons filent à vitesse grand V, on se croirait dans un film genre... genre... en tout cas, c'est un film avec Ewan MacGregor et y'a un couloir blanc. Je crois que si je redemande un tour de couloir, l'infirmière va me prendre pour une dingue. Je la laisse me recoucher, enfin je suppose parce que j'ai l'impression de me retrouver dans mon lit d'un coup d'un seul.
"Et surtout, me dit-elle en me mettant dans la main la sonnette, si vous avez de nouvelles contractions douloureuses ou si le bébé ne bouge plus, vous appelez."
Si le bébé ne bouge plus ? Je me tâte le bidon, il balance un coup de pied. Tout va bien. Je respire profondément, mais je n'arrive pas à dormir. Enfin si, je m'endors, mais un ronflement rauque me réveille à chaque fois. Je fais attention aux mouvements du Haricot et je pense à plein de choses. Je finis par m'inquiéter parce que je ne le trouve pas. Où a-t-on enfermé mon prince libre ??? Je me rappelle soudain que je suis à la clinique, et je prends conscience que je tripe grave parce que je viens d'écrire sur le carnet que je cherche mon prince libre, heu, mon mari.
Vers cinq heures du matin, j'émerge peu à peu. Ma voisine de chambre ne dort pas, je l'entends à sa respiration et c'est pas étonnant vu que mon ronflement vient de me réveiller moi aussi. Soudain, je sens une forte contraction, suivie de deux ou trois bien douloureuses comme il faut ! J'appuie sur le bouton, pleine d'espoir !
Le fauteuil revient, le vent me souffle dans les cheveux et je remonte sur la table d'accouchement. La sage-femme arrive avec ses capteurs et me branche au monitoring.
"Au fait, la piqûre m'a fait un drôle d'effet... C'était quoi ?
- De la morphine, c'est vrai que c'est fort quand même !"
Tu m'étonnes que je tripais ! Mon premier shoot à la morphine !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Syven 51 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog