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Geek&Girly; : l'interview de Rutile

Publié le 22 octobre 2009 par Gamongirls


- GamonGirls : Bonjour, pourriez-vous tout d’abord vous présenter à toutes nos lectrices ?

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 Rutile : Bonjour, je suis Rutile, la scénariste de Geek & Girly. J’ai 24 ans, je viens de l’île Maurice, j’aime la cuisine, organiser des soirées DVD à thème, le rock californien, les films d’action pleins de testostérone et les magical girls.

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 Comment vous est venue l’idée de cette BD ?

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 C’était à la base une idée de shoujo geek que je voulais réaliser pour mon fanzine, Geek Mag, fondé avec une copine il y a 5 ans. Je l’avais abandonnée faute de temps, et lorsqu’Audrey Alwett nous a proposé l’aventure, nous l’avons retravaillée avec Nephyla, et ta-daaa ! L’idée était principalement de faire un "teen movie" inversé. Vous savez, les comédies romantiques américaines pour ado, avec la cheerleader, le capitaine de l’équipe de foot, le nerd... sauf que là, ce n’est plus la moche à lunettes qui doit soudain devenir belle, c’est le kéké le plus insupportable du monde qui doit se geekifier dans le but de se faire accepter. Le tout repris à la sauce shoujo (parce qu’on en est aussi de grandes lectrices), hop, vous avez un ouvrage complètement hybride, au croisement de toutes nos références.

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 Comment définiriez-vous votre style ? Vos inspirations ?

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 J’aime l’humour, le rythme, le dynamisme, le sha-zam et le drame, et Nephyla aussi, du coup nous roulons parfaitement ensemble ; son sens de la mise en scène et le mien se complètent très bien.

Pour moi il est aussi important que chaque personnage ait une "voix" qui lui soit propre - c’est ce à quoi je travaille le plus dans mes dialogues. Mon maître absolu est Alan Moore, mais on ne peut pas dire que je me sois inspirée de lui sur ce projet ; là mes inspirations ont plutôt été, outre d’innombrables shoujo, le shounen HunterxHunter, notamment l’arc "Greed Island", et le seinen Genshiken (que je recommande au passage, c’est une série sur les geeks extrêmement juste et terriblement drôle), pour les bonus et le jeu sur les différents média et interfaces.

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 Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre, à participer à ce projet ?

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 Audrey Alwett ! Elle avait trouvé Nephyla grâce à son blog, et lui avait envoyé un mail pour lui proposer de rejoindre la collection. Nephyla a insisté pour que je puisse scénariser. Je n’étais pas chaude bouillante au début, car le descriptif de la collection contenait des mots comme "girly" et "cute", ce que je ne considérais pas comme étant ma tasse thé, à la base... En ressortant ce vieux projet de mes cartons, et même en le retravaillant avec Nephyla, je n’étais pas sûre qu’il allait se faire accepter ; d’un autre côté, je n’étais pas prête à proposer quelque chose qui ne nous ressemble pas. Ça a été vraiment une bonne surprise d’apprendre qu’il avait été retenu. Il faut croire que j’ai une part de féminité, malgré moi ! Le titre est un peu en référence à ça : "Geek & Girly", ce sont deux notions a priori contradictoires, mais qui peuvent très bien coexister, finalement.

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 Est-ce que l’histoire a été facile à trouver ? C’est un monde qui vous est familier ?

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 Nephyla et moi discutons toujours de l’histoire ensemble et nous rebondissons l’une l’autre sur nos idées : il faut trouver un terrain d’entente pour que l’histoire puisse nous motiver toutes les deux. C’est vrai qu’on a pu mettre en place une trame satisfaisante assez rapidement, mais c’est parce que nous avons l’habitude de travailler ensemble, du coup, ça va tout seul. Comme le ton est également assez léger, même si on a bien fignolé les détails et construit les personnages avec soin, on ne s’est pas pris la tête : ça s’est fait avec entrain et dans la bonne humeur, et on s’est éclatées.

Le monde, c’est le nôtre. Ce sont nos manies, notre humour, nos qualités et nos défauts... toute notre sincérité y est. Il nous est donc complètement familier : on peut même dire que ce bouquin, c’est complètement nous.

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 Cela n’a pas été trop dur de ne pas tomber dans les stéréotypes ?

