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Autour de Conliège, la voie du PLM

Publié le 22 octobre 2009 par Les Crapahuteurs

Au départ de Conliège, à quelques kilomètres de la préfecture du Jura, voici une randonnée étonnante au flanc d'une petite reculée jurassienne, le long de l'ancienne voie du train PLM qui reliait Lons à Champagnole.


On pourra stationner sur le petit parking du début de la rue des Châtaigners, ou celui de la Rue Haute. 

Balisage : fléchage local jaune, puis absence de balisage sur le tracé de la ligne PLM après le tunnel de la Diane, puis  blanc et rouge du GR 59 sur le rebord de la reculée.

Autour de Conliège, la voie du PLM

Autour de Conliège, la voie du PLM

Autour de Conliège, la voie du PLM

Distance estimée : 12 km
Dénivelé cumulé montant : 320 m
Temps estimé
: 5 h en prenant le temps de visiter les sites.
Numéro carte IGN Randonnée : 3226 ET - 1:25000
Randonnée effectuée le : 18 octobre 2009

Itinéraire

Autour de Conliège, la voie du PLM

Plan de coupe

Détail de la randonnée


Au détour de la rue du Four

Au détour de la rue du Four

La Voie Verte

Depuis le parking de la rue du Châtaigner, revenons d'abord sur la Rue Haute, que l'on remontera sur 150 m environ, avant d'emprunter la Rue du Four, au niveau d'un petit oratoire accolé à la façade d'une maison.

Le chemin, bientôt encadré par un remarquable alignement de pierres plates dressées, nous mène au pied du côteau planté d'arbres fruitiers. Dans les haies, les pruneliers croulent sous le poids de leurs petits fruits bleus et acides. Le sentier qui conduit à l'esplanade de la gare est dallé, par endroits, de larges pierres masquant l'ancien canal de captage d'une petite source.

Arrivées au niveau de l'ancienne gare que nous contournons (propriété privée), nous empruntons la large voie en stabilisé, vestige de l'ancienne plateforme de la ligne PLM qui reliait Lons à Champagnole.

Les petits ouvrages annexes, murs de soutènement, canaux d'évacuation des eaux pluviales, réservoirs ou passages sous rail, ont été dégagés de la friche et permettent déjà d'apprécier l'ampleur de la tâche effectuée à la fin du XIXe siècle pour rallier le premier plateau jurassien par le rail.

Cette ligne a été ouverte en 1891. Elle a servi au transport de voyageurs jusqu'en 1938, puis aux marchandises seulement, jusqu'en 1953, date de son déclassement. Elle a été déferrée en 1960, puis laissée à l'abandon.
C'est la Communauté de Communes du Bassin Lédonien qui s'est portée acquéreur de la quasi totalité (seul le dernier tunnel au débouché du plateau reste propriété privée) de la plateforme de l'ancienne voie, et s'est engagée dans la création d'une Voie Verte à l'usage des piétons et cyclistes.
En quelques kilomètres, nous atteindrons le rebord du plateau sans même nous rendre compte des 130 mètres de dénivelé : le tracé présente des rampes 23 à 25‰ . Soit, 23 à 25 mètres de dénivelé par kilomètre... négligeable pour nous, mais énorme pour un train !

Le premier ouvrage d'art que nous rencontrons est le petit viaduc de Vertancul, puis bientôt s'annonce le Grand Tunnel, ou Tunnel de la Diane...


<Tunnel de la Diane

Le tunnel de la Diane

Les tunnels, de découvertes en surprises...

Au fond de la petite reculée de Conliège, le ruisseau de la Diane prend sa source... à l'entrée du grand tunnel.

Une légende est attachée à cette source : "La tradition rapporte qu'un berger de Conliège trouva un jour une image de la Vierge dans une fissure de rocher, non loin de la source de la Diane, et qu'il la porta à l'église. Le lendemain, ne la voyant plus sur l'autel, il eut l'idée de l'aller chercher dans sa grotte, où elle était en effet retournée, et il la rapporta sur l'autel. Le jour suivant, nouvelle disparition de la madone. Le troisième jour, au lieu de regagner, comme les deux premières fois, son ancien asile, elle alla se fixer dans les rameaux d'un gros arbre, à l'extrémité de la rue Haute. [...] Une confrérie s'organisa en 1650 et érigea une petite chapelle à la place qu'occupait l'arbre favorisé, où l'on mit la statuette miraculeuse. De nombreux pélerins s'y rendent et obtiennent, dit-on, une infinité de grâces temporelles et spirituelles."
(Ch.Thuriet, 1892)

Long de 889 m, ce remarquable ouvrage s'amorce en courbe sur 250 mètres, puis une longue ligne droite de 400 mètres lui fait suite.  La voûte est encore noircie par les résidus de suie des locomotives à charbon.

