Foire de Francfort : Rebiya Kadeer condamne l'invitation de la Chine

Les paroles de l'auteure ouïghoure Rebiya Kadeer ont clos une édition controversée de la Foire du livre de Francfort : « Il est tout simplement injuste d'inviter un pays où les exécutions sont quotidiennes et les droits de l'Homme traités avec mépris. » Arguant du piètre bilan de la Chine dans tous les domaines humains, elle rappelle tous les espoirs tournés vers les Jeux olympiques. Le monde pensait bien que le pays respecterait les droits de l'Homme, et Angela Merkel avait même abondé en ce sens.
Pourtant, Amnesty International a vivement critiqué le pays, qui en tant qu'hôte des JO en 2008 (avec tout ce que cela est censé impliquer), ne s'était pas montré à la hauteur des attentes mondiales.
Et au lieu de tirer les leçons de cela, la Foire du livre a offert à la Chine la place d'invité d'honneur. Or, ce qui s'est déroulé le 5 juillet, lors des violences qui ont agité la province du Xinjiang, où vivent les Ouïghours musulmans, montre à quel point la Chine méprise les droits de l'Homme. 200 personnes auraient été tuées au cours des affrontements, un chiffre que les autorités chinoises nient avec force.
De fait, le pays a tenté de maintenir son emprise en contrôlant la vie religieuse et culturelle, tout en promettant une croissance économique et une certaine prospérité, de même qu'il a pu agir avec le Tibet.
Juergen Boos, directeur de la Foire, a tenté de justifier la situation. Si les organisateurs condamnent les exactions connues dans le pays, il estime qu'aujourd'hui, « nous devons être ouverts et négocier avec eux ». La Foire se veut une plateforme culturelle « avec des règles claires », mais ne se substitue pas à l'ONU. « Notre vocation, c'est la littérature. Nous pouvons attirer l'attention sur les conflits, mais nous ne pouvons pas les résoudre. »
L'année prochaine, l'Argentine sera à l'honneur, précise Reuters. Reste que pour la dissidente en exil, la semaine passée a encore été marquée par une pierre noire, alors que six émeutiers ont été condamnés à mort après une émeute à Urumqi, début juillet.