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 Au contraire, les stéréotypes, faut foncer dedans tête baissée, pour mieux leur fouiller les tripes et en sortir quelque chose d’intéressant ! C’est entre autre pour ça que j’admire un créateur comme Joss Whedon : mieux que personne, il sait prendre des clichés pour les détourner et en faire quelque chose de très fort et qui a énormément d’impact. J’espère arriver à un tel degré d’excellence un jour avec Geek & Girly. A vrai dire, le seul point qui a été délicat sur notre série, c’était de ne pas être trop obscur ou tomber dans le private joke. L’idée était que les geeks arrivent à reconnaître leur univers et leurs références, mais que les non-geeks (ou même simplement les geeks qui n’ont pas les mêmes références que nous) puissent lire sans être gênés par trop d’hermétisme. Au vu des réactions de nos lecteurs, je pense qu’on y est arrivées. w00t !

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 Depuis la sortie, avez-vous eu des retours de la part de geek(ette)s ? Quels sont-ils ?

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 Ooooh oui. En fait (et ce n’est pas très étonnant), nos amis sont majoritairement geeks ; les premiers retours, ce sont eux qui nous les ont faits. D’une manière générale, on peut dire que l’ouvrage a été extrêmement bien accueilli. Il y a même une copine qui nous a ouvert une communauté de fanfictions autour de Geek & Girly, ce que je cautionne complètement : c’est très agréable et flatteur de voir ses personnages vivre une seconde vie entre les mains de quelqu’un d’autre. Fics, fanarts, doujins, je suis pour ! Faut en faire !

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 Pour vous, c’est quoi un geek ?

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 J’ai une longue anecdote à base de dragons et de Riad Sattouf pour définir très précisément ce qu’est un geek pour moi, mais ça marche mieux à l’oral, alors je vais vous épargner ça. Pour faire rapide, disons que j’adhère à la notion "ouverte" que le geek est un passionné. Pour moi, on peut être geek de tout, même de pompes à piscine. Un geek pourra parler de sa passion pendant des heures même si personne ne l’écoute. C’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnaît : c’est un apôtre de la gratuité. Selon moi, un geek connaît la beauté du geste (comme Cyrano de Bergerac, exactement, un sacré geek, lui). Un geek peut passer des heures à fignoler un gif animé de Spiderman qui danse rien que pour quelques personnes qui lui diront "c cool lol", ou écrire des posts kilométriques sur des forums pour expliquer à quelqu’un qu’il a TORT, qu’il ne faut pas considérer les bouquins et les films d’Harry Potter comme une seule et même oeuvre, ce n’est absolument pas comparable. Ça n’avance personne à rien, ce n’est pas "productif", on ne peut pas le quantifier ou le mettre en conserve : pour moi, ça s’apparente à de l’art.

Par extension, un bon geek est donc un artiste. Un "bon" geek se doit de catalyser sa passion et d’en faire quelque chose, même si c’est pour faire un truc considéré comme superflu par la plupart des "vrais gens". Un "bon" geek est une véritable puissance de feu. Si on disait à des geeks "on vous donne le film live des Cosmocats réalisé par Peter Jackson si vous résolvez le problème de la faim dans le monde", vous n’imaginez pas à quelle vitesse ce serait réglé.

Pour finir, un petit "truc" pour reconnaître un geek à tous les coups : il dira toujours que lui n’est pas vraiment geek, ou en tous cas il est moins grave que [insérer l’exemple de quelqu’un qui serait soi-disant pire que lui]. Mais en réalité, faut s’y faire : on est toujours le geek de quelqu’un.

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 Vous considérez-vous comme une geek ?

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 Hahaha... Je me suis longtemps considérée comme une otaku, principalement (vous savez, le "non mais moi je ne suis pas geek, comparé à..." dont je viens de parler ?). Mais finalement, c’est vrai que désormais je lis aussi pas mal de comics... que j’ai appris des rudiments de CSS uniquement pour customiser mon Livejournal... que je me tiens plus au courant des dernières 4chaneries que des infos à la télé... etc. Okay, okay, je suis geek.

Je suis presque sûre que dans mon lycée, à l’île Maurice, j’étais pratiquement le seul spécimen de mon espèce et du coup je ne pouvais pas vraiment échanger, je n’avais pas une très grande culture geek même si j’arrivais à me débrouiller avec les moyens du bord (et avec acharnement, hein, je vous raconte pas le 56K à l’île Maurice !). Mais depuis que je suis en France, j’ai largement level-uppé en rencontrant des gens qui m’ont beaucoup, beaucoup appris (et vive l’ADSL, aussi). Tout bien réfléchi, je crois que je suis surtout une geek de geeks. Plus que les univers - que j’aime aussi découvrir - j’aime savoir pourquoi les gens sont passionnés par ces univers, et comment s’exprime leur passion. C’est un sujet inépuisable et... "fascinant", comme qui dirait.

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 Quel est votre relation avec tous les objets technos ? En avez-vous dans votre sac de fille ?

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 Alors dans mon "sac de fille" (j’en ai pas, c’est un backpack, les sacs de filles ça fait mal au dos, et vu l’énorme barda que je me trimballe partout, pas moyen que je me traîne un sac à main) j’ai un iPod nano de 2 Giga, un téléphone portable, et un dictionnaire électronique anglais-japonais baptisé Kaylee. Je ne suis pas vraiment à la pointe de la technologie, d’abord ça coûte cher, ensuite je saurais pas quoi en faire, et puis c’est pas parce que c’est tout nouveau tout neuf qu’il faut absolument l’avoir (deux mots : Windows Vista...). L’iPod c’est le seul gadget un peu cher que je me sois offert, et j’ai un peu peur d’avoir été victime de la pub, sur ce coup-là... Enfin bon, ça me sert, c’est toujours ça.

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 Quel téléphone utilisez-vous et quel usage en faites-vous ?

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 Un Nokia, je ne sais pas quel modèle, mais c’était le moins cher. Je regrette les 3310, c’était de vrais tanks, ces machins-là, complètement indestructibles. Comme l’a dit l’éminent bloggueur Paul Binocle : "Dans dix millions d’années, lorsque les derniers échos de notre civilisation morte se seront tus, il ne restera que deux traces de notre existence : nos déchets nucléaires et nos Nokia 3310." Sinon, je m’en sers pour appeler. Et recevoir des appels. Et envoyer des SMS. Et en recevoir. Je suis contre la concentration des tâches, je n’ai que faire d’un téléphone qui me fasse bouillir de l’eau et qui peut s’utiliser dans l’espace, j’ai une bouilloire pour ça, et je ne compte pas aller dans l’espace de si tôt. J’avoue que dans ce domaine, je suis hyper rétrograde. Pour moi un portable multi-fonctions = gadget fragile pas pratique. Déjà j’ai fait la gueule en découvrant que mon portable avait une fonction appareil photo. Ça ne sert à rien ! Ça fait des photos moches que je n’ai aucune intention d’exploiter. Encore une fois, si je veux prendre des photos, j’ai un appareil à photo.

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 Mac ou PC ?

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 Mac ! Je suis une switcheuse heureuse depuis environ deux ans, et Alphonse (c’est le nom de mon Mac mini chéri, tout petit tout silencieux que j’aime) ne m’a jamais donné matière à me plaindre (contrairement à feus tous mes précédents PCs, tous crashés et irrécupérables). Je suis même devenue une emmerdeuse d’utilisatrice Mac, puisque j’essaye de persuader mon entourage de switcher aussi (en ce moment je travaille ma mère au corps, c’est pas facile).

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 Branchée jeux vidéos ?

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 Paradoxalement... le moins possible, en fait. Je suis très mauvaise perdante, et ma coordination œil/main est assez moyenne. J’excelle à House of the Dead, par contre, buter des zombies on dirait que c’est mon créneau. J’aime bien jouer à Guitar Hero II, aussi, la playlist est jouissive, et je suis fascinée par le jeu Rule of Rose, qui est très beau mais que je peine un peu à finir ; la maniabilité n’est pas top. Eeeet c’est ici que s’arrête ma très courte connaissance des jeux vidéo. Je n’ai qu’une seule console, une PS2 rose ("geek" et "girly", donc, haha).

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 Et pour finir, parlez-nous de vos projets présents et à venir. Y aura-t-il une suite à Geek et girly ?

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 J’espère bien ! L’histoire principale de Geek & Girly est prévue en 6 ou 7 tomes environ, et on espère pouvoir faire quelques one-shots de plus, en spin-off. Pour les autres projets, j’en ai pas mal sur le feu : j’ai énormément d’histoires à raconter, avec plein de gens différents, et j’espère que ces projets vont pouvoir se concrétiser. J’adore mon métier !


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