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Le passé compliqué

Publié le 22 octobre 2009 par [email protected]

En surfant sur Facebook, j’ai découvert ce merveilleux paradoxe du « passé simple compliqué » (en réalité un oxymoron par « syntagme polysémique ») sous la plume de Sadjoy San. Avec l’accord amical de l’intéressée, je ne peux résister à la tentation de le reproduire ici, avec toute sa saveur :

Bescherelle
Un classique de la conjugaison, revu et adroitement compliqué par Sadjoy San !

« C’est si simple de compliker le passé,
si compliké de vivre le présent simplement…
Voilà un temps "le passé-simple" on ne peut plus compliké à conjuguer pour finalement n’être que rarement utilisé pour ne pas dire jamais.
Qui a bien pu lui attribuer cette appellation ?!
1ère difficulté : identifier le groupe du verbe utilisé – car oui les terminaisons diffèrent, sans parler des verbes irréguliers, une vraie plaie (!) – pour éviter les improvisations du style :
il tendut
nous poutûmes
vous chantîtes
nous réfléchissames, non -chissimes
elles parlirent
nous limes
il metta, metti, mettu !?!
… au demeurant assez drôle quand c’est un enfant qui marche sur des œufs en pleine phase d’apprentissage, mais beaucoup plus inconfortable en conseil d’administration pour limoger un boss qui s’est essayé au saut en parachute !
Autre difficulté, dompter les auxiliaires :
jus, tuhu, ilouelle-U, nous z’humes, vous zut, ils eurent !
Le passé-simple est donc un temps du passé qui sert à la narration.
Exemple : hier nous sortîmes en boite avec mes potes et nous nous mirent la race, en d’autres mots nous bûmes beaucoup trop et dégueulâmes sur la chaussée.
Cette même phrase prononcée en pleine "mise de race" donnerait : hier nous sortames en boite avec mes potes et nous nous murent la race, en d’autres mots nous bimes beaucoup trop et dégueulûmes sur la chaussée.
Moi j’dis ça complike les fraz, les rapports humains alors que le présent est idéal pour raconter une histoire à l’écrit, et à l’oral le passé-composé supplante son pote pas si simple à maîtriser et suffit largement à raconter une nuit de débauche !
Interrogation flash éclair immédiate surpriz ; mettre au passé-simple cette fraz :
Bonjour je m’appelle Elodie – kom Mélodie sans le M, et j’ai 9 ans (pour rire !). Chaque jour, je pars à la gare et prends le train pour Paris rue St Maur, ce lieu si vivant.
Bonjour, je m’appelai Elodie – kom Mélodie sans le M, et j’eus 9 ans (pour rire !). Chaque jour, je partis à la gare et pris le train pour Paris, rue St Maur, ce lieu si vivant.

Conclusion, c’est moche et ça veut rien dire !
Ou encore… l’autre soir je sortai du bural et fis la connaissance d’une top de meuf. Nous nous plumes (d’oiseau ?) sur le champs (enfin immédiatement ) alors nous fuckâmes à même le sol (pas dans le champs) ! Ooops !
Totalement improbable !!! L’utilisation de ce temps j’veux dire ;-) le reste…
Et puis tous ces accents à rajouter sur les "i", les "a" les "u", kom si on n’avait pas assez de mettre les points sur les "i"… Perso j’les préfère sur ma tête, les chapeaux !

Sérieusement, essayez SANS TRICHER de conjuguer ces verbes là au passé-simple :
Je (peindre)
Tu (descendre)
Tu (geindre)
Il (se plaindre)
Elle (mentir)
Nous (salir)
Vous (lire)
Nous (craindre)
Vous (vouloir)
Ils (valoir)
Elles (coudre)

Question : pourquoi le passé-simple résiste à la criz ?
Allez soyons fair-play, gardons le passé-simple pour la poésie, les actions révolues, les exploits du passé, les romans du XVIIIe siècle… et cessons d’abîmer nos oreilles par si peu de maîtrise d’un temps pas si simple.
Et soyons réalistes, nos enfants vivent surtout au présent, accessoirement au conditionnel – kan je serais grand(e), je serais Président(e) de la Raie Publique o’pays des Fesses de boucs… et nous, leurs parents avons beaucoup à faire avec le futur avant de n’être acculés au registre des regrets, contraints d’utiliser un autre temps qui impose des concordances souvent malheureuses… si j’avais su, j’aurais pas v’nu(e) ! » [Sadjoy San]


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