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Sarkozy, Partout. Réflexion, Nulle Part.

Publié le 17 octobre 2009 par Sagephilippe @philippesage

D'abord noter que selon que vous serez un Figaro numérique …
Figaro-ci ...
Ou un Figaro de papier ..
... Figaro-là !
Vous ne titrerez pas votre simulacre d’entretien de la même façon.
Numériquement, vous ferez preuve d’une relative honnêteté en indiquant d’emblée aux internautes qu’en réalité cette aimable causerie pilotée par l’Élysée n’était destinée qu’à voler au secours du fiston.
Côté papèterie, vous masquerez le but de cette connivente discussion (Jean Sarkozy, donc) en rappelant à votre (é)lectorat “la détermination à agir et à réformer malgré les polémiques”. Des polémiques, dixit Sarkozy-père, entretenues par le “milieu médiatique”, qualifié de “politisé et agité” (ce qui n’est, bien évidemment, pas le cas du chef de l’État, n’est-ce pas, ni du Figaro, sinon, Sarkozy irait vendre sa soupe ailleurs …) et bien "éloigné" des préoccupations de la “société française qui attend du gouvernement qu’il apporte des solutions aux problèmes des français”.
Monsieur Sarkozy, sachez que ladite “société française”, à l’image des salariés de Gandrange, n’en est plus à attendre quoi que ce soit, ni de vous, ni du gouvernement. Vous le sauriez, si vous n’étiez pas … si "éloigné" de nous. Trop occupé, que vous êtes, à occuper la “scène médiatique” où vous vous "agitez" fort politiquement.
Cela dit, qu’il soit numérique ou de papier, l’entretien reste le même. Long et lassant. Un enchaînement d’items plus que de questions où l’on passe, souvent, du coq à l’âne (le coq étant Sarkozy, devine qui fait l’âne ..).
En effet, quelle étrange logique peut directement amener un journaliste de la “jungle” de Calais à une nouvelle candidature de l’intéressé en 2012 ? D’une modification du régime des retraites à une politique de privatisation ? Ou encore de Clearstream à un durcissement de la loi sur … les multirécidivistes (sinon, l’humour ..) ? [1]
Ne parlons pas de “relances”, il n’y en a aucune ! Il y avait pourtant matière à. Notamment quand Nicolas Sarkozy réfutant tout “népotisme” indique que “45 conseillers régionaux des Hauts-de-Seine (..) ont tous le droit de postuler à un poste d’administrateur de l’Epad. Sauf un. Et pourquoi (…) ? Parce qu’il est mon fils !
Étonnant, non, qu’aucun des six journalistes n’ait eu la présence d’esprit de rappeler au chef de l’État qu’un certain Hervé Marseille avait postulé activement pour ce postenon rémunéré”, et que, pour une raison qu’on ne s’explique pas (mais vraiment pas …) il a retiré sa candidature. Même que ce n’est pas une première. Autrefois candidat à la présidence du groupe “UMP-Nouveau Centre-divers droite” du Conseil général des Hauts-de-Seine, Marseille avait (là encore, inexplicablement) abdiqué … renoncé au profit de … Jean Sarkozy. Mais sans doute serait-ce faire preuve de “mauvaise foi et de méchanceté” que de le souligner.
Jean Sarkozy, c’est un fait, a été élu (cantonale de 2008 avec 51,91% des voix – un score faiblard, au fond, dans un fief aussi aisé pour lui à conquérir que celui des Hauts-de-Seine). Mais pour le reste, présidence du groupe majoritaire et, demain, éventuellement, de l’Epad, quand bien même ces deux postes s’obtiendraient par une élection, il s’agit avant tout d’élections internes, de politique politicienne, dont sont exclus les .. électeurs et de Neuilly-sur-Seine et de la Défense.
Et, Patrick Devedjian
Nonobstant, cet entretien plus que courtois, n’est rien d’autre qu’une énième tribune où, encore une fois, le journaliste se trouve réduit (consentant, connivent) à l’état de magnétophone et de passe-plats. Ce n’est que la poursuite (impitoyable) d’une stratégie entamée en mai 2002 : occuper l’espace. Constamment.
Dès que surgit un évènement, fut-il fait d’hiver, Sarkozy réagit. Il se déplace. Il menace. Il tribune. Il rappelle. Voire, radote. Puisque toujours dans les mêmes termes (“devoir”, “droits”, “mérite” …) les mêmes expressions (“je n’accepterai jamais”, “je ne céderai pas”, et donc, dernier en date, une bonne blague au regard de toutes les taxes instaurées depuis juin 2007 :  “je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts”).
