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les chutes

Par Clarinette
les chutes Un livre qu'il m'a fallu apprivoiser et que j'ai lu lentement et par petites doses, mais qui est loin de m'avoir laissée indifférente.
L'hisoire commence dans les années cinquante et se termine à la fin des années soixante-dix. Ariah, le personnage central, est orgueilleuse et hautaine, parfois arrogante, parfois terrifiée, pas sympathique mais fascinante. Devenue veuve le lendemain même de ses noces, parce que son mari s'est jeté dans les chutes du Niagara, elle est persuadée d'être poursuivie par une malédiction. Ariah est difficile à cerner, souvent dans le déni, on ne comprend pas toujours ses motivations. Elle fait parfois preuve d'une obstination impressionnante lorsqu'il s'agit de ne pas voir la réalité en face.
Le passage sur les dégâts de la pollution dûe à l'industrialisation effrénée sur les abords du Niagara dans les années soixante et sur la tentative desespérée de Dirk Burnaby, le deuxième époux d'Ariah,  d'en défendre les victimes est passionnant.
Puis on voit les dégats des non-dits d'Ariah sur ses enfants : leurs interrogations sur leur père décédé, leurs hésitations et les erreurs où cela va les mener. Mais ils continuent pourtant à porter à leur mère un attachement viscéral.
Et enfin, il y a les Chutes, elles-mêmes, qui m'ont fait l'effet d'être un personnage à part entière. Une sorte de monstre gigantesque que l'on entend gronder tout au long du roman et dont la force d'attraction est irrésistible.
Le style de Joyce Carol Oates dont c'est le premier livre que je lis est à l'image de ses personnages : plein de doutes, de tergiversations et de contradictions et toujours en mouvement. Ca m'a perturbée au début, mais je me suis rendu compte peu à peu que c'était ce qui faisait la force et le charme de ce roman bouillonnant, dense et riche en surprises.

extrait : "Pendant sept jours et sept nuits, elle veilla.
Pendant sept jours et sept nuits, on vit la Veuve blanche au bord des gorges du Niagara, sur Goat Island ou sur les rives du fleuve ; elle se joignit aux équipes de secours qui cherchaient le "disparu" et accompagna une équipe de garde-côtes dans sa patrouille en aval, au-delà de Lewiston et Youngstown, jusqu'au lac Ontario. Dans l'embarcation, Ariah Erskine etait la seule femme, et sa présence mettait les hommes mal à l'aise. Fiévreuse, dans un état second, elle fixait de ses yeux rougis les vagues clapoteuses, onduleuses, comme si, à tout instant, le corps d'un homme pouvait apparaître et mettre un terme à sa quête. D'une voix basse, rauque, elle répétait à qui voulait bien écouter : "Je suis la femme de Gilber Erskine et, si je suis devenu sa veuve, il faut que je sois présente lorsqu'on le retrouvera. Je dois m'occuper de mon mari." Les officiers du garde-côte échangeaient des regards peinés, ils savaient à quoi ressemblait le cadavre d'un homme tombé dans les chutes."


les chutes les chutes les chutes Les chutes, Joyce Carol Oates, Points, 552p.

lu aussi par : Caroline, La Conteuse, Agapanthe, Solsol, Choupynette


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