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de la responsabilité des écologistes en général et des Verts en particulier

Publié le 25 octobre 2009 par Soseki

Les élections régionales se profilent vite à l’horizon. Avant même d’en aborder les enjeux, les médias nous abreuvent des choix électoraux des écologistes. « Europe Ecologie » veut continuer l’aventure sous les vents des dernières élections européennes. Les Verts, consubstantiels, veulent transformer l’essai pour remplacer les socialistes dans la domination à gauche.

Il est un fait que la problématique écologiste est devenue prégnante pour les Français. La rareté de l’eau, les ressources fossiles s’amenuisant, certaines ressources halieutiques en périls, la non gestion des déchets, la dissémination des toxiques dans notre environnement quotidien et notamment dans notre alimentation, etc. Il est impossible de nier la réalité préoccupante de l’état de notre planète. Les nouvelles générations sont d’ailleurs plus volontaires pour une politique s’attaquant aux pollutions et gestions des ressources.

Que ce soit les écologistes s’introduisant dans le monde politique, les scientifiques interpellant nos consciences, et cette prise de conscience citoyenne, il est difficile de dire qui a permis que l’écologie devienne ce sujet politique majeur.
Ce sujet est un fait.
Les Verts, grâce au bon score des dernières élections européennes, veulent bousculer les élections régionales en se présentant seuls, pensant transformer le score de Daniel Cohn-Bendit.
Si le sujet écologique est légitime, les Verts le sont-ils à le préempter, à vouloir s’affirmer comme la force dominante de la gauche ?

La surface électorale
Le score de DCB est-il forcément reconduisible ? Les Verts oublient que les seules fois où ils ont pu dépasser les 5 % des voix, ce fut lors de ces élections européennes, et dix ans plus tôt pour les mêmes élections, et encore une fois par un DCB tête de liste…
Les Verts oublient qu’à chaque élection présidentielle, le score de leurs candidats est en-deçà des 5 %, l’élection de rares députés et sénateurs se fait sous le parapluie du Parti Socialiste, idem pour les élus régionaux et cantonaux.
Il paraît quelque peu présomptueux de baser sur un seul résultat, conduit par une personne atypique (DCB) et n’appartenant pas à leur parti, de telles ambitions, et qu’il suffise à légitimer une domination électorale.
D’autant plus que ce DCB les incite, le plus souvent de façon « forte », à se dépasser, à ne pas se limiter à n’être que « Verts » mais s’ouvrir aux autres formations. Or, Cécile Duflot, nouvelle égérie Verte, considère que son parti est de gauche, dans une logique d’alliance de gauche avec notamment les communistes :
« Ma conviction, c’est que l’écologie, c’est la gauche du XXIe siècle. C’est là où se trouve le projet de transformation sociale qui lutte contre les inégalités. »
« Il est hors de question d’effectuer un renversement d’alliance et d’échanger le PCF contre le MoDem. »
Bref, logique ancienne, voire archaïque, de l’alliance avec les communistes. Contradiction d’avec l’idée écologique puisque ces mêmes communistes sont productivistes et peu soucieux d’un idéal de liberté.
Contradiction d’avec l’objectif d’être le parti dominant de la gauche, en se cachant malgré tout sous la protection du PS.
D’ailleurs, ce doit être particulièrement désagréable pour un socialiste de devoir s’allier avec un partenaire qui n’a pour objectif officiel et clairement affiché que de « lui faire la peau », de lui « prendre ses biscuits », de s’immiscer dans son nid, tout en lui demandant de le protéger pour avoir des élus…
Contradiction d’avec celui, DCB, qui seul capable de les faire aller au-delà des 5 %, c.à.d. leur permettant de ne pas être enfermé dans une image de groupuscule de gauchistes adulescent, les intime à s’ouvrir au MoDem. On ressent chez ses Verts, dès l’absence de ce DCB, de vieux relents d’une gauche démago et vindicative qui est, justement, rejetée par les électeurs massivement depuis plus de 10 ans…
Quand on se cantonne à être de « gauche », totem d’orientation géopolitique, alors on se drape de la paresse du sectarisme.

