Magazine Cinéma

The Disciple

Par Tepepa
1915
William S. Hart
Avec: William S. Hart, Dorothy Dalton, Robert McKim, Charles K. French
The disciple, western de 1915 tourné pour la Kay Bee, annonce certaines thématiquesqui seront développées avec plus d'emphase dans Hell's hinges: la ville du pêché, le tenancier de saloon qui voit l'arrivée d'un prêtre comme une menace et les quolibets des habitants. Ces points communs ne sont néanmoins pas - au contraire de ceux de Hell's Hinges - les éléments déclencheurs du drame. Peut-être soucieux de se renouveler, Hart et son producteur/scénariste Thomas H. Ince orientent fortement ce western vers le drame familial, dénué de véritable méchant et de scène d'action mémorable. William S. Hart joue un pasteur venu mettre de l'ordre dans la ville du pêché, mais que Dieu va rudement mettre à l'épreuve "par derrière" comme le dit le personnage lui-même, en jetant sa femme dans les bras d'un autre. Le pêché n'est pas toujours là où on le croit.
L'essentiel de la dramaturgie va alors se jouer entre Hart et Dieu, tandis qu'aucune affre familiale liée à la désertion d'une mère ne nous est épargnée: la mère (Dorothy Dalton, débutante assez convaincante) déboussolée, l'enfant qui réclame sa maman et qui tombe malade, le père abattu. L'amant (Robert McKim) n'est pour une fois pas un escroc et semble réellement amoureux de la femme. Son rôle devient presque touchant à la fin et agrémente le film d'une richesse supplémentaire.
Cependant, malgré un sens du tragique très prononcé, la morale prude et très vieux siècle de l'intrigue devait certainement déjà en barber plus d'un à l'époque, et il n'est guère étonnant, malgré toutes les qualités cinématographiques et dramatiques de ce genre de film que les spectateurs préférèrent bien vite le style bien plus bondissant et léger de Tom Mix. Néanmoins, ce film reste admirable et très prenant, de par la force du récit, et l'interprétation saisissante de William S. Hart. Le regard de cet acteur est en effet déterminant, bien plus que le gimmick de ses deux révolvers pointés dans la plupart de ses autres films (il est souvent surnommé The Two-gun man). Et c'est dans ce film, où il n'est quasiment pas armé, que l'on s'en rend compte le mieux.
(On notera tout de même la scène un peu ridicule, sans doute même à l'époque, du prêtre forçant le respect de son auditoire sous la menace d'une arme, preuve que personne ne pouvait concevoir un western avec
William S. Hart sans au moins une scène où il tient un révolver.)

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