Elle est là, la rupture promise. Rien que là. Elle est essentiellement médiatique (et non politique. Où est la République irréprochable ? Quid de la fin annoncée de l’esprit de 68 ? Deux piliers droitiers de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy). Jamais de temps morts. Pas un jour sans Sarkozy. Donc, pas de place pour les “autres”. Ou si peu. Et qui dit “pas de place pour les autres” dit .. pas de débat, possible. Même s’il s’en défend et fait mine de le promouvoir.
Cette stratégie, qui va jusqu’à la présentation de tous les projets de loi en lieu et place des ministres concernés (Premier ministre, compris) a pour but émergeant de l'iceberg (outre de réduire l’espace et les marges de manœuvres de ses adversaires politiques, y compris ceux, plus nombreux qu’on ne pense, de sa majorité …) de donner l’image d’un président qui “agit”[2]. Comme si, “être là”, toujours, dans les médias, était synonyme d’action.
Or, c’est une image. Rien d’autre qu’une image.
Même si, au début de son quinquennat (les six premiers mois) cette équation sophiste (omniprésence médiatique = président qui agit) rejoignait, peu ou prou, une réalité. Ce n’est plus le cas, désormais. Nicolas Sarkozy n’est plus dans l’action, mais dans la réaction (comme le démontre cet entretien au Figaro où rien de nouveau n’est développé. Il ne s’agit que de protéger son fils …). Et il y a fort à craindre que ça empire, pour ce héraut de la “droite napoléonienne”.
Mais l’autre but, plus pervers, immergé, de cette omniprésence médiatique consiste à tuer dans l’œuf toute réflexion. Et à tous les niveaux de notre société. De bas en haut.
Parce qu’il est là, tout le temps, prenant tout l’espace (mais que fout le CSA ?) il ne nous laisse qu’un seul temps, le sien : celui de la réaction.
Par son omniprésence, il contraint ses adversaires politiques (et même ses troupes) à la réplique immédiate [3].
En ce sens, Sarkozy s’inscrit dans son temps : celui, terrifiant, de l’immédiateté. Donc, de la non-réflexion. Comme si “agir” et “réfléchir” n’étaient pas compatibles. Cette “immédiateté” que dénonce Finkielkraut tout en s’y vautrant lamentablement, comme les autres, comme beaucoup.
Cela dit, aussi redoutable (et désolante) que soit cette stratégie, puisqu’elle proscrit l’indispensable, la réflexion, et promeut l’impensable, l’émotion (car dans l’immédiateté, il n’y a de place que pour l’émotion) il n’est pas impossible de la combattre politiquement.
En prenant le contre-pied.
Donc, en ne réagissant plus, immédiatement, et systématiquement, aux sorties médiatiques de Nicolas Sarkozy. En refusant fermement d’être le commentateur de ses propos, le petit et futile champion des “petites phrases” (dont le peuple se fout, pour ne pas dire se branle copieux) car c’est se réduire, comme peau de chagrin, c’est lui faire, gratuitement, publicité, amplifier son discours.
C’est à cela que l’opposition (se) doit (de) réfléchir.
A ce "bruit" présidentiel permanent, lui opposer un silence poli. A cette omniprésence, lui opposer une réflexion. Pas une réaction. Proposer, travailler, ne pas se précipiter, oser prendre le temps. Sortir de ce piège, l’immédiateté, dans lequel Sarkozy entraîne et enferre l’opposition, toutes les oppositions, avec succès, depuis plus de sept ans.
C’est la seule stratégie possible et viable à mener pour combattre celle, médiatique, de Nicolas Sarkozy.
Puisqu’il n’est qu’image, renvoyons-lui autre chose qu’un miroir : une réflexion.
La nôtre.
[1] Concernant Clearstream, Nicolas Sarkozy admet qu’il aurait mieux valu qu’il se taise que d’utiliser le mot “coupables”. Que “le mieux à faire [était] de (…) s’abstenir de tout commentaire”.
Ce qu’il aurait dû observer quatre questions en amont, quand évoquant la “délinquance routière” il parla des ”assassins de la route”.
Doit-on rappeler au président de la République, qu’assassinat = préméditation ?
Nonobstant, Villepin se déclarera “touché” par les regrets de Sarkozy. A croire qu’il n’a pas lu TOUT l’entretien. Car au tout début, Sarkozy évoque la “désastreuse dissolution” de 1997. Or qui l’a conseillée, recommandée (cette dissolution) ?
Villepin !
On regrette (mollement) d’un côté, tout en remuant le couteau dans la plaie, de l’autre.
[2] Donner l'image d'un "président qui agit" pour se démarquer de ses prédécesseurs, plus discrets médiatiquement, et traités par lui, de "rois fainéants".
[3] Et répliquer immédiatement, donc sans prendre le temps de la réflexion, peut vous causer bien des tracas. N’est-ce pas, Benoît Hamon ?


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