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Gastronomie de la médiocrité

Publié le 17 octobre 2009 par Basan
Chers lecteurs,
Je suis un bon-vivant ouvert à tous les plaisirs de la chair mais j'ai toutefois récemment été exposé à un festin d'hypocrisie particulièrement odieux et somme toute un peu trop riche pour moi. Dans mes diverses pérégrinations j'ai en effet eu la chance de croiser bon nombre de créatures immondes, plus ou moins intéressantes et goûteuses d'ailleurs, et si toutes mériteraient certainement leur place dans le zoo qu'est devenu mon esprit, ma curieuse ménagerie culinaire a semble-t-il enfin trouvé ses championnes grâce à cette indigestion.
Il y a tout d'abord les frêles majorettes de comptoir au bec sévère, véritables cigognes d'amphithéâtre à la mine plombée de cernes et au vagin aussi asséché que l'enfer. Ce sont de douces saintes asexuées qui se veulent à la fois garces et féministes. En réalité, leurs vues dogmatiques rivalisent avec celles de l'inquisition espagnole et quand elles caquettent nerveusement leurs diarrhées bien apprises, c'est immédiatement au bûcher que l'on pense pour ces sorcières si fluettes. Je recommande donc une consommation au feu de bois pour un plaisir maximal.
Suivent d'antiques mouches aux yeux globuleux, spécialistes incontestées de la platitude et au faciès particulièrement ravagé. Timides des cordes vocales, elles vivent en général dans l'ombre d'une mauvaise âme, ivres des pires masochismes et boursouflées de jalousies. Moins sèches que les majorettes ci-haut décriées, leur antre n'en est guère plus fréquenté. Mais parfois un jeune niais s'aventure dans leur caverne, histoire d'apaiser un peu sa fièvre. Une fois son délire passé, cependant, c'est souvent autour d'une pinte qu'il tente d'oublier cette désagréable chasse au trésor. Ici, consommation interdite, sous peine de se voir pousser des yeux multi-facettes.
Ce qui nous amène déjà à notre ultime curiosité, une sorte d'anguille au sourire béat et au corps difforme. Inintéressante au possible, elle adore se glisser dans le trou-du-cul de la raison pour en extraire les outils qui à son cerveau font tant défaut. Partout elle farfouille de son nez aplati, tortillant ce corps trop grand dans lequel elle semble flotter. Son âme est laide comme un foetus mort et quand elle chante le blues, c'est aux esclaves déjà bien froids qu'elle tord les boyaux. Visqueuse et élastique, telle viande nécessite une cuisson appropriée, et seuls les plus grands maîtres seront à même de la déguster. Par expérience toutefois je vous le dit, cette anguille extasiée jamais encore ne s'est épilé.
- Bon appétit. -

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