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C'est à tribord qu'on crie le plus fort

Publié le 16 octobre 2009 par Beniouioui

Image1Depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy se sent suffisamment sûr de son tribord pour ouvrir à bâbord. Mais aujourd'hui, son électorat lui rappelle que c'est bien à tribord qu'on crie le plus fort.

RSA jeune, Jean Sarkozy, Frédéric Mitterrand, taxe écologique, mères porteuses, la droite devient tendue et ne reconnait plus son héraut.

Le président intrigue. Il paie les étudiants pour aller en cours, justifie péniblement l'ascension discutable de son fils, clôt un débat moral essentiel sur la fonction ministérielle, lance une bonne idée mal expliquée pour l'avenir de notre planète et teste une mesure humainement complexe sur la notion de création.

Attention, dans son entreprise de modernisation du pays et d'oubli des valeurs fondamentales, Giscard s'était coupé de sa base et s'était scratché...

Conscient de la situation, Nicolas Sarkozy s'explique sur sa droite et fait la fortune d'un jour du Figaro d'Etienne Mougeotte (et le suicide de ce même Etienne dans un édito complètement déconnecté qui passe assez mal auprès de ses lecteurs). Mais cela suffira-t-il?

Dans le même temps, Jean-François Copé s'explique sur sa gauche et fait la fortune d'un jour du Monde d'Eric Fottorino. Mais cela suffira-t-il?

Les deux leaders de la droite partent du même postulat : la France a changé, il faut donc évoluer. So what?, diraient les américains.

La France chrétienne ne pratique plus, la France agricole s'enferme dans les villes, la France des colonies émigre en métropole, la France culturelle surconsomme, la France des grands combats collectifs s'individualise.

Pour reprendre l'idée-force de Jean-François Copé, la France perd peut-être son identité. Ou plutôt ne trouve pas sa nouvelle identité. Mais entre le libéralisme sarkozyste et le nouvel humanisme copéiste, quelle identité nous propose-t-on réellement?

Nous devrions réfléchir avant tout à l'Homme que nous voulons devenir. Rien ne sert de gouverner par des sondages, ils ne révèlent pas forcément nos rêves profonds mais nos désirs soudains. "Je ne réalise pas le bien que je voudrais mais je vais le mal que je ne voudrais pas", nous dit très justement Saint Paul (Romains, 7, 19). Il faut donc prendre de la hauteur.

La France veut-elle devenir une terre de liberté responsable, de charité et de gratuité, de travail et de construction du monde, de culture et d'intelligence, de dignité et d'humilité, de subsidiarité et de proximité?

Quel sera le français de demain?

Grandira-t-il au sein d'une famille aimante qui lui inculquera des valeurs de vie?

Sera-t-il porté par une communauté religieuse qui l'aura ouvert sur un mystère d'espérance?

Eveillera-t-il son intelligence dans les méandres d'une école qui lui apprendra à raisonner et à discerner?

Trouvera-t-il sa vocation dans un travail matériel ou immatériel qui lui permettra de mettre au profit du monde ses talents uniques?

Entreprendra-t-il avec confiance un projet qui poursuivra respectueusement l'avancée et la croissance du monde?

Sera-t-il invité au don gratuit et à l'action pour cet autre qui lui fera découvrir la profondeur de notre humanité?

Se découvrira-t-il libre? Libre de faire les bons choix? Libre d'être pleinement Homme? Libre de s'oublier lui-même pour écouter l'autre?

Soeur Emmanuelle disait que "chaque homme reçoit sur terre un cadeau de Dieu et doit le faire fructifier selon ses possibilités". Tout est dit. Nous avons des talents dont nous ne sommes que les dépositaires et nous devons les faire fructifier pour le bien de tous.

Si BeniNews devait crier à babord, nous crierions que certaines valeurs sont inoubliables.


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