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[Critique] Je suis heureux que ma mère soit vivante

Publié le 22 octobre 2009 par Leblogcine

JE-SUIS-HEUREUX

« Je suis heureux que ma mère soit vivante ». C’est la dernière phrase du film prononcée par Thomas qui aura espéré tout au long de sa jeune vie que sa mère soit « enfin » vivante. Un titre à multiples sens qui est le plus bel exemple de la richesse de premier film co-réalisé par Claude Miller et son fils Nathan.  Le père, auteur de l’Effrontée et La Classe de Neige, a déjà raconté les tourments de l’enfance. Mais avec l’apport précieux de son fils, il n’était probablement jamais aller aussi loin dans les blessures encore béantes de cet âge et la recherche d’une identité si difficile à trouver.

Thomas a été abandonné par sa mère à l’âge de cinq ans. Recueilli par une famille d’accueil avec son jeune frère, il va tenter une première fois de revoir sa « vraie » mère. Puis devenu adulte, il décide de reprendre le contact et retrouver une mère qui l’avait déjà presque oubliée.

De prime abord, le résumé de l’intrigue peut effrayer le spectateur. Certes, il ne s’agit pas du feel good movie ou l’on passe « un bon moment « , ce qui, si l’on se réfère aux chiffres de la fréquentation, semble être devenu le seul critère d’un public de moins en moins curieux. Et pourtant, chacun, à des degrés divers, peut se reconnaître dans cette histoire.

Les liens du sang, la famille qu’on n’a pas choisi, sont bien des thèmes universels que les Miller arrivent de manière étonnante à rendre terriblement émouvants sans avoir recours à aucun effet superflu. La narration, éclatée en flash backs, nourrit un récit abrupt et déconcertant, riche de séquences brèves et tendues. Le rapport de Thomas avec ses deux mères est mis sans cesse en parallèle et elles auront chacune une place capitale dans la vie du jeune homme même si les réalisateurs nous disent en filigrane que finalement, tout nous ramène à nos origines.

Les cinéastes ne sont jamais dans la psychologie des êtres, ils filment « simplement » une mère qui n’avait pas toutes les qualités entendues pour le devenir et qui va entraîner son fils vers des zones dangereuses. Le film suit progressivement des sentiers de plus en plus troubles où l’on devine que sous cette relation étrange, dans laquelle chacun a l’air de jouer un rôle, peut naître l’irréparable.

Claude Miller et son fils Nathan

Claude Miller et son fils Nathan

Puis un coup de tonnerre survient, brutal. Le film prend alors toute sa dimension et devient réellement bouleversant. Dans la douleur, une femme prend alors conscience de tout ce qu’elle a pu manquer. Et dans un magnifique flash back où on la revoit avec ses enfants, elle leur dit « un jour, j’irai vous chercher ». C’est donc maintenant que tout recommence.

Filmer l’enfance avec cette justesse et cette économie n’est pas donné à tout le monde. Grâce aux Miller, père et fils, plein d’images resteront longtemps gravées dans la mémoire : le jeune Thomas qui essaye de calmer son petit frère, le regard perdu d’une mère qui va abandonner ses enfants, le visage apaisé de l’adulte réconcilié avec lui-même. Magnifique.


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