Le bilan des Verts à la tête des régions
Revenons un peu d’ailleurs à leurs élus régionaux. Depuis les dernières élections régionales, ceux-ci ont participé à la direction de nos régions : quel en est le bilan ?
A-t-on pu constater un progrès écologique des régions ? Est-ce que les élus Verts ont prouvé leur efficacité ?
La collectivité territoriale qu’est la région est le cadre prédominant de la question économique, des enjeux territoriaux. Avez-vous constaté une quelconque efficience Verte ?
Il est incroyable de voir l’écart entre le discours écologique des Verts lors des campagnes électorales, et la réalité de leur exercice du pouvoir. Nulle part il ne nous est permis de voir en eux une réalité politique imposant « légitimité » et « compétence ». Leur mandat à la direction des régions était justement le moment idoine de nous prouver le contraire. A l’heure des élections, justement régionales, ce bilan leur sera demandé, il devra être justifié…
Cet écart entre le discours et l’action politique des Verts explique les rodomontades de DCB à leur endroit. Et pourtant, on a l’impression que ce résultat des dernières européennes les a « grisé », les Verts n’écoutent plus leur mentor, leurs listes doivent être Vertes et non « Europe Ecologie », il faut revenir aux pratiques anciennes des Verts et oublier la geste de Cohn-Bendit. Ce résultat européen est leur et non sien : c’est justement un leurre…
Vouloir mener leur liste de façon indépendante, et donc concurrente, de ceux avec qui ils ont dirigé les régions, laisse dubitatif quant à leur « honorabilité » démocratique… N’est-il pas incroyable de ne pas vouloir partager un bilan dont ils sont auteurs, coresponsables ? Est-ce là leur sens des responsabilités ?
Il est à craindre pour les Verts que le verbe ne suffise plus, et leur ingratitude systématique à l’endroit de DCB ne le lasse.

La légitimité écologique
Puisque le discours des Verts est étranger à leur pratique de la politique, l’on peut s’interroger sur leur légitimité politique. Est-ce que les Verts sont les seuls à pouvoir incarner la parole écologique ?
En politique, il ne suffit pas de constater, il faut aussi incarner l’espoir, est-ce que la parole Verte est une parole d’espoir ?
Or, la politique écologique se retrouve bien hors des Verts. Cap 21 œuvre sur la question depuis longtemps, avec Corinne Lepage. Celle-ci surprend d’ailleurs ces derniers temps par ses critiques contre le MoDem et son rapprochement d’avec les Verts, au moment où ceux-ci, justement, devront s’expliquer sur leur action politique à la tête des régions… J’aimerais comprendre cette député européenne du Mouvement Démocrate qui semble prendre ses distances, qui avait créé Cap 21, dont je vois les membres œuvrer en parfaite harmonie avec leurs autres amis MoDem, et qui s’apprêtent à jouer leur nécessaire rôle pour ces élections régionales. Corinne Lepage dit vouloir être une passerelle entre Europe Ecologie et le MoDem (Le Monde du 24/10) ? Pourquoi pas. Mais si j’aperçois une entrée MoDem, je ne perçois rien du côté Europe Ecologie : les Verts ont fermé la porte !
D’ailleurs, si des personnalités aussi emblématiques de la pensée écologique, telles que Jean-Luc Benhamias ou Yann Werhling, ont quitté les Verts, dont ils furent Secrétaires Généraux, n’est-ce pas du fait du fonctionnement des Verts, ou plutôt dysfonctionnement ? Leur départ pour une autre formation, en l’occurrence le MoDem, n’indique t-il pas que le parti des Verts réduit la parole écologique à des impératifs de « gôche » ?
Il y a aussi le MEI, ou encore Génération Ecologie. Ces deux petites formations ont un discours écologique premier, au sens où le positionnement politique (gauche/droite/centre) passe après une politique écologique. Il y a chez eux, à mon avis, une honnêteté, une cohérence, qu’on aimerait retrouver chez les Verts. Or, ces écologistes, qui se coordonnent dans l’AEI (Alliance Ecologique Indépendante), ont bien des choses à nous dire. D’abord sur une politique écologique crédible et maîtrisée. Mais aussi sur les pratiques des Verts…
Lors des dernières élections européennes, ceux-ci devaient s’allier ensemble. Grâce à la dynamique produite par DCB, les Verts ont préféré se garder le gâteau électoral pour eux seuls, sachant qu’ils étaient déjà obligés de partager avec des personnalités extérieures. Trois semaines avant le scrutin, les Verts se sont débarrassés de leurs alliés. Ceux-ci ont alors décidé de se présenter, seuls. Résultat : 3,5 % des voix… (pas loin du facteur qui profitait d’une forte médiatisation). Se lancer dans une élection pareil à trois semaines du scrutin, avec un manque cruel de personnalités, sans couverture médiatique et malgré tout décrocher ce score, même faible, prouve un fond de notoriété réel.
Cela prouve bien que les Verts ne peuvent prétendre être LA parole écologique…