Une rampe d'éclairage allumée grâce à un détecteur de présence, permet de cheminer tranquillement jusqu'au débouché, à Fontenaille.

Si la galerie est émaillée de refuges placés alternativement de part et d'autre des parois, à peu près au mitan de la ligne droite, il faut remarquer deux ouvertures se faisant face. La lampe frontale permettra de les explorer et de s'étonner de leur architecture particulière très soignée...

Au fond de chaque anti-chambre voûtée, un escalier aux marches en opposition est ménagé dans la paroi d'une cheminée. Celle-ci aboutit à une galerie qui se prolonge en direction de la voûte ogivale. Il était d'usage, dans les tunnels ferroviaires placés sur une ligne stratégique, de prévoir une chambre de destruction qui, garnie d'explosifs, aurait pu servir à détruire l'ouvrage par effondrement de sa voûte, en cas de nécessité... Une fois l'explosif en place, les anti-chambres devaient être murées et fermées par une porte métallique, afin d'accroître l'efficacité de la déflagration.

Au bout de la ligne droite, et après 150 mètres de courbe, on débouche sur l'ancien passage à niveau de Fontenaille (route Conliège-Publy). C'est là que la Voie Verte prend fin, du moins à ce jour... 

Là, il faut traverser tout droit, dans la continuité de la plateforme. Deux barrières en bois limitent de la voie l'accès aux piétons et cyclistes.

Cette portion a déjà été largement défrichée et sécurisée, dans l'attente de la prolongation de la Voie Verte. Le tunnel des Tilleuls (254 mètres) est déjà équipé des rampes d'éclairage, mais elles ne seront fonctionnelles que d'ici quelques mois... la lampe frontale s'avère donc maintenant plutôt utile !

Nous cheminons ensuite un moment dans une tranchée ouverte, à laquelle succède une tranchée couverte (90 mètres) aux parois brutes.

La vue s'élargit enfin sur un espace moins encaissé : un petit talweg, entaillant perpendiculairement le flanc de la reculée, a nécessité la construction d'un remblai important pour le passage de la voie. Et dans la combe, passant sous ce remblai, un petit tunnel piétonnier, une volée de 100 marches empruntée par le sentier qui permet de redescendre sur Conliège. Juste le temps d'un aller et retour curieux, et nous reprenons le cours de la voie PLM pour une longue ligne droite bordée d'un parapet. Sur cette portion, de nombreuses traverses sont encore en place, et les souches qui ponctuent le milieu de la voie témoignent encore de l'état d'abandon passé. Nous surplombons maintenant le village de Revigny.

A l'aplomb du promontoire de la Guillotine, le tracé transperce encore une fois la falaise avec deux tunnels consécutifs (247 et 127 mètres), dont le second est marqué par une singulière originalité :

D'emblée, la grande largeur de l'entrée du tunnel étonne... puis tout de suite la réponse nous est donnée par la présence d'un pilier de soutènement coupant la galerie en deux : à gauche, la voûte reprend sa largeur habituelle, tandis qu'à droite, c'est une galerie tronquée verticalement qui occupe le tiers restant... C'est par là que la voie devait initialement passer, mais le terrain de sortie se serait révélé trop instable, et le tracé a été rectifié plus près de la falaise en sortie. Cette "fausse" galerie et sa sortie sont accessibles par les fenêtres du pilier central ajouré...

Faisant immédiatement suite à ce tunnel bifide, le pont métallique dit "de la Guillotine" (74 mètres). Quelques dizaines de mètres plus loin, on aperçoit déjà le dernier tunnel accessible de notre périple "ferroviaire", une galerie ajourée d'une quarantaine de mètres au bout de laquelle la dernière ligne droite au dessus de la reculée de Revigny nous offre une belle échappée sur la falaise feuilletée du "Creux".

Notre ascension se termine par le contournement de la galerie du Faîte, seul élément de la plateforme PLM non accessible (propriété privée). 


Croix de Charnay

La croix de Charnay

De belvédère en belvédère

Une fois sur le plateau, nous allons regagner Conliège par les hauteurs de la reculée... quoique le sentier nous réservera la surprise d'une redescente au niveau du garde-barrière de Fontenaille !

Il est aisément possible de faire le crochet par le belvédère de la Guillotine, mais une fois sur la petite route nous avons gardé le cap en direction du belvédère des Tilleuls.

Le sous-bois nous gratifie de quelques clichés d'automne : châtaignes et amanites fausse-oronge en petite colonie, une fourmilière de belle taille... Puis du promontoire où trônent quelques beaux tilleuls multi-centenaires, et malgré un léger voile de brume, nous avons face à nous une vue sur la chapelle de l'Ermitage et plus loin sur le bassin lédonnien. 

Le sentier redescend ensuite légèrement... Enfin, un peu plus, même, puisque nous nous retrouvons juste au-dessus de la fontaine du passage à niveau de Fontenaille !

Il faut donc remonter la côte par un chemin confortable qui débouche sur le plateau au niveau d'une croix ancienne monumentale.

Un petit crochet par le belvédère de Fontenaille nous ouvre un peu plus d'horizon que celui des Tilleuls.

Il nous faut revenir sur nos pas pour trouver, un peu en-dessous de la croix, le sentier de crête (cairns) qui nous conduira à une deuxième croix, plus grande que la première : la croix de Charnay. De là, on a une belle vue sur Conliège, légèrement masquée par les taillis trop hauts. 

Une troisième croix existe, mais tombée de son assise initiale, elle repose sous la barre rocheuse qu'elle dominait.
On dit que chacune des trois, visibles depuis la place de l'église (à une époque où la forêt était moins présente qu'aujourd'hui), étaient placées en fonction des solstices et de l'equinoxe.

Pour faire le tour de la petite reculée de Conliège, il faut passer par le sentier des Chamois, assez récemment tracé semble-t-il, et assez peu fréquenté. Un peu de vigilence est de rigueur sur cette sente souvent en dévers au nom si évocateur...

Le belvédère qui s'y rapporte se trouve juste au fond de la reculée et offre une vue plongeante sur la bourgade. Une centaine de mètres plus loin, on rejoint presque le niveau de la petite route de Coldre, puis le sentier longe le bas des rochers que l'on apercevait depuis l'autre versant.


L'Ermitage

L'Ermitage

Retour par l'Ermitage

Le sentier des Chamois, bien plus confortable en sa deuxième partie, nous promène au ras des rochers. L'un d'eux plus débordant que les autres semble s'être détaché de la falaise, créant un passage sur sa face arrière. Une statuette se niche dans la faille, donnant son appellation à la Roche à la Vierge.

Puis au détour d'un autre rocher, une source est recueillie dans un bassin de pierres plates : c'est la fontaine à l'Ermite.

Bientôt, c'est l'Ermitage qui se profile à contre-jour. On tombe vite sous le charme de ce lieu un peu magique, baigné par les reflets d'une fin de journée automnale.

Le premier écrit le mentionnant date de 1595. En 1605, Claude Robin, capitaine du château de Binans, près de Publy, sur la Côte de l'Heute, fit ériger la chapelle à côté de la grotte de l'ermitage afin de remercier l'ermite pour ses services ecclésiastiques. Le site fut occupé jusqu'à la Révolution, puis d'être abandonnée puis de tomber en ruines. Durant cette période, les ermites habitant les lieux avaient également un rôle d'alerte pour prévenir d'éventuels incendies dans le village de Conliège. Entre 1936 et 1848, il fut reconstruit par un ermite, Joseph Elie SIMONIN, qui l'occupa à la demande de la commune de Conliège, puis de nouveau laissé à l'abandon jusqu'en 1927. A cette date, il fut vendu par la commune à la famille Prost de Lons-le-Saunier, qui l'empoya comme résidence secondaire jusqu'à un passé récent, avant de l'abandonner à nouveau. Depuis 1996 propriété d'une association, l'ermitage est sauvé de la ruine. Classé Monument Historique le 29 juillet 1998.

En contre-bas, Conliège, que l'on rejoint rapidement par le sentier qui aboutit sur l'esplanade de la gare. De là, on redescend par le même chemin jusqu'à la bifurcation aux abords de la rue du Four,  mais cette fois, en empruntant le chemin de droite qui nous ramène directement au parking...

Participants

Martine, Karine, Gene

Commentaires :  Très riche randonnée patrimoniale, particulièrement appréciée...


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