MoDem et Verts : la cannibalisation électorale
Si les Verts ne peuvent prétendre être LA représentation légitime pour parler au nom des écologistes, parce qu’ils ne sont pas seuls (Cap 21, AEI), parce qu’il leur faudra s’expliquer sur leur bilan écologique (transports, gestion des ressources, enjeux territoriaux, etc.) à la tête des régions, il est un autre écueil : leur sociologie électorale. Ecueil que partage d’ailleurs le MoDem.
En effet, ces formations partagent la même « plate-forme » : vote jeune (un peu plus 30-50 ans pour le MoDem, 18-30 ans pour les Verts), urbain, CSP similaires (forts chez les cadres et professions intellectuelles, professions intermédiaires, conséquents chez les employés et professions libérales, influence chez les ouvriers). L’on pourrait dire qu’associés, MoDem et Verts ont un socle électoral puissant et cohérent. Mais dissociés, concurrents – puisque les Verts, à l’inverse de DCB, sont d’abord de gauche et préfèrent s’allier aux communistes – les deux formations se cannibalisent. Leur électorat fluctue donc, selon les élections, entre les deux. Aux présidentielles il y a une préférence MoDem avec F. Bayrou, une répartition selon les personnalités aux législatives, aux Européennes ce sont les Verts qui ont été plus attractifs.
Toutefois, concurrents, ces deux formations réduisent leur impact en se cannibalisant. Or, l’empreinte écologique au MoDem est devenue fondamentale, au sens où elle est un des fondements de ce mouvement. Si ce dernier parvient en son sein, ou avec d’autres, comme l’AEI, à légitimer sa parole écologique, alors l’espace Verts risque de se réduire fortement. Les Verts, malgré les imprécations de DCB se limitent à leur créneau « gauche », s’alimentent grâce au PS tout en siphonnant ce dernier…

« Il ne faut pas se tromper d’élection », maxime que chaque parti devrait bien avoir en tête. Le MoDem en a payé les frais lors des dernières Européennes… Il est fort possible que ce soit au tour des Verts de l’apprendre à leurs dépends.
Se limiter à la gauche, rejeter le MoDem, ne pas écouter celui (DCB) qui leur permet d’être entendus, avoir à assumer le bilan plus que médiocre de la direction des régions, se présenter contre leur partenaires à la tête de ces mêmes régions, sociologie électorale partagée avec un MoDem rejeté… Voilà bien des écueils que les Verts devront assumer…
Aussi, il n’est pas extraordinaire de se poser la question de la légitimité des Verts à incarner la parole écologique. Or, cette parole est nécessaire dans les enjeux pour l’avenir de nos sociétés, il s’agit là de la responsabilité des écologistes : à qui accorder l’incarnation de la parole écologique pour assumer la direction politique, par exemple de nos régions, et donc permettre l’espoir